. X-Alpine Verbier
Trail des Cabornis, Ultra montée du Salève, Grand Raid 73, après ces trois belles épreuves de 5 à 15 heures d'effort au printemps, place à cet ultra suisse. 111 km et 8600 m+. Un sacré défi.
Dans la semaine qui précède la course, le menu est ramené à 105 km et 7300 m+, météo oblige. Cela ne change rien, la course demeure un beau challenge. La confiance est là, j'ai envie et les jambes tournent bien. De plus, la météo prévoit une amélioration du temps dès vendredi. J'imagine donc passer Champex, La Fouly et même l'arrivée sous le soleil.
En fait, le beau temps aura 48 heures de retard, assez pour gâcher la fête. Dès le vendredi, arrivée au Verbier sous une belle couche de nuages. Il fait frais à 16 heures, 15° avec un petit vent. Au retrait des dossards, on apprend que le départ est reculé à 5 heures du matin. Comme je devais partir à une heure, je ne pensais pas dormir et je n'avais réservé qu'une chambre pour une personne pour Danye et tout est complet ou hors de prix à Verbier. Heureusement, il y a deux lits dans la chambre de Danye. Et la sympathique hôtelière veut bien me préparer un petit dej´ très matinal. Ouf ! le week-end débute bien.
Départ samedi matin. 8° sous les nuages. Moins de 360 coureurs sur les 419 inscrits. Peur de la pluie ? Je pars en tee-shirt avec gilet sans manche et manchon de cycliste.
Première montée de 330 m+ à la queue leu leu. Des coureurs trouvent que ça ressemble au début de Sierre-Zinal. C'est vrai et j'aimerais bien retourner faire cette classique déjà courue 5 fois.
Je sais que la course sera longue, je vise entre 30 et 34 heures. Donc pas question de doubler. La longue descente, glissante, qui suit (700 m-) se passe tranquillement. Je me fais doubler par des fusées malgré le terrain est vraiment très glissant. Je passe quelques escargots qui descendent moins bien que moi, et oui il y en a. Arrive, après une portion roulante de 2 bornes en fond de vallée (la dernière de la course selon les organisateurs!) le premier ravito de Sembrancher, moins de 12 bornes en 1h52, ça va bien.
ravito de Sembrancher
J'entame cool la première partie de la longue montée vers le refuge d'Orny (2400 m+). Première étape à Champex que j'ai hâte de revoir après y être passé à l'UTMB, à la CCC et plein de fois en rando.
Alternance de passages raides, de faux plats et de courtes portions roulantes où je cours un peu pour me détendre les jambes.
un petit hameau suisse comme on les aime
cool cette portion herbeuse et ... plate
Champex arrive vite (km20, 1200 m+ depuis le départ, 3h28). Mais je suis déçu, on ne voit rien, il fait froid, il y a des nuages, du vent et ça bruine. Je marche le long du lac, photo avec les pêcheurs et le ravito.
pas chaud le lac, 12° dehors !
Je mange bien, je fais le plein mais avec les courants d'air, je me refroidis. Hop, j'enfile le coupe-vent par-dessus le gilet et les manchons. La casquette pour ne pas mouiller les lunettes car la bruine s'intensifie. Je repars vers la cabane d'Orny, refuge perché au milieu des glaciers. Un chemin original pour rejoindre La Fouly. Longue montée en lacets dans les sapins puis les azalées.
ça monte, ça monte dans les sapins
La pluie s'arrête, je glisse la casquette dans mon coupe-vent. J'ai chaud. Je m'arrête pour enlever le coupe-vent. Je repars et la pluie revient. M... Où est la casquette ? Tombée en enlevant le coupe-vent. La tuile car sans elle, les lunettes mouillées par la pluie, je ne vois rien. (Tu te rappelles l'Euskal trail JP ?) Il faut aller la chercher. Je commence à descendre et le deuxième gars que je croise me la tend. Ouf! Il l'avait ramassée. Quel bol ! Ça s'annonce vraiment bien ce week-end.
là on est dans les nuages
le ciel le plus ensoleillé des 15 heures de course...
le refuge approche la neige est là
ça monte encore
on entend les encouragements, le refuge est là-haut plus très loin
ça y est, le refuge est là
La montée se fait ensuite sous la bruine. Longue et régulière. Voilà enfin le refuge à plus de 2800 m d'altitude (1400 m+ depuis Champex). Il y fait bon, soupe, pain, fromage.
la descente commence
la vallée arrive, bientôt La Fouly
le croisement au début de la crête de Saleinaz, souvenirs
c'est de là qu'on arrive d'habitude de La Fouly. C,'est par là que je vais partir aujourd'hui
Je me couvre pour entamer la descente vers Saleinaz (1700 m-). Quelques gars me passent le temps que je prenne le rythme puis ça va, je double même quelques coureurs qui éprouvent le besoin de souffler. Rapidement, j'ai besoin de me découvrir, il ne pleut plus et il fait meilleur.
passage bien connu de l'UTMB avec les chaînes
Un coup de fil à Danye, elle m'attend à La Fouly. Sympa de remonter de Saleinaz à La Fouly, cette crête de Saleinaz, la Pierre au renard, la dalle de l'Amône où l'on s'amusait à appeler l'écho en randonnée. Je reconnais tout, je revois plein de souvenirs, en courant, en marchant. Nostalgie.
