MONTAGN’HARD 60, un nom bien porté
Bien sûr 60 bornes, ce n’est pas grand-chose par rapport à nombre d’ultra-trails que l’on a déjà finis. 60 bornes, on n’est même pas à Courmayeur sur l’UTMB, on est juste au col de la Seigne. Mais pour faire 5000m+ de dénivelé sur l’UTMB, il faut en plus monter l’arête du Mont Favre et … Bertone.
Voilà pourquoi la Montagn’hard est dure, ultra-dure. C’est un condensé de montées raides et de descentes techniques que l’on enchaîne sans répit. Seule portion plate, celle entre Notre-Dame-de-la Gorge et les Contamines-Montjoie, bien connue des UTMBistes, à l’envers.
Un finisher heureux avec Olivier l'organisateur |
Arrivée la veille à Saint-Gervais avec Danye, un hôtel bien sympa au cœur de la ville, un retrait de dossard rapide, une assiette de charcuterie de pays et un excellent plat de tagliatelles bolo, une nuit courte, une navette avec un conducteur plus pilote que chauffeur et me voilà à Saint-Nicolas-de-Véroce. Une petite tartine beurre-confiture, un café, un bonjour à Olivier l’organisateur et à Jean-Michel-AKUNAMATA (blessé au genou et qui ne court pas) qui me prend encore en photo (quel album il doit avoir), une photo avec Jules-Henri Gabioud vainqueur du Tor des Géants, une bise à Sophie Dubois déjà croisée au Lyon Urban trail et me voilà sur la ligne de départ.
Jean-Michel (finisher Tor des géants 2010) me prend en photo chaque fois qu'il me voit (Millau, Chamonix, Lyon, Nivolet-Revard...) depuis qu'il m'a vu sur le DVD du cross du Mont Blanc 2007. |
Il fait un peu frais mais comme on monte tout de suite, ça va vite chauffer.
Comme d’hab’, je souris en voyant des trailers en coupe-vent ou avec de chauds sweets manches longues. C’est la première fois qu’ils courent ? Ou ont-ils tout oublié avec le stress ?
Avec Sophie Dubois et Frédéric Chauveau avant le départ |
7 h le départ. Effectivement ça grimpe tout de suite après une longue portion plate de … 150 m ! Les bâtons à la main (interdits jusqu’au km5), je m’échauffe. Je sens que les jambes sont là, j’ai bien fait de ne pas courir cette semaine après le cross du Mont Blanc. On bascule en haut des pistes de Saint-Nicolas. Déjà ! Plongée sur la vallée pour traverser la grande route et remonter vers le Prarion. Pas jusqu’en haut, juste 550 m+, le sommet ce sera pour plus tard. On redescend 300m- vers les Toiles, en haut de Saint-Gervais au 1er ravito.
Dès le départ, ça monte... |
En descente, ça va, les jambes répondent.
Surprise, j’ai déjà 20 minutes d’avance sur mes prévisions de 15 heures (établies en comparaison avec le GR73).
500 m de plat sur une route forestière, j’en profite pour finir ma soupe, mes tucs et un excellent fromage. Et commence les 1000m+ qui nous emmènent au Prarion. Je redouble Ghislaine, une coureuse que je verrai jusqu’à Tré-la-Tête. Après Tré-la-Tête, elle continuera 20 bornes au même rythme alors que je finis les quinze derniers (dont 900m+) en marchant et elle me met 1 h !
Sophie Dubois, vue dans les premiers hectomètres de la course |
En montant au Prarion, vue sur Saint-Nicolas-de-Véroce d'où nous sommes partis |
Premier ravito aux Toiles et déjà Ghislaine est là (en bleu) |
Cette montée au Prarion, superbe, la brume cachant les sommets disparaît. En cours de montée, une fusée extra-terrestre nous double en courant alors que c’était raide et que tout le monde marchait ! Sébastien Chaigneau en tête de la Moins’Hard de 37 km ! Impressionnant Seb, parti une heure après nous et qui m’a repris en 20 km ! Pas essoufflé !!!
