SAFARI-REPAS //

Maratouristes/ Dreux

lundi 5 septembre 2011

TDS: le compte-rendu de Philippe

TDS, mon deuxième ultra montagnard de l'année après la 6666 occitane. Vivement 2012 !

Après la tempête de Val d’Isère et les trombes d’eau de Barcelonnette, comment allait être ma TDS ?
Mouillée si j’en crois la météo deux jours avant la course. Des orages seront là au moins le soir. Tant pis. Le départ au moins sera au sec.
Pour la course, ma bonne perf en Ubaye me laisse penser que ça va aller. Ce sera dur, parfois très dur mais une seule nuit dehors, ca passe. Rien à voir avec l’UTMB et ses deux nuits éveillé !
Pour le dossard déjà, ca se passe bien, 30 minutes de queue, pas plus.
Le matin de la course, réveil 5h45’. Petit déj’ classique, comme tous les jours. Finie l’époque pas si lointaine où je me forçais avec riz au lait, pain aux céréales … et où j’arrivais l’estomac lourd au départ. C’est comme le camel-bag, de l’eau avec un peu de sucre (5 morceaux pour 2 l). Finies les boissons énergétiques trop chères, pas faciles à doser et à recharger en cours de course.

Chamonix, 6h45, on arrive aux navettes !

6h45, RV à la navette, 7h départ et à 7h45, arrivée à Courmayeur. Dans le bus, discussion avec ma voisine, une Marseillaise qui veut faire la même perf que l’an dernier à la CCC, 17h30, réalisée dans les conditions épouvantables que l’on connaît. Une fusée. Je ne la reverrai plus !

Descente du bus à Courmayeur, le jour se lève.

A Courmayeur, je retrouve Danye, Françoise et Daniel venus en voiture. Trois quarts d’heure avant le départ, un caffè Italien et un demi cornetto, j’en rêvais. A la table à côté, Jean-Paul Fourtin, ancien organisateur du Grand Raid 73, un sacré coureur qui va partir cool car il craint les problèmes intestinaux.

Juste avant le départ, photo souvenir avec Catherine Poletti, organisatrice et René Bachelard président de l'association organisatrice des Chamonix trailers. René était sur la TDS mais il s'est arrêté au Cormet de Roselend.

Les hymnes français puis italien et enfin le départ. Juste avant, je vois deux coureurs se faire contrôler leur sac dont 1 à cinq minutes du départ dans le sas de départ ! Sérieuse l’organisation !

Contrôle des sacs dans le sas de départ !

Animation folklorique valdotaine avant le départ à Courmayeur

Un tour dans les rues de Courmayeur, je suis largement derrière, puis ça commence à grimper.

Le départ va être donné, Philippe est prêt au fond du peloton

Partir de derrière offre l'avantage de ne pas être bousculé quand le peloton est encore groupé

Départ dans les rues de Courmayeur, on voit Robert et sa fameuse cloche et les deux suiveuses de Philippe. Et oui, elles sont là, cherchez-les !

Pour une fois, je ne fais pas le malin, cool, cool, il va faire chaud. On est quand même vite au col Chécrouit (709ème en 1h18’), on aperçoit le Mont Blanc entre nuages et ciel bleu. Un coureur m’interpelle : « Mais si on se connaît, on a couru ensemble un morceau des trois derniers GR73. » Ah, oui, c’est Laurent !

Passage au ravito du col Chécrouit. Pas de soupe pour moi, mais de l'eau.

On quitte le col Chécrouit pour monter ver la Youlaz

On continue à l’envers de l’UTMB vers l’arête du Mont Favre. Je double un peu. Puis on tourne vers le col de la Youlaz. Là, ça se corse en devenant très raide dans du schiste qui ne tient pas. Avec d’autres, dont un finisher de la Montagn’hard, on met la flèche et on double des coureurs par paquets. Bien sûr, ça râle.

Pas de souci pour trouver le sentier, il suffit de suivre la file de coureurs jusqu'au col de Youlaz (en haut à gauche).

C'est pas raide le col de la Youlaz ? Mais à cette vitesse derrière le peloton, ça va, on ne tape dans les réserves...

A la queue leu leu, à la queue leu leu. C'est raide mais à cette vitesse, pas de souci, on ne puise pas das ses réserves !

En voyant la photo, on peut pense que ça ne monte pas beaucoup. sauf si l'on regarde d'où l'on vient en bas à droite !

