Festival des Templiers Endurance Trail - 101 km ; 5000 m+
« Pour une petite pâte de fruit »
Une jolie course sur les terres de Kalenj…, sponsor officiel du FESTIVAL DES TEMPLIERS. Très diplomate, j’en oublie mon sac à dos Salo… à la maison et me voilà contraint d’arpenter, veille de course, le Salon du Trail en quête du sac à dos de fortune : « Tiens, celui-ci à 25 euros fera très bien l’affaire. Bon, les gourdes Salo… ballottent un poil, faudra pas trop les remplir ».
Départ 4h15. 6°C. Fichtre, pas très chaud… je décide de partir tranquillement dans le Top 30. « C’est très bien, ne pas s’enflammer, contrôle ton cardio. Quoi ?! 172 puls/min… pfff. Pas grave, ça va baisser. Reste concentré, gestion… ».
35e km : le jour pointe le bout de son nez au ravito Le Rozier. Je lâche ma frontale à Cyril Leroy, mon assistant royal. 8 bosses à passer aujourd’hui, en voici déjà 3. Sur le plat qui dessert les Gorges du Tarn, je mange 3 coureurs. Le menu se poursuit par un bout du plateau des Cévennes et sa belle portion de singles à la sauce down-up. Des racines et des cailloux y sèment le chaos. Sur l’étroitesse d’un balcon, j’aperçois fugacement le vase de Sèvres dominant la vallée, colosse de pierre au socle d’argile.
60e km : « quoi, encore 41 pitons ? ». Régulièrement, je rattrape les coureurs partis sur les autres formats de courses, une compagnie rassurante et fraternelle atteinte du toc du « bravo », auquel, du tac au tac, je réponds d'un toc réciproque : « bravo à vous ». Dans la montée après La Roque-Sainte-Marguerite, deux fusées fondent sur moi : « Pas possible, d’où sortent-elles, sont pas dans la même course ? Ah bah si, même dossard que moi ? ». Je m’accroche un temps. L’espoir fait vivre, mais fatigue vite.
75e km : ravito de Pierrefiche. Cyril me tend mes gourdes, et sort d’un sac un slip de rechange qu’il prend dans la précipitation pour ma casquette. Par chance, il s’en rend compte et m’évite le désagrément de devoir le porter jusqu’à l’arrivée. La suite ? Une jolie descente en cascade qui domine les Gorges de la Dourbie. Puis, rapidement, le parcours reprend son cours sur des singles cassants et usants. Je subis de plus en plus les plis de cette tôle ondulée.
Sans répit, le monologue interne me fait part de ses doutes sur mes capacités à tenir. « Déjà plus d’eau… Quoi ! Encore 5 kilomètres avant le prochain ravito, non mais à l’eau quoi ! Quelle cruche ! Allez, je marche un peu. Oui, je sais, c’est pas bien, c’est du plat, mais je relance au prochain arbre… ah bah il est passé là ! T’avais pas dit que tu relançais à l’arbre ? Bon, la barrière, à la barrière… Bon sang ! Jambes, pieds, bras, bougez vos fesses... ».
91e km : ravito de Massebiau, de l’eau ! Cyril m’encourage. Je suis au pied du redoutable Cade. « Plus qu’une grosse montée, une partie plate, une petite remontée et tu files à l’arrivée… Ok !? ». « C’est noté Cyril, merci pour les infos... ». Mes petites jambes repartent en même temps que la petite voix qui trotte dans ma tête : « Mais ça monte dur là… Pourquoi je n’arrive pas à rattraper la randonneuse du dimanche devant moi ? Ouh là là, ça va vraiment mal ! Pourquoi je n’ai pas pris mes bâtons ? Et ce petit voile devant mes yeux, pas bon signe, ça sent l’hypo… Purée, plus rien dans mes poches. Ah mais si, tiens, qu’est-ce que c’est ? Une pâte de fruit ! Merci dieu des Templiers miséricordieux. Je croyais l’avoir mangée. Hum, un peu d’eau, hum, allez ça va repartir, le ravito n’est plus très loin, après… la descente, l’arrivée, une sieste et au lit ».
Ferme du Cade : un divin ravito m’attend. Coca, Saint-Yorre et smoothie à la fraise. La potion fonctionne. Je retrouve mes jambes de 40 ans (à 30 ans, elles n’étaient pas bonnes, encore moins à 20 ans). Plus que 5 km à dégravir. Je pense au conseil pioché dans l’ouvrage Trail ! d’Eric Lacroix : « plutôt que de regarder où tu mets les pieds, mets les pieds là où tu regardes ». Simple... Je traverse la célèbre Grotte du Hibou à tâtons, manque par deux fois de tomber, double des camarades, puis fonce vers l’arrivée dans le flow le plus total attisé par l’impérieuse nécessité de franchir la ligne pour l'heure du goûter.
11h27 d’effort dont 2 heures de misère ; 7e et 3e V1. J’ai manqué d’endurance sur cet Endurance Trail - logique, le roulant ça m’épuise -, mais quelle joie de finir dans l'euphorie et d’emprunter des sentiers joueurs et taquins de toute bôôôté ! La légende des Templiers n’est pas usurpée. Pour une petite pâte de fruit, j’ai pu la savourer 🤤
Merci Cyril et Philippe Mesquita pour votre 🦉 compagnie (encore désolé d’avoir choisi le seul Airbnb de Millau sans eau chaude 😂).
Photos : Pascal Rudel PR portfolio
#Templiers #Beaucepower #Millau #endurancetrail
1 commentaire:
Belle performance Christophe même si la tête n'était pas au mieux d'après ton très beau récit ��.Bonne récup.��.
Bises..
Mickey.
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