AVANT LA COURSE
Il y a un an, je m'étais endormi fin août sur une belle TDS et réveillé début octobre, trop tard pour les Templiers. Denis, bien entraîné, était trop fort pour moi. Dès novembre, je m'étais entraîné fort. Décembre et janvier furent pas mal avec en point d'orgue un Raid 28, non prévu mais avec de très bonnes jambes.
Une petite mise au point au Grand Raid 73 me rassurait un peu. Puis après cet UTMB tronqué, je ne lâchais rien. Six semaines de séances régulières plus courtes, plus rapides. Preuve de ma motivation, je restais en retrait lors de sorties collectives en forêt où je restais avec Sophie ou à Foucarville où je restais avec Henri. De peur de ne pas être au niveau de Denis ? Peut-être.
A Millau, je savais qu'il me fallait ne pas être loin de Denis au km47, à La Roque, le début de la portion hyper-hard ! S'il était trop loin, comme en 2009, impossible de gommer mon retard !
MILLAU / PEYRELEAU
Dès la sortie de ville, Denis attaque dans la foulée de Dominique en doublant le peloton sur le bas-côté gauche. Tiens, comme en 2009. Mauvais présage ? Surtout que je ne les vois plus assez rapidement.
Mais j'ai un bon rythme, je ne m'affole pas. Et au bout d'un quart d'heure, j'aperçois Denis devant à 50 mètres. Peu après, à la faveur d'un petit bouchon, je reviens à 10 mètres. Je suis bien et je sais que le premier raidard est là. J'en profite pour revenir à son niveau et je décide d'enchaîner en accélérant dans la bosse. Je soufflerai plus haut. Et je double, double, irraisonnablement. Il ne doit plus me voir, je continue et je vois Dominique juste devant.
Je ralentis et souffle 5 minutes avant de le rejoindre. Il paraît un peu surpris. "Denis est juste derrière". Et on monte ensemble. En haut, il me dit "On y va". Je ne le reverrai pas. Il part assez vite tandis que je prends conscience que la course commence vraiment. Il me faut bien gérer les 60 bornes restantes !
Sur le plateau, ça roule, un peu vite peut-être mais je sais que plus tard dans les bosses, tout le monde ira moins vite et que Denis aura moins l'occasion de revenir. Un premier gros grain donne le ton de la journée. Sans ralentir, j'enfile mon poncho à 6 €. Une réussite cette tenue, j'y suis au sec et au chaud. Je vais passer la journée à l'enfiler et l'enlever pour le mettre à ma ceinture au rythme des averses, sans souci.
La descente sur Peyreleau file vite et je suis content d'arriver au ravito. "Oh là là" je vois sur mes bâtons que je suis sur les bases de 9h45 ! Trop vite. C'est pas grave, je suis devant.
Je retrouve Joël, les enfants et Danye mais je ne m'attarde pas, une minute maxi. J'ai de l'eau dans le camel jusqu'au km37. Au final, je ne totaliserai pas plus de 10 minutes d'arrêt. "Je ne veux pas revoir Denis !"
PEYRELEAU / SAINT ANDRE DE VEZINES
La montée sur Saint-André me permet de souffler car on est en file indienne. Dès que je peux, je double quand même, toujours concentré sur une avancée optimale. Relancer dès que possible, ne pas m'endormir, ne pas revoir Denis, ne pas lâcher la pression comme en 98 à Montsalvy où l'on m'avait annoncé un PhilD en perdition, PhilD qui m'avait doublé comme une bombe sur la fin.
Premier souci quand une racine me surprend. Petit vol plané sans mal.
A Saint-André de Vézines, je ne vois pas les accompagnateurs. Je fais le plein et en 2 minutes, je repars. En marchant tonique pour grignoter un peu. J'appelle Danye. "Denis était à 8 minutes de toi à Peyreleau." C'est toujours ça de pris.
SAINT ANDRE DE VEZINES / LA ROQUE SAINTE MARGUERITE
2ème grain, le poncho quitte ma ceinture et m'abrite. Impeccable quand je vois tous ces gars s'arrêter pour se changer. Pas le temps pour moi.