Seb, une photo ? Sympa, Sébastien Chaigneau, 3ème de l'UTMB 2011, ralentit, se retourne, toujours aussi disponible. Merci champion ! |
Derrière ces champs de rhododendron loin dans la vallée, Le Fayet et Sallanches |
La crête du Prarion, que du bonheur... |
La montée se poursuit, ça grimpe bien puis on bascule vers Bionnassay (700 m-) dans un sentier peu emprunté ou taillé pour l’occasion, c’est-à-dire dré dans l’pentu ! Quelques glissades mais pas de bobos. Ghislaine me double. A Bionnassay, pas de Danye qui s’est trompée de route et en plus je suis 35 minutes en avance sur les prévisions que je lui ai données.
Du Prarion, on voit le col de Voza plus bas |
Ravito de Bionnassay, près d el'auberge du même nom. Et Ghislaine est là |
Un bon ravito, le plein d’eau car ça commence à taper fort et c’est parti pour 900 m+ vers le col Tricot. Jusqu’à la Frasse, on emprunte 15 km faits dans l’autre sens à la TDS 2011 et que nous verrons à nouveau fin août. Sur les 500 premiers mètres de montée, je me sens bien et dans ce cas-là, je m’amuse à doubler, même Ghislaine. On rattrape les derniers du 113 km partis 2 heures avant (sur le même parcours pendant 56 km). Sur la deuxième moitié du col, je souffle un peu. Dans la descente qui suit sur Miage (600 m- en un peu plus de 2 bornes), je souffre un peu, Ghislaine me passe. C’est raide, ça glisse. Je me fais doubler. C’est pas grave, allez-y les gars, je vous reverrai tout à l’heure.
Magnifique ce jardin couvert de lupins... en montant au col Sapin |
Photo de l'arrivée au sommet du Prarion (photo mal placée chronologiquement) |
Avant les 500 derniers m+ de la montée au col Tricot, la passerelle sur le torrent du glacier de Bionnassay |
A Miage, comme à Bionnassay et plus tard à Tré-laTête et au Nant-Borrant, les terrasses sont pleines de randonneurs devant leurs bières. Veinards ! Mais dans quelques heures, ce sera mon tour.
Encore un bon ravito, des bénévoles attentifs et aux petits soins. Merci à eux ! 1h15’ d’avance sur mon tableau de marche ! Je ne vais pas tenir !
Une petite remontée sur le Mont Truc et une plongée rapide (tiens, je double deux coureurs fatigués ( ?)) sur la Frasse. Pas de Danye qui s’est trompée d’endroit et regarde passer les coureurs de la Moins’hard de 37 km. Prochain rendez-vous à Notre-Dame-De-la-Gorge. Pas de souci, elle connaît !
Et toujours ces rhododendrons en montant au col Tricot |
Du col Tricot, vue sur la descente et sur Miage et le petit Mont Truc |
Ravito de Miage. Pas de Ghislaine sur la photo (elle est assise derrière, c'est vrai) mais le gars en bleu finira une minute devant moi. On fera la dernière montée ensemble. |
Arrive la montée à la Combe d’Armancette, aussi sauvage de raide. Je me régale. Je suis bien. C’est pour des moments comme celui-ci où je grimpe très bien que j’ai couru toute l’année à l’entraînement, que j’ai enchaîné les Temple d’Amour et les tours d’Ecluzelles. Là, continuer à le faire au bout de 7 heures d’efforts, c’est le pied ! Je reprends Ghislaine et plein de coureurs du 113, content de ne pas devoir faire aussi long qu’eux. Je garde le rythme jusqu’en haut. Je m’enflamme un peu, j’arrive même au sommet, petit faux-plat montant en trottinant. Tant pis si je le paie plus tard ! J’en suis déjà à plus qu’un marathon.
Sur le chemin en balcon vers Tré-la-Tête, une passerelle et ..... Ghislaine |
On arrive au refuge de Tré-la-Tête et son ravito sur l'arête |
Ravito de Tré-la-Tête et Jean-Michel est là avec ses bières et ... ses verres en verre ! |
Suit un long sentier en balcon avec beaucoup de pierres, rochers. Pas facile de courir alors je marche, enfin. Ghislaine, V2 comme moi, me passe en rigolant ! Elle aussi avait bien grimpé.