Youpi, Youlaz est passé. On descend maintenant !

Joli troupeau de vaches noires italiennes dans la descente vers La Thuile

Au sommet (608ème en 2h36’), pas le temps de respirer car je crains de me faire doubler dans la descente. C’est pas mon fort. « C’était » pas car lors de cette course, les descentes ont été mes meilleurs moments où j’ai doublé et forcément pris le plus de plaisir. Comment l’expliquer ? Les randos qui m’ont donné des cuisses.. ?

Agréable passage en sous-bois avant la Thuile

En prévision des orages, j’ai attaché une cape de pluie de rando sur mon sac. A mi-descente, je sens quelque chose tomber, ce doit être la cape. Pas du tout, c’est ma polaire. Mon sac est grand ouvert. Ouf, je n’ai rien dû perdre. Arrêt deux minutes pour tout ranger, refermer. Je repars. La course descend, la chaleur monte.
C'est long 1200 m de dénivelé à descendre entre le col de Youlaz et La Thuile.

Dans la descente vers La Thuile (au fond sur la photo) on est comme dans un four

C’est le four en arrivant à La Thuile (542ème, 3h55’). Je bois beaucoup, trop peut-être. Voilà le ravito où coppa et fromage sont délicieux. Je ne prends pas de soupe car les vermicelles ne sont pas encore cuits. Je salue mes suiveurs et c’est reparti pour le Petit Saint-Bernard (700 m+), pas trop raide sauf à deux endroits. Là, il fait encore très chaud, on n’a pas d’air. Dans une prairie très raide, je passe une dizaine de coureurs couchés dans l’herbe. Cette chaleur va faire des dégâts.

Chaude la montée vers le Petit Saint-Bernard

A mi-chemin du col, je demande à un coureur à mes côtés de regarder où en est mon sac. « Il est ouvert ». Et en essayant de le refermer il casse la fermeture éclair. Aussitôt, je lui casse la gueule. Non, non, c’est pas vrai. Je m’arrête, je bidouille mes sangles et avec des épingles je referme. J’appelle Danye « SOS ficelle ». Peu après, c’est magique, elle me passe de la ficelle à Crêtaz car la route longe le sentier. Je fais un nœud autour du sac, pas pratique quand je veux y prendre quelque chose mais efficace. Cela tiendra jusqu’à Chamonix.
En-haut (543ème en 5h47’)du col , il fait encore chaud et je n’ai pas faim. De toutes façons là aussi pas de pâtes dans le bouillon, j’arrive entre deux fournées. Dans cette 2ème montée, je n’avais plus les jambes de la Youlaz. La chaleur sans doute.
Je file dans la longue descente (-1300 m+) vers Bourg-Saint-Maurice. C’est long, j’y vais cool et des gars me doublent. Il fait de plus en plus lourd. J’arrive un peu las au ravito (km 44, 571ème en 7h53’). J’ai du mal à manger, et pourtant une montée de 1100 m+ m’attend après Bourg. Un gros orage éclate. Ouf ! je suis assis sous la grande tente du ravito. Pas envie de repartir de suite, je reste 45 minutes. Je retrouve Jean-Paul Fourtin qui va bien, il repart. Un texto de l’organisation nous apprend que le parcours est changé. Danye s’inquiète que je ne reparte pas plus vite. Je me force à grignoter et à repartir pour la rassurer. Mais c’est sans entrain que j’entame la bosse. Pas question de doubler, je suis calmement.

550 m+ au-dessus de Bourg, fini de monter, on plonge vers la route des Chapieux...

Au bout de 500 m+, au moment où je cherchais un rocher pour m’asseoir, juste avant le Fort du Truc (606ème en 9h44’) un commissaire nous guide vers une route qui redescend sur la route des Chapieux. De ne plus avoir à grimper me booste et sur ces 4 km de bitume en descente, je double, je double, c’est reparti. La pêche et les jambes sont miraculeusement de retour, la magie de l’ultra !

14 km à pied (sur la route), ça use, ça use.
14 km à pied (sur la route) ça use (surtout) le moral !

Arrivée sur la route des Chapieux, ça remonte et on arrive vite sur une borne kilométrique « Cormet de Roselend 14 km ». Aie, ça va être long en marchant ! Mais je prends un rythme régulier sur ces 6 à 9% de pente entre 11’30’’ et 12’30’’ au kilo pour avaler ces 700 m+. Sans oublier de tremper souvent ma casquette dans les torrents très frais.

