CR de mon premier
UTMB, 2013.
Je suis arrivé mercredi
après-midi sous un soleil magnifique, petit tour à Chamonix et direction
l’Hôtel « les Mélèzes » aux HOUCHES. Je ne sais pas si je dois faire
de la publicité mais nuit à 75 euros et petit déjeuner à volonté à 5 euros. En
tous les cas c'est propre.
Je suis dans ma quatrième semaine
de vacances, les trois premières se sont très bien passées dans le VAR.
J’arrive très reposé mais sans préparation spécifique pour l’UTMB. Il me manque
du dénivelé mais j’ai pas mal alterné vélo et course à pied ce dernier mois.
Je prends mon premier repas de
pâtes en solo dans une petite pizzeria de Chamonix en début de soirée.
Jeudi matin petit footing de
détente entre les Houches et Chamonix sur le parcours de la TDS. J’attends
Sophie et Nicolas qui sont dans les derniers kilomètres d’effort. Je les croise
sur le chemin du retour. Ils ont encore un visage radieux après 29 heures
d’effort. Je les accompagne sur quelques hectomètres avant de les laisser
savourer ces moments.
En fin d’après midi, je m’insère
dans la file d’attente pour la
récupération du dossard, de la puce et le contrôle du matériel obligatoire à
mettre dans le sac. Organisation très professionnelle à la limite du militaire.
Nous sommes là pour courir pas pour passer un examen. Petit stress pour savoir
si je n’ai rien oublié du matériel obligatoire. Après vérification
« scrupuleuse » j’ai mon bracelet rouge, tout est OK.
Petite visite des stands du
village des équipementiers. Achat d’un tee-shirt souvenir et de quelques gels
au cas où. Second repas à la
Pizzeria, toujours des pâtes.
Vendredi matin préparation
définitive du sac et de celui qui sera déposé à COURMAYEUR si besoin de se
changer.
Je visualise une dernière fois le
parcours sur les cartes IGN mais difficile d’apprendre 168 kms lorsque l’on ne
connaît pas du tout le parcours.
Je suis déjà venu à Chamonix, mais nous étions en 1995 pour l’ascension
du Mont Blanc.. La seconde fois était en juin pour les 80 kms de Chamonix où
nous avons fait un grand tour dans la vallée. J’essaye de retenir au moins les
postes de ravitaillement. A l’inverse,
ne rien connaître, c’est l’avantage du débutant sur ce genre de
course : pas d’appréhension, certains diront de l’inconscience ou de
l’insouciance.
Pourtant, j’ai eu le temps de
penser à cette course. En 2012, je n’avais pas été tiré au sort et là je le
sais depuis le mois de janvier. Pourtant, comme les fois précédentes ( les GRP
dans les Pyrénées ou le raid golf du Morbihan), je pars serein avec l’envie de
découvrir cette épreuve. C’est le bon terme, je suis dans le même état que si
j’allais passer un oral d’examen. Un petit nœud à l’estomac, mais c’est normal.
Il durera jusqu’au Contamines.
Dernier repas de pâtes au self
des sportifs et je rejoins Eric, Murielle et Nolwenn placés au bout de la
première ligne droite du départ. Ils sont là très tôt pour réserver la place
mais je comprendrai plus tard pourquoi avec la foule qui envahit le cœur de
Chamonix. De voir des amis permet de se détendre un peu. Après la vision de
tous ces trailers super équipés et super affutés la pression se fait sentir.
Les parapentes de North Face tournent autour de chamonix.
Je me dirige sur la ligne vers 15
heures, soit une heure trente avant le départ. De nombreux coureurs sont déjà
assis à même le bitume. Il fait beau, voire très chaud, sur cette place de
l’église. Peu de français autour de moi, mais des italiens, des espagnols et
des japonais ou japonaises. Les speakers montent l’ambiance progressivement
chez les coureurs mais également dans le public en faisant taper dans les
mains.