A Tré-la-Tête (2 h d’avance !), je retrouve Jean-Michel monté avec deux packs de Despérados. Sympa et très agréable même si c’est pas raisonnable avant 900 m de descente technique. Mais deux gorgées, ça va.
Quelle descente ! Bertone, c’est une piste d’athlé à côté. J’exagère peut-être un peu mais c’est très difficile d’y courir. Alors je marche. Ce sera le cas sur presque la totalité des 15 bornes restantes.
En descendant de Tré-la-Tête, vue entre deux sapins sur le refuge du Nant-Borrant, l'ancien, le vrai, l'unique. |
Erreur chronologique de chargement des photos, vue du Mont Truc depuis Miage |
Presque en-bas de la descente de Tré-la-Tête, passage au pont romain sur la voie romaine de Notre-Dame-de-ma-Gorge, bien connue des UTMBistes. |
Je ne suis pas à l’aise dans cette descente, un peu crispé et cela entraîne inévitablement la chute. J’ai eu peur mais rien de cassé juste un gros bleu au bras le lendemain. Je peine pour finir cette descente et arriver au pont romain en dessous des chalets du Nant Borrant. Je re-galope un peu sur les dalles de la voie romaine histoire de faire illusion devant Danye qui m’attend au soleil. Ouf, elle est là !
Danye au soleil attend son coureur aux Contamines |
Après Tré-la-Tête, Jean-Michel était aux Contamines pour nous encourager. Merci à lui. |
Presqu'en-haut de la dernière montée, vue en arrière sur la combe d'Armancette (à gauche) et l'arête du refuge de Tré-la-Tête (à droite). Que de chemin parcouru ! |
Pour rejoindre les Contamines, j’alterne marche et marche. Beaucoup de coureurs courent encore, une demi-douzaine me passent. Aux Contamines, en arrivant, j’entends « départ de la navette dans 5 minutes ». Je sais que je ne resterai pas longtemps à ce ravito. Une bonne soupe, fromage, tucs, le plein d’eau car il faut tenir les 10 derniers kilos, 3 heures selon mes prévisions qui envisageaient un coup de moins bien.
Dernière montée, on sort de la forêt. Un refuge en vue, c'est là qu'on tourne pour descendre ? Pas du tout, faut encore monter 250 m+... |
Je pars doucement car les jambes sont lourdes. Pas de souci, ce ne sont pas 900 m+ qui vont m’empêcher d’aller au bout ! Au bout d’un quart d’heure, ça va mieux. Mais je manque de jus, pas encore la panne sèche mais pas loin alors je reste derrière un coureur qui m’emmènera presqu’en-haut. Au sortir de la forêt, on débouche sur l’arête du Mont Joly. Je crois être au sommet de la bosse alors j’accélère. Pas du tout ! Le balisage me montre clairement que le parcours continue à monter. Je vérifie sur mon altimètre. Et oui il manque 250 m+. Ils seront durs, longs.
on a déjà vu cette photo... |
19h30, j’étais arrivé. 20h30, douché et restaurés, on reprenait la route et à 22 heures, nous étions à la Papilloune. Quelle belle journée !
Je m’endormis rapidement en pensant aux courageux encore en course , le dernier du 60 étant arrivé peu avant 1 heure du mat’ et celui du 113 vers 16 heures le lendemain !!!
Pour la TDS, presque le double de distance pour à peine 2000 m+ en plus, il ne faudra surtout pas avoir le même rythme et bien monter tout en douceur pour pouvoir durer très longtemps. Mais, j’ai confiance, les jambes sont déjà là et les randos de l’été vont m’aider, comme l’an dernier, à gagner en endurance.
Vivement fin août !
Début de la descente, du bonheur même si les cuisses couinent... |
Philippe
(ps: vive l'ultra-trail ... en montagne!)
1 commentaire:
Félicitations Phillippe ! Belle la photo de chaigneau!
À bientôt!
Nico
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