Aux Chapieux, "j'en profite pour mettre des manches, il va faire plus frais."

On passe aux Chapieux quand la nuit tombe, je m’y arrête pour casser une petite croûte, m’habiller et faire des photos. Si l’on avait dit que j’arriverais un jour vers 21 heures aux Chapieux lors d’une course de l’UTMB, je ne l’aurais pas cru. D’habitude, je suis là entre 2 et 3 h du mat’ ! Je repars en montant à l’envers de l’UTMB vers le Bonhomme. Au premier replat, on file à gauche vers le Cormet de Roselend. Là, il fait frais avec une bise pas sympa (608ème en 13h27’). J’ai retrouvé l’appétit et Sylvestra, une dame vue dans la Youlaz. On se doublera jusqu’aux Houches puis, a justement constaté Didier, elle me mettra « un vent » sur le final !
Je repars du Cormet, ça monte tout de suite. Heureusement, ça me permet de voir de suite que j’ai oublié mes bâtons. Je retourne au ravito. J’en profite pour changer le coca que j’ai stupidement mis dans mon bidon par de l’eau. Imaginez du coca dans un bidon secoué !!!

Sympas, prévenants, attentifs à nos demandes, au Cormet de Roselend comme partout les bénévoles sur cette TDS

Je repars, à mon rythme, tranquille. Je double, je suis doublé. Je me mets en version bourrin, la tête sur le sentier, à appuyer fort sur les bâtons et à monter, monter sans réfléchir. Tout ce qui est grimpé n’est plus à grimper. Je ne vais pas vite mais ça monte. Au col de la Sauce, ça caille. Je plonge sur la ferme de la Sausse puis la Gîte. C’est long, mais je double quelques coureurs. Ma lampe éclaire bien et je n’hésite pas car j'ai d'assez bonnes jambes. Je finis la descente (700 m-) derrière un gars que je vais suivre un moment.

Petite pause dans le passage du Curé, un sentier étroit le long d'une falaise (superbe de jour il paraît) dans la descente vers la Gîte. Des secouristes venus aider un gars en difficulté nous préviennent :"Ne vous approchez pas du bord, c'est profond !" Effectivement, on entend le torrent qui gronde loin en-bas...

La remontée sur le col est de la Gîte (800 m+) ne sera pas mon meilleur souvenir. Les trois quarts sont raides puis on se fait un long faux-plat où l'on chope un vent très violent qui hurle. Je n'écoute pas ce qu'il dit et on avance, imperturbables. Là-haut, un long plateau et l'on aperçoit au loin le ravito du col Joly. Porté par le vent, on entend le haut parleur du ravito droit devant. Devant ? Mais que sont ces lumières en-haut à droite ? Des étoiles ? Des avions ? Qui avancent à la queue-leu-leu ? Non, ce sont des coureurs. J'ai dû me tromper dans mes calculs sur bâtons. j'avais prévu 16m+ pour aller au ravito, on en fera au moins 200 !
Mais le ravito du col Joly arrive. J'y retrouve Sylvestra, je reconnais le loueur de skis des Saisies, déjà bénévole au même endroit pour la TDS 2009, j'apprécie une soupe vermicelles-haricots blancs dans laquelle je fais mon mélange traditionnel à base de tucs et de fromage. Fameux. J'en prends une autre. Et je repars pour une belle descente (-900 m) vers Notre Dame de la Gorge. Cool au début dans les Alpages puis quand ça devient raide et technique, je m'amuse à reprendre plein de monde. Le final par un sentier inédit pour moi n'est pas facile mais je gagne encore des places. J'enfile les doublés comme les perles, quel pied ! Puis jusqu'aux Contamines, je cours presque tout du long du chemin bien connu lors de l'UTMB.
Aux Contamines, le jour se lève, c'est calme et j'imagine la folie quelques heures plus tard, le soir même, de nuit pour le passage de l'UTMB ! Je reste une bonne demi-heure, il faut récupérer car deux grosses bosses (Truc +500 m) et Tricot (+600 m) m'attendent. Vue la façon dont j'ai monté précédemment, je crains ces montées !

Quel souffle ces Méditerranéens ! Ces trois Grecs n'ont cessé de discuter toute la montée du Mont Truc.

Quel panorama en arrivant aux chalets de Miage avec ce col Tricot à l'horizon !