Juste avant le départ, la musique
« Conquest of Paradise » de Vangelis est lancée. Je l’avoue grosse
émotion à la limite de la larme à l’œil. j’ai l’impression de participer à un
super événement. Depuis que Stéphane et Jean-Yves tous les deux finishers m’ont
parlé de cette course, il fallait que je participe. C’est maintenant, je ne
peux plus reculer et j’en ai pas envie. Il y a une ambiance de folie dès que le
départ est donné. On sent que les coureurs même s’ils appréhendent, sont
heureux d’être là et veulent en découdre, participer à la fête.
CHAMONIX – LES HOUCHES : 7,9
kms, + 118, -145
Le départ est lancé, je passe
rapidement la ligne et un dernier petit coucou à Eric et Murielle avant de
prendre la direction des HOUCHES. Il y a une foule compacte sur plusieurs rangs
pendant des centaines de mètres qui encourage dans toutes les langues. Des
milliers d’appareils photos sont portés à bout de bras.
Les enfants attendent que les
coureurs leur tapent dans les mains alors qu’en général cette pratique est
organisée vers l’arrivée. La foule est derrière les coureurs pour les
encourager, les soutenir. Parents, amis tout le monde sait que cela va être
dur. Véritable communion avec le public. C‘est un grand moment.
Passage devant le rocher
d’escalade du GAYANT. Je suis parti dans le bon « sas ». Pas de
bousculade pas de ralentissement sur les premières montées. Il faut juste que
je fasse attention avec mes bâtons pour ne pas faire tomber un concurrent. Le
rythme est correct; les participants courent sur le plat et en descente et marchent à vive allure dans les
montées. J’ai fait le parcours hier alors pas de surprise. Bon, ma
reconnaissance du parcours se limite à 8 kms sur 168 mais c’est déjà ça.
LES HOUCHES – LE DELEVRET :
5,9 kms, +896, - 167
Au premier ravitaillement des
HOUCHES, je remplis mon camel-bag, soit un litre et demi dans le sac et une
gourde de 50 cl devant. En pratique, je n’utiliserai que la gourde en la
remplissant à chaque ravitaillement et plus occasionnellement le camel-bag.
Tout de suite après avoir
traversé le centre du village nous entamons la première montée. Les concurrents me doublent mais je
préfère monter à mon rythme. La montée ce n’est pas mon truc, normalement c’est
la descente. Je ne tiendrai pas le même discours après 24 heures de course où
je n’apprécierai pas les descentes non plus. Dans un virage des enfants offrent
des bonbons Haribo. Très sympa ce
petit apport de glucides (même si c’est que pour les enfants).
LE DELEVRET – SAINT
GERVAIS : 7,2 kms, +
Dès que le parcours redevient à
peu près plat tout le monde relance. Je me surprends même à trottiner en montée.
Je profite du panorama au col de Volza pour admirer une dernière fois la vallée
de Chamonix. Après le passage du col du DELEVRET (18H31,14 kms,1208, 2H01 de
course) des cochons sur le bord du chemin ne semblent pas perturbés outre
mesure. La descente est au départ assez technique et rapidement tous les
coureurs sont en file indienne. A Saint Gervais, Il y a pas mal de monde pour
encourager autour du ravitaillement (19H27,21kms, 1262, 2H57 de course).
Presque trois heures pour un semi-marathon. Il fait toujours aussi bon.
En plus de l’eau et du coca, je
consomme fromage (Tomme en Savoie oblige), oranges, TUC et premier bol de soupe. A chaque fois, la
soupe sera aux vermicelles. Je me m’attarde pas trop au ravitaillement, cela
permet de récupérer les quelques places perdues.
SAINT- GERVAIS – LES
CONTAMINES : 9,7 kms
Le parcours est un peu vallonné
jusqu’aux contamines. Le peloton s’étire peu à peu. Il faut à un moment sortir
la frontale car la nuit tombe. Comme je suis un couche-tot, il ne faut pas
donner de faux espoirs à mon petit cerveau. Le message est clair « Tu
reste éveillé et tu suis la lumière ». J’en profite pour mettre un
tee-shirt manche longue et surtout ma veste fétiche achetée à New-York en 2007.