Longue partie superbe avant La Roque et comme tout au long de la course, je force sur les bâtons dans les bosses pour respirer sur le plat et en descente. Je fais un bout de route avec un gars sympa que je suis depuis 15 bornes. Lui veut rattraper un copain. On est aussi motivé l'un que l'autre. À La Roque Sainte-Marguerite, je retrouve Danye. "Dominique vient de repartir. " "Et Denis à Saint-André ?" "On l'a vu mais comme tu étais passé, on ne connaît pas l'écart, au moins 5 minutes." Ouf, encore au moins 5 minutes d'avance. Ne pas lâcher surtout que j'entame la partie hard, les 17 km et 1100 m+ avant Massebiau. C'est pour moi. Si je passe correctement, il ne me reprend pas.
LA ROQUE SAINTE MARGUERITE / MASSEBIAU
Je commence à voir des gars, pas brillants, au bord du chemin. Je continue, bien fort sur les bâtons. Seul souci dans la montée la plus raide, on s'arrête au moins 10 fois en attendant que devant ça avance. Sympas les monotraces. Quelques coups d'oeil en dessous. Pas de Denis ! Où est-il ? Ces ralentissements m'ont fait du bien car je sens une première lassitude.
Après 2, 3 ravins descendus puis remontés, arrive la portion plate d'au moins 4 bornes avant la descente sur Massebiau. ça va, je cours. Pas très vite mais souvent. Je ne double pas mais rares sont ceux qui me passent. Depuis deux bornes, je suis avec une fille qui a la foulée aérienne de Sophie. "Tu voles !" "Oui, c'est mieux qu'en 2009 où je marchais sur le plateau avant Cantobre." "Toi aussi". Et l'on s'aperçoit qu'elle a fini 4 minutes devant moi l'an dernier et s'est plus entraînée cette année. Tiens, je connais ce scénario. Mais voilà, faire la causette avec une jolie coureuse me fait perdre ma concentration et vlan, 2ème vol plané. Plus long, plus haut, plus dur ! Je repars difficilement, mal aux côtés,à la cuisse, aux mains. Mais je repars. Ouf !
Arrive la descente patinoire terrible sur Massebiau. Qu'est-ce que je n'aime pas ça la boue en descente où tu ne maîtrise rien ! Je fais quelques passages sur les fesses, double la blondinette et me voilà au ravito !
MASSEBIAU / MILLAU
Un litre d'eau, quelques délicieuses tartines pain d'épices / roquefort et j'ai envie de m'asseoir. Non, non, je repars. Je n'ai qu'à avancer moins vite mais il faut avancer. A la sortie du village, Danye, sous la pluie. "Denis était à une demi-heure à La Roque, très fatigué !" ça sent bon. Mais je continue car je crains la dernière descente. Je relâche un peu dans l'ultime montée, pas forcément volontairement car j'ai moins de jambes. Cool, respire. c'est beau les Causses sous la pluie ! Me voilà à l'antenne et finalement la descente du Hibou se fera à bonne vitesse, pas toujours contrôlée.
Les derniers hectomètres en ville sont longs. J'ai horreur de ces plats interminables qui finissent les courses. Mais quel bonheur ! Je m'arrête enlever le poncho malgré la pluie, pour la photo d'arrivée. Un spectateur me voit faire. "Ne craque pas maintenant. Finis en courant." Je lui souris. Bien sûr que je vais finir en courant, avec au coeur le plaisir d'avoir réalisé une course presque parfaite. Dominique m'attend pour m'embrasser sur la ligne.
11h09' malgré les conditions et devant Denis. Mission accomplie.
ça, c'est fait, place aux c.o. de l'hiver !
Deux Maratouristes heureux, un parce qu'il a pu finir, l'autre parce qu'il a pu finir ... devant Denis
n.d.l.r.
A Peyreleau (km23), Philippe avait 8 minutes d'avance.
A Saint-André (km37), 18'38 d'avance.
A La Roque Ste-Marguerite (km47) 26'49.
Puis Denis, fatigué, a eu du mal à finir. Il était à 1h03'28 à Massebiau (km64) et à 1h15'47 à l'arrivée.
A Peyreleau (km23), Philippe avait 8 minutes d'avance.
A Saint-André (km37), 18'38 d'avance.
A La Roque Ste-Marguerite (km47) 26'49.
Puis Denis, fatigué, a eu du mal à finir. Il était à 1h03'28 à Massebiau (km64) et à 1h15'47 à l'arrivée.
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