Miage est passé, le jour se lève, Tricot approche. Pourvu que je ne perde pas mes mailles...

Je pars avec trois Grecs. On restera ensemble presque jusqu'en-haut de Tricot. Plusieurs autres coureurs vont me doubler car je ne peux plus grimper vite. Ce n'est pas grave. je crois que tous, sauf 3, je les redoublerai dans les descentes qui suivent vers Bellevue et Les Houches. Même Sylvestra qui me met dix minutes en haut du col de Tricot (je la vois franchir le sommet), je l'ai rattrapée avant les Houches.

Vus du col Tricot (ou presque au sommet), les chalets de Miage sont petits et lointains.

Sommet du col Tricot: ouf, il ne reste que deux fois 100 m à grimper avant l'arrivée mais quelques belles descentes. Chic !

Bizarre cette sensation inhabituelle (sauf cas de grosse fatigue comme dans la Galopaz au GR73, tu te rappelles Denis ?) de me traîner en côte. En descente, je ne fonce pas, il ne faut pas exagérer mais je n'ai pas (ou peu) mal aux jambes. Donc je file par rapport à la plupart.
Peu avant les Houches (-1200m après le col Tricot), je retrouve la Marieteam et Martine. Bises, photos et on descend rejoindre Henri, en pleine concentration UTMB, resté sagement en bas pour lire l'Equipe.
Ils m'accompagnent tous au ravito. J'y retrouve un gars qui me photographie chaque fois qu'il me croise depuis qu'il m'a vu sur le DVD du cross/marathon du Mont Blanc. Et on se voit souvent sur des courses de montagne. Il doit avoir une belle collection de photos.
Puis je file vers l'arrivée. J'avais prévu 1h45/2 heures, je vais mettre 1h12' malgré le panaché partagé avec un coureur que je doublais au moment où il retrouve ses potes venus à sa rencontre au lac des Gaillands. Le final dans la rue piétonne est toujours aussi émouvant (gênants mais oh combien agréables tous ces applaudissements venant d'inconnus). Danye fait avec moi la dernière droite.

Dernier virage avant la ligne devant la Poste de Chamonix

Mais au fait, il était où l'orage annoncé qui occasionna le changement de parcours et les 8 km supplémentaires ? On a eu très chaud jeudi, du vent dans la nuit mais jamais froid (j'ai fait toute la course en short) et surtout sans une goutte de pluie (sauf au ravito de Bourg mais j'étais abrité !). De toutes façons, je ne m'en préoccupe plus et je fonce à la terrasse rejoindre mes suiveurs, la Marieteam et mon demi-litre de panaché avalé en quelques secondes !

Un petit salut avant de partir à René Bachelard en train d'accueillir dimanche les coureurs de l'UTMB. René, président des Chamonix trailers, a dû stopper sa TDS au Cormet de Roselend.

Quelle belle course ! Vivement le prochain ultra...

Philippe

3 commentaires:

Anonyme a dit…

Bonsoir Philippe,

par hasard je suis tombée sur votre blog. En voyant votre photo, je vous ai reconnu et en lisant votre CR, eh bien la Marseillaise, c'est moi: Nathalie Le Flanchec. Je n'ai pu tenir les 17h30/45 que j'avais pour objectif. Il a fait chaud, parcours allongé, parcours plus technique que la CCC donc beaucoup moins roulant, erreur de parcours qui m'a fait perdre 17min. Mais je finis en 21h38, 3eme féminine au scratch, 78eme,et 1ère Française. Et j'ai surtout pris énormément de plaisir, nuit étoilée fabuleuse, paysage magnifique, passage de la passerelle de nuit vertigineuse, ... . Je vous dis à bientôt sur une prochaine course et je vous ferais la bise car je vous reconnaitrais.

Nathalie.

Philippe Poncin a dit…

Merci de ton message sympa Nathalie.
21h38', tu as quand même fait une sacrée perf. Tu parles de la passerelle vertigineuse de nuit. Sur ce torrent de Bionassay, je suis passé quand il faisait déjà bien jour.
Au printemps, on envisage d'aller courir dans ta région. On se verra peut-être au trail Sainte-Victoire si l'on peut avoir un dossard.
Bonnes courses. A bientôt
Je t'embrasse.
Philippe

agnès a dit…

Bonsoir Philippe, ce fut un plaisir de discuter avec vous samedi... Bises et à très bientôt sur les chemins. Agnès