Avec elle, je suis toujours allé au bout des courses. Et non je ne suis pas
superstitieux.
Il y a une excellent ambiance et
beaucoup de monde au
ravitaillement des
Contamines (21H31,31kms,1305, 5H01 de course).
La contrepartie, c’est que la
tente est très bruyante et qu’il n’est pas souhaitable d’y demeurer trop
longtemps. Même régime alimentaire qu’à Saint Gervais. Il passe bien après 5
heures de course, il n’ y aura pas
de raison d’en changer
A la sortie du village, Murielle
est venue m’encourager. Elle m’accompagne pendant un bon kilomètre. Cela fait
très plaisir d’avoir un soutien et de parler un peu.
Les CONTAMINES – NOTRE DAME DE LA
GORGE – LA BALME : 8,1 kms
La montée vers la BALME est la
première grosse difficulté. Il y a beaucoup de monde tout en bas de la montée
pour encourager les coureurs. Un brasero est allumé juste après le petit pont.
Bonne ambiance.
Passage à la BALME à 23H09,39
kms, 1296 et 6H39 de course. Arrêt express au ravito. L’organisation demande à
une concurrente de mettre une veste. Il fait toujours aussi bon même si non
montons en altitude.
LA BALME – COL DU BONHOME –
REFUGE DE LA CROIX DU BONHOME : 8,6 kms
La montée du col de bonhomme s’effectue sur le même rythme. Mes bâtons sont bien utiles.
Le spectacle est superbe avec
toutes ces frontales qui montent progressivement. Le ruban est très long devant
mais se déroule également très loin derrière.
Passage au refuge de la croix de
Bonhomme 45 kms, à 00 :52 en 1295ème position, 8H22 de course.
Je m’engage dans la descente pour
atteindre les Chapieux et là première belle chute la tête en avant. Bon il va
falloir être vigilant dans ces lacets et ne pas marcher sur les miens.
LES CHAPIEUX .( 01 :45,
50 kms, rang 1260, 9H14 de course): 5,2 kms,
Arrivé au ravitaillement contrôle
du matériel obligatoire (lampes de rechange, téléphone, veste) avant de pouvoir
se restaurer. Bon pas beaucoup de place pour s’assoir, il y a quelques places
dehors mais j’ai peur de me refroidir. Je reste en tout dix minutes.
COL DE LA SEIGNE : 10,3 kms
La suite vers la Ville des
glaciers est une longue route de 6 kms en faux plat montant avant d’atteindre
le bas du col de la Seigne (04 :12, 60 kms, rang 1139, 11H42 de course).
Marche active sur cette portion de route, le ciel est parfaitement étoilé. Pour
me détendre un peu les jambes, j’essaye de courir avec la longue montée visible
par les lampes qui tracent le chemin.
LAC COMBAL : 4,4 kms
Arrivé au ravitaillement du lac de Combal (05 :02,65 kms, rang
1119, 12H32), pas de place pour s’assoir afin de boire ma soupe dans des
conditions confortables. Alors je repars, il y a quelques kilomètres assez plat
dans la vallée mais là je marche afin d’attaquer l’arête du Mont Favre . Pour tout dire, je n’ai pas vu le lac
alors que nous sommes passés tout proche.
ARETE DU MONT FAVRE : 4,3 kms
J’arrive en haut au pointage de
l’arête du Mont Favre (06 :22, 69 kms, rang 1094, 13H52) le jour se lève à
peine. Rapidement le paysage devient magnifique. Quelques coureurs font une pause pour prendre quelques
photos. J’ai renoncé aux photos sur la course depuis l’année dernière avec
Stéphane. Nous avions tellement pris de photos et de pauses pour la postérité
que nous étions ultra limite pour les barrières horaires. De plus, il y a des
professionnels sur le parcours qui prennent de superbes clichés.