La Fouly
A La Fouly, la météo est clémente. Mais le ravito est sous tente. Pour ma CCC 2008, on était dehors, il faisait meilleur. Bon ravito, je fais le plein et raconte ma journée à Danye. J'ai déjà fait 42,5 km, un bon marathon et plus de 3100 m+. Mais ça va. Je suis confiant. Je donne rendez-vous à Danye demain matin à Verbier. Avec la nuit qui tombe et la pluie, je préfère qu'elle ne monte pas le Grand Saint Bernard où je ne serai que vers 20 heures. 3 heures de montée et je bascule sur le Gd St Bernard. Je repars pour onze bornes et 1300 m+. Coup de fil au webmaster du week-end. Merci à lui. Il voit ou plutôt entend que je vais bien.
Image originale: La Fouly vue d'en-haut
On arrive au-dessus de Ferret
dans les nuages, on voit (???) La Peule et en-haut à gauche, dans les nuages le Grand Col Ferret. Il pleut fort.
les vaches suisses sortent prendre l'air et ...l'eau
Un quart d'heure plus tard, la pluie arrive, fine puis des gouttes de plus en plus lourdes. Je me couvre bien. Le terrain devient glissant, il fait frais puis froid. La montée semble interminable. Passé 2200 m d'altitude, on arrive sur un immense plateau tout enneigé dans le vent. J'ai les pieds gelés à traverser de multiples ruisseaux. De toutes façons, l'eau coule en torrent sur le sentier, c'est pas trop gênant.
Après La Fouly, j'avais mis mes gants fins. Mais ils sont vite trempés. Je mets les gros, chauds, ceux du Raid 28. Mais avec des mains mouillées, dans le vent, ça ne se réchauffe pas. Le col n'en finit pas d'arriver. Le voilà, non. C'est derrière cette bosse. Non derrière la suivante. Il pleut. Ça glisse. Je grimpe encore bien mais je me lasse. Ces presque 4 heures de montée dans le froid, plus long et fatigant que prévu avec la boue, la neige, l'eau, les glissades sous la pluie m'ont usé, plus l'envie que les jambes. J'ai encore la forme car malgré 25 minutes d'arrêt à la Fouly, j'arrive au col de Fenêtre en gagnant 14 places, sans forcer.
A La Fouly, le gars à l'ordinateur avait annoncé une nuit avec averses et froid. Ça promet. Le ciel bleu n'est prévu que pour lundi. La nuit arrive même s'il n'est pas 19 heures. Le ciel est très bas, les nuages très noirs. Enfin le col est là. Chapeau les bénévoles stoïques dans le vent et sous la pluie à 2700 m. Tout à l'heure je verrai qu'il fait 5° à 2400 m au Grand Saint Bernard. Avec le vent, il devait faire largement moins de zéro au col !
L'idée de la nuit à passer sous la pluie, le col des chevaux (2700 m lui aussi) annoncé dangereux car très glissant avec la neige à faire de nuit, les presque seize heures de course qui restent sans espoir de temps sec (le matin, nous ouvrirons les volets... sous la pluie!), tout cela ne m'amuse plus.
J'arrête.
Au contrôle du Grand Saint Bernard, je ne me fais pas pointer, je rends ma puce (c´est pour ça que je ne suis classé qu'au col de Fenêtre mais ça ne change rien). Danye est finalement montée au col, je monte dans la voiture. C'est fini. Elle est rassurée car elle se faisait du souci de me savoir en montagne la nuit dans ces conditions. En bas, dans la vallée, un torrent est sorti de son lit et a provoqué un petit glissement de terrain sur la route !
Trois coureurs profitent de notre voiture pour descendre dans la vallée. L'un deux, un Espagnol de Barcelone a fait 5 fois l'UTMB dont la première édition en 2003. Il avait fini 29ème dans des conditions épouvantables où seuls environ 70 courageux avaient fini sur 700 au départ. Lui aussi ne s'amusait plus sur cet X-Alpine.
Une course comme ça, c'est assez dure pour des gars comme nous. Si en plus, la météo est contraire, ça complique pas mal de chose. C'est une des premières fois où je n'ai pas de regrets après un abandon, même dix jours après. Seul regret cette météo qui a gâché la fête. Les autres fois, quand j'ai arrêté, je me disais que j'aurais pu continuer. Là, c'est l'envie, le plaisir qui ont été noyés sous la pluie. Déjà sur la 6666 Occitane, j'avais subi 24 heures de pluie sur 25 heures de course. Mais il ne faisait pas froid, c'était mieux passé.
Un peu de récup désormais puis je vais me remobiliser sur d'autres trails, le Frison Roche (40 km et 2600 m+) début août et le TGC (tour de la Grande Casse, 62 km et 3800 m+) fin août. Pour profiter de l'entraînement que j'ai dans les jambes. Des courses moins excitantes bien sûr, moins motivantes mais qui devraient tout de même être de belle épreuves montagnardes comme je les aime.
Mais deux semaines après cette course suisse, le dos bloqué m'empêche de courir à Beaufort. Signal d'alarme: repos exigé ! Et si la lassitude subie dans le col de Fenêtre venait de là ???
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