SAFARI-REPAS //

Maratouristes/ Dreux

mercredi 12 juillet 2023

Étape 2 / Défi PP35 / 120 km et 8000 m+ en 26h18

l’Étape 2 / 48,6 km et 2980 m+ en 12h19 (11h00 d’avancée et 1h19’ de pause)

La veille au soir, après l’étape 1, on dîne en terrasse. Pas de bol, il n’y a plus les spaghettis du menu. Tant pis on se contente des linguines trouvées par le cuisinier, très bonnes. Et on ne s’attarde pas. Au lit.
Pour notre deuxième étape, on décide de partir un peu plus tôt en raison des orages annoncés. Petits déjeuners improvisés dans la chambre avec un bout de pain et un verre d’eau chaude… Si on ne traine pas, on pourra être avant midi à Notre-Dame de la Gorge, km28, premier point où l’on peut retrouver les filles. Les orages ne sont annoncés que vers 15 heures…
5h01’, on démarre dans Arêches endormi. Pas de courbatures. Impeccable, mais il faut dire qu’on est entraîné avec les 50 km du Grand Raid 73 voici presque un mois et qu’on a bien cavalé depuis. Et ça monte tout de suite. J’ai bien dormi, ça va bien. Luis a mal dormi, il suit tranquillement. On enchaine les lacets, on traverse le charmant hameau de Boudin découvert lors de la reco en voiture…




Premier d’une impressionnante série de troupeaux de vaches, les reines du Beaufort 


On se retourne et on voit loin derrière nous le col de la Bathie passé la veille pour finir l’étape 1



6h15. Nous voilà enfin au col du Pré, un des plus jolis de la région à faire en vélo selon un ami cycliste. Pour nous, c’est à pied qu’on a grimpé les 700 m + très aisément avalés. Le soleil est voilé, déjà.



Un petit km sur route avant de plonger à travers prés sur le lac du barrage de Roselend. On galope mais on s’arrête pour assister au spectacle toujours spectaculaire d’un chien guidant le troupeau vers la fermière et la traite du matin.



Les nuages nous cachent le Mont Blanc. On a bien fait de partir tôt, la météo ne s’est visiblement pas trompée.


Des vaches, des vaches, partout dans le Beaufortain. On verra surtout des « Tarines », entièrement marron, même si les «Abondance », avec du blanc sur la tête, sont également acceptées pour le Beaufort.


6h50. Arrivés au bord du lac, on court, on fait des photos. Ça avance bien. Passage sur le barrage.



Au bout du barrage, ça remonte un peu sur la route goudronnée vers un petit hôtel qui se réveille. Ça fait 2h10 qu’on est parti, Luis me demande si l’on y boit un café. Je regarde le ciel et je préfère continuer d’avancer. Mais les premières gouttes sont là. On sort les coupe-vent. Sous l’abri de l’hôtel. 



On quitte le bord du lac longé pendant plus de trois bornes et on monte une petite route de montagne. 200 m+ et nous voilé au col des Frêtes. Il est 7h40. Sur cette route, plusieurs fermiers sont descendus avec leurs 4x4 apporter le lait de la traite du matin au camion resté à bord du lac. 
Joli panorama sur le lac de la Gittaz et le vallon où l’on va s’enfiler vers le col du Bonhomme. Finalement, les gouttes se sont arrêtées et on a chaud après la courte montée en rythme. On file ensuite sur 3 km de descente tranquille à flanc de montagne. On avance bien. Luis caracole 100 m devant.






Cette course nous a donné chaud, on tombe la veste sous le petit hameau de La Gittaz. C’est là que Nicolas s’était endormi et n’était pas reparti l’année de la TDS avec Sophie et Henri. J’avais été le seul finisher. Je raconte tout ça à Luis. A ce carrefour on croise un jeune trailer en pleine reconnaissance de la TDS, tiens donc, de fin août. Lui aussi se dépêche avant l’orage. On le quitte et on attaque les 800 m+ en 4 km qui vont nous emmener au col du Bonhomme. On ne verra plus personne jusqu’au col. Ah si, deux chamois.



8h30. Au bout de 2 km, on n’a monté que 300 m+ et l’on arrive au chemin du curé, un passage spectaculaire. Un sentier étroit entre la falaise à droite et le précipice à gauche. Faut pas se louper. Je suis content de passer là de jour. Je me souviens que lors d’une de mes TDS, j’étais descendu par ce chemin entre les cols de la Sauce et de la Gitte. Il faisait nuit et c’était très impressionnant le bruit du torrent invisible dans le noir au fond du ravin. Là, en montant, c’est moins effrayant mais on fait gaffe. 




Je fais plein de photos, Luis part devant mais je le reprends vite.