COL CHECROUIT – MAISON
VIELLE : 4,9 kms
Nous descendons vers le col du
Chécrouit et maison Vielle ( 07 :08,73 kms, rang 1082, 14H37). Un duo de
japonais en Hoka font le yoyo, la technique de course est un peu différente,
ils trottinent par petit pas.
COURMAYEUR : 3,8 kms
Petite pause fromage et TUC avant
la descente de 3,8 kms et 800 mètres de dénivelés négatifs vers Courmayeur. Je
me lance dans la descente derrière un petit groupe. Nous allons de plus en plus
vite jusqu’à l’arrivée à la base vie (07 :54, 78 kms, rang 1083,15H24). La
descente est très poussiéreuse mais j’aime bien, je prends même des petits
travers tout droit pour doubler. Les premiers spectateurs encouragent à
l’entrée du village ce qui oblige à courir dans ces ruelles fort sympathiques.
Je récupère mon sac pour me
changer et avaler une assiette de pâtes pas trop cuites (alors que nous sommes
maintenant en Italie). Petit problème, je n’ai pas anticipé le beau temps et
mon tee-shirt manches courtes d’hier est détrempé et je vous passe le parfum.
Ce sera manche longue pour tout le reste de la course.
Pas de signe de fatigue prononcé, alors je repars au bout de
26 minutes. Si au départ le chemin est goudronné, dès la sortie de la ville la
montée se fait en file indienne vers le refuge de Bertone.
REFUGE BERTONE : 4,9 kms (
09H44, 857, 17H13 de course)
Dès le bas de la montée je me
cale derrière une concurrente d’une team et prends son rythme. Je ne suis pas
le seul et après une heure, nous sommes une dizaine à monter dans le même pas
sans vouloir doubler. Seuls le son des souffles bercent la montée.
REFUGE BONATTI : 7,3 kms (
11:14, 90 kms, rang 818, 18H43 de course)
Après une petite pause d’environ
10 minutes, direction le refuge Bonatti, j’ai reçu un texto de Stéphane qui me
dit que maintenant je peux courir. En fait, je vais alterner marche et course
pendant un certain temps. L’alternance n’est pas symétrique, c’est plutôt 1
minute course et 5 minutes marche. Avant de suivre le chemin à flanc de
colline, nous dépassons la sortie du tunnel du mont blanc coté Italie. Le
chemin est superbe jusqu’au ravitaillement où je me pose un peu plus longtemps.
Il est vers 11 heures et j’ai faim, je redemande trois fois de la soupe et
double dose de coca.
ARNUVA : 5,2 kms
En repartant, j’alterne marche et
course ou plutôt maintenant marche et marche rapide.
Descente jusqu’au ravitaillement
du Arnuva (12 H21, 95 kms, rang
835, 19H51 de course). La
descente fait très mal aux cuisses et je commence à avoir mal aux pieds, mais
au détour d’un virage, un photographe. J’esquisse un sourire selon moi mais il
ne se verra pas sur la photo. Dans la descente, on voit au loin, les coureurs qui montent au col ferret,
ils ont plusieurs heures d’avance sur moi. L’aventure n’est pas terminée….
Au ravitaillement ( non je ne
pense pas qu’à manger sur une course), je complète mon régime alimentaire par
de la viande de bisons et je double ma ration de fromage. En repartant, compte
tenu de la chaleur et des « difficultés qui vous attendent »,
les bénévoles conseillent de faire le plein en eau. Je m’exécute.
GRAND COL FERRET : 4,5 kms
Dans la montée, je m’aperçois que j’ai mal visé le
bouchon de ma réserve et que j’ai perdu une bonne partie d’eau. Le prochain
ravito est dans 16 kms, il va falloir économiser. Cela complique un peu plus la
montée, dès que j’ai la bouche très sèche, une gorgée pas plus. Bon je commence
à gamberger mais l’avantage c’est que je ne pense plus ni à mes cuisses ni à
mes pieds. J’arrive à Grand col ferret (14:02, 99 kms, rang 832, 21H38). Pas de
pause et heureusement dans la descente, il y aura une source. On ne m’y
reprendra pas. La Fouly est à 9,4 kms.
J’ai du mal à courir dans cette
longue descente vers la Fouly…
Elle paraît interminable, seconde chute cette fois sur le dos.. je me relève rapidement et j’en profite
pour constater que mon sac est trempé et tout ce qu’il contient. Arrivé en
bas, il faut monter descendre
plusieurs fois avant d’atteindre la route qui mène à la Fouly (15:55, 832 et
23H24).
montée sur Champex |
PRAZ DE FORT – CHAMPEX-LAC :
14 kms
Je prends un peu de temps à ce
ravitaillement (13 minutes) afin de prendre une nouvelle soupe et une bonne
dose de coca. Bon je repars à 15h55 et je fais la connaissance d’ un
jurassien qui est à son deuxième UTMB. Nous restons ensemble jusqu’à Champex où
il décidera de faire une pause de bonne demi heure. Je n’ai pas retenu ni son
nom, ni son numéro de dossard, mais il connaissait très bien le parcours.
Rapidement, nous constituons un petit groupe, nous alternons marche active et
course lente.
Nous traversons PRAZ DE FORT où
des enfants proposent des boissons gratuites et nous encouragent vivement. Cela
doit faire des heures qu’ils sont là et sont toujours aussi motivés.
La montée vers Champex-Lac est
agrémentée de statues en bois. Je dépasse un concurrent sans chaussures. Il y
en a qui sont très très motivés, j’espère qu’il est allé au bout.
Arrivée à Champex-Lac (124 kms,
rang 770 à 18H51, 26H21 de course). Beaucoup de monde à l’arrivée dans le
village et pas mal d’émotion (en vrai cela veut dire que je suis fier et
heureux).
BOVINE : 9,9 kms
La tente est pleine de vie et
après les pâtes (pour changer), et
le changement des piles, je repars tout doucement le long du superbe lac puis
sur les allées forestières. Avant la montée, la nuit est apparue et je dois
mettre la frontale. Sensation particulière dans la profondeur de la forêt, je
suis tout seul pas de lumière devant et je n’entends pas de coureur
derrière. La montée est assez
longue vers Bovine 700m de dénivelé et au bout de quelque temps je me retrouve
à donner le rythme à un groupe de trois. Nous dépassons une concurrente qui
semble avoir vraiment du mal, je n’ose pas lui parler. Elle me redoublera
quelques heures plus tard très reboostée. J’arrive en haut à 21H20, 133 kms,
rang 686, 28H49 de course.
TRIENT : 6,6 kms
Après le contrôle, cela monte
encore un peu puis c’est une longue descente vers Trient , 22H55, 140 kms, rang
673 et 30H25 de course. On voit tout
en bas les lumières de Martigny. Nous passons le long d’une étable et
continuons la descente vers le centre du village. J’aperçois en face des
lumières qui remontent.
CATOGNE – VALLORCINE : 10,3
kms
Avec la fatigue, je ne veux pas me refroidir alors le temps
de recharger en eau (8 minutes) et c’est reparti pour la montée de Catogne. Et
oui, surprise, le parcours retenu
n’est pas plat entre les deux villages de Trient et de Vallorcine, il faut
passer par Catogne, à 00 :44, 145 kms, rang 633,32H14 de course. J’aurai
du mieux apprendre le parcours. Alors je monte, une jeune concurrente belge
parle pour ne pas s’endormir. Dès que le col est passé, elle s’envole avec une
autre féminine. Je la rattraperai juste en bas à l’entrée de Vallorcine. On
passe par le col de la Forclaz.
J’arrive à Vallorcine il est
(02 :02, 150 kms, rang 634,
33H31), bonne musique sur le ravito. Il reste 18 kilomètres, je ne peux plus
reculer ou plutôt m’arrêter. Je reste 8 minutes. Pourtant, à la sortie, les
choses se compliquent un peu, une grosse envie de dormir me tombe dessus, je
décide de poursuivre en marchant. Je dois avoir quelques absences mais pas
grave car c’est un faux plat montant. Des coureurs me dépassent mais impossible
de les suivre. Certains ont du passer je ne les ai même pas vus.
LA TETE AU VENT : 7,7 kms
La montée de la Tête aux vents
est un petit calvaire, que des blocs et un chemin sinueux en montée où il faut
suivre la rubalise. J’ai fait le parcours inverse lors des 80 kms de Chamonix
en juin mais ce parcours ne m’avait pas laissé un si mauvais souvenir (en fait
c’était de jour et dans l’autre sens). Bon j’arrive tant bien que mal à la tête
aux vents ( 158 kms et rang 618 à 4H45,36H15).
LA FLEGERE : 3 kms
Les bénévoles m’annoncent qu’il
reste 3 kms pour la Flégère avec de la descente et de la montée . Il faut
combattre le sommeil, les cailloux, les blocs rocheux. J’arrive péniblement à
la Flégère à 05 :43, 161 kms, rang 623,37H12. Une heure pour faire trois
kilomètres. Je n’ai perdu que trois places mais j’ai l’impression de m’être
fait doubler par des dizaines de concurrents. Une dernière soupe et maintenant
c’est la fin, il ne reste que 7,8 kms et en descente. Les bénévoles
m’encouragent avec ferveur.
CHAMONIX : 7,8 kms
J’ai mal aux deux pieds avec de belles ampoules sur
le coté et une sous la plante du pied droit. A chaque fois que je pose le pied
de travers je ressens une vive douleur même si cela reste supportable. Le
problème est que je ne pose jamais les pieds droits du fait des cailloux et la
douleur devient continuelle. Il faut penser à autre chose, je suis finisher et
je vois la ligne d’arrivée dans ma tête. Nous étions trois ou quatre en file
indienne et petit à petit , chacun reprend un véritable rythme de course en descente.
On ne va tout de même pas arriver en marchant après 165 kms.
Le jour est levé lorsque je
rentre dans les premières ruelles de chamonix. Je passe sous un premier porche
et m’arrête pensant en avoir fini, encouragé par des italiens. Non, l’arrivée
est à un kilomètre, quelques encouragements des premières personnes qui sont
levées. J’arrive à 07H13 en 38H43Mns et 16 secondes à la 620ème
place et 254ème Vétéran 1 homme. Ma moyenne a été de 4,79 km/h.
Je suis heureux, je lève les bras
pour la photo. Une grande satisfaction d’avoir terminé dans de bonnes
conditions. Pas de blessures que des petits bobos qui disparaîtront dans la
semaine.
Je récupère la veste de finisher,
elle est rouge cette année. C’est un véritable signe de reconnaissance, mieux
qu’une médaille.
Mon objectif était d’être
finisher en 42 heures de course afin de laisser
derrière moi les barrières horaires sans trop de pression. Le temps a été
idéal. Le parcours est superbe, il alterne des bonnes montées et des portions
sur lesquelles on peut courir. Je n’ai pas du tout dormi sans en ressentir un
véritable besoin.
Après la douche, je rejoins
Murielle, Eric et Nolwenn sur la ligne d’arrivée pour voir les nouveaux
finishers. De nouveau, l’ambiance est indescriptible tellement il y a d’émotion
avec les familles, les enfants, les amis. Nous prenons un dernier repas à
Chamonix et j’achète l’affiche UTMB qui sera placardée avec les autres dans mon
bureau. Je récupère la voiture pour rentrer à chartres où j’arrive vers 22
heures, heureux de retrouver les filles et raconter mon aventure.
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