Et on croise notre premier névé du jour. Luis craint qu’au centre ce ne soit plus fragile. Comme je suis bien plus léger, 😂😂, je passe. Mais il n’est pas rassuré alors il passe en courant.😱



Dans la montée suivante, 350 m+ en 1,5 km, je prends mon rythme. Luis suit à distance. J’arrive finalement sur le replat précédant le col 5 bonnes minutes devant lui. 
La météo se maintient, on a le temps de voir les gentianes et les multitudes de fleurs si belles en cette période en montagne.





Petite pause et on finit ensemble la dernière rampe avant le col. Un joli névé et nous voilà au sommet. Il est 9h30.  J’ai essayé de compter, cela doit être mon 14 ou 15ème passage à ce col, en rando (au moins 6 fois), en course (6 fois, UTMB, tour du mont Blanc en équipes, tour du Beaufortain…), en rando-course avec des Maratouristes (2 fois).
Et là changement de scénario. On était presque seuls et au col, du monde, du monde. Incroyable. Sur les 3 km qui nous séparent du refuge de la Balme juste en dessous, on croisera plus de 200 randonneurs. Car on fera cette partie dans le sens contraire du sens habituel du tour du Mont Blanc. Tiens c'est une idée pour 2024, pourquoi ne pas le faire "à l'envers" ?
Du col du Bonhomme, on en voit déjà qui partent en faisant très attention dans les névés à l’ombre vers le col et le refuge de La Croix du Bonhomme.
On fait des photos mais on ne s’attarde pas. Les nuages noirs sont de retour, le vent forcit et se rafraichit.



Le départ vers le col de La Croix du Bonhomme.





Très à l’aise sur la neige et les sentiers gras qui suivent, Luis zigzague entre les randonneurs qui montent. Car nous sommes carrément à contre-courant. 






Parmi tous ces randonneurs croisés, les trois quarts sont des étrangers. On le comprend à leur accent quand ils nous disent bonjour. Luis commence même à parler en espagnol avec une randonneuse … française !😂 En vieux combattant, je raconte plein d’anecdotes de course, de rando à Luis. Dont le tour du Mont Blanc en courant avec Didier et Christian et le passage au col du Bonhomme sous la neige.


En descendant, il fait meilleur et nous arrivons au refuge de la Balme. Il est 10h20. Pause bienvenue. Café pour l’un, chocolat chaud pour l’autre, eau gazeuse pour les deux, on prend notre temps. Je reconnais plein de choses. Le serveur est surpris quand je lui dis que la chambre là à gauche a un grand lit et l’autre à droite six lits superposés. On a dormi dans presque toutes, même le dortoir, avec Danye. Les sanitaires n’ont presque pas changé. 







Ce sont de nouvelles grosses gouttes qui nous chassent de la terrasse. On remet les vestes qu’on enlèvera dix minutes plus tard, trop chaud et moins de gouttes.
Passage au refuge du Nant Borrant, on discute avec la responsable en train d’installer sa terrasse. Le refuge est complet du 5 juin à fin août ! Faut réserver en janvier. 
Juste en-dessous, on tourne à droite direction le refuge de Tré la Tête. Cela rallonge et ajoute du d+ mais je tiens à y passer. Cette montée ! C’est là que j’ai explosé à La Montagn’hard l’an dernier. Avant la montée, photos du torrent superbe sur lequel on passe. Il est 11h20.











Et c’est parti pour 500 m+  en 2,5 km. Je reprends mon rythme. Cette fois, Luis suit. Tiens il s’est refait la cerise, ça va mieux. Il me met la pression. J’accélère donc un peu et on grimpe carrément vite. Ça me va mais au bout d’un quart d’heure, Luis perd du terrain et je creuse l’écart. Je l’attends un peu plus haut. Et on arrive ensemble au refuge à 12h15. Revanche prise sur cette montée. On prend une barre ou une compote. Mais on va vite repartir car l’averse arrive vite du col. On pense à tous ces randonneurs plus ou moins expérimentés là-haut sous l’eau et le froid… La pluie qui commence nous ramène à notre propre situation. On file se mettre à l’abri du refuge pour remettre la veste. Et on part sous l’averse, direction la descente sur les Contamines. Inutile de dire que le scénario change et là c’est Luis qui ouvre la route.








On voit bien les Contamines sous la pluie tout en bas…

La pluie cesse bientôt. 5 bons km plus loin, on rejoint nos supportrices assises à une terrasse à 13h45. Elles veulent nous offrir à manger. Pas faim, on a encore de la route et faut passer le col de Voza avant l’orage. On boit un verre et on file. A la réflexion, je pense qu’on n’a même pas bu un verre. On repart.
 


Un long passage en faux-plat descendant de 3,5 km nous amène au pied du Champel. Là une petite route et on arrive en lisière de forêt. Deux jeunes randonneurs arrivent près de nous. La fille s’adresse en anglais à Luis qui aussitôt me montre du doigt. Ils cherchent Les Contamines. Je leur indique le chemin. 
On continue sur cette petite route se terminant en chemin bien raide dré dan’l pentu. Ça grimpe, on ne cause plus et nous voilà au Champel. 14h50.  On y croise deux Japonais (?)… Chinois (?) qui cherchent leur route. On les oriente eux aussi vers les Contamines.
Ce raidard a fait son œuvre. On a enfin faim. Luis dit, « c’est là qu’on s’arrête ». Il semble moins fringant que la veille. Petit bout de sandwich, fruits secs, compotes, on se reconstitue. Puis on repart sous le soleil. Il refait chaud.



Le chemin est plutôt sympa, agréable entre forêt et prairies. Au bout de 2,5 km, on double des groupes de randonneurs et on plonge vers le torrent de Bionassay. On fait des photos sur la passerelle qui franchit le torrent quand on entend puis on voit un gars arriver du Champel comme nous. Il est 15 h40. Grosses chaussures, sac visiblement bien lourd, il cavale en descente, passe le pont en courant et entame pareillement la remontée de l’autre côté. Impressionnés, on se dit « il est très costaud » mais on pense très fort « s’il frime on va le bouffer ».😉





Et on part. 300 m+ en 2,5 km, notre dernière montée. Ça va plutôt bien. On passe à Bionassay, Luis reconnaît l’emplacement du ravito de La Montagn’hard. On quitte le hameau, on se pose à l’ombre d’un gîte d’étape du TMB pour grignoter quelque chose et qui voit-on arriver ? Notre loustic, qui marche. Par où est-il passé le champion ?
Bien sûr on l’interpelle. Il finit le tour du Mont Blanc à l’envers en cinq jours. Avec de belles étapes. Belle balade. Il vient du 9-3 mais habite le 9-1. Ou le contraire. On discute, on finit par échanger nos âges, 25 / 65. « Plus vieux que ma grand- mère ! » Il est scié. On lui lance « si on est en-haut avant toi, tu paies ta bière. » Il rigole, « se faire battre par des vieux !!!😰🥵😭 Jamais. » Et il file. 




La fin du col de Voza est raide mais on y arrive, peu après lui à 16h30. On le chambre, « on sera avant toi en bas » et on attaque la descente sur les Houches en courant. Kessia, c’est son prénom, lance alors ses grandes jambes et nous largue. On enchaine course et marche rapide pour reposer les cuisses car ça commence à piquer. Mais on envoie quand même pas mal. Et au détour d’un lacet, on le voit marchant, au téléphone. Il nous entend quand on arrive à 10 m de lui. « Les vieux ! Oh non pas eux ! » Il raccroche et repart en courant.  Mais lui ce sont les chevilles qui le font souffrir. On le reprend sur le haut des Houches. On essaie de le perdre en faisant semble de tourner à droite ou à gauche. En vain. Il arrive finalement 10 secondes devant nous dans la rue principale. Record battu, on devait arriver vers 18 heures, il est à peine 17h15. Coup de fil à Danye, avec Adélaïde, elles sont près du téléphérique. On dit au revoir à notre ami quand même bien épaté qu’on ait pu le suivre dans cette descente, et on part en courant, en rythme car les premières gouttes arrivent. On voit de loin Danye sous son parapluie. On lui fait signe et on entre dans le premier café ouvert. Elles nous rejoignent pour fêter la fin de notre périple. Et qui entre également dans ce café ? Kessia avec qui on trinque volontiers. On le remercie. Sans lui, on descendait cool et on arrivait trempés. Merci. Ouf ! Car l’orage est là, des trombes d’eau, des gros coups de vent, des parasols qui s’envolent… Anne nous confirmera le lendemain avoir eu le même coup de vent à Saint-Gervais.
Kessia nous dira aller dormir ce jeudi soir au gîte … Fagot. Nous ce sera vendredi et samedi !



En attendant, les 100 bornes avec 6400 m+ sont faites, et plutôt bien. On n’imaginait pas cavaler comme ça aussi longtemps. Bravo à nous deux. C’est sûr, on en fera d’autre. Vivement le prochain défi et bien avant le PP40 du Mont Blanc ! Peut-être avec d’autres Maratouristes…
Une belle bière et hop on file en voiture à l’Arveyron un hôtel de Chamonix sur le parcours du cross dont on gardait Danye et moi un bon souvenir. Mais tout change. L’hôtel Arveyron est maintenant l’Arveyron Open House. Un peu plus cher et beaucoup moins bien.



Un repas bien apprécié !

Bientôt, le compte-rendu du Cross du mont Blanc / 24,4 km et 1707 m+ en 4h10 pour un Total de 120,4 km et 7985 m+ en 26h19.

Aucun commentaire: