Quelle belle aventure ! Prévu en novembre dernier, cet Out of Time a été reporté en raison d’une grosse tempête qui a ravagé la forêt de Montgeon. On avait bien meublé, avec François l’organisateur, le trou dans le calendrier en faisant notre off de plus de 60 bornes dans les escaliers et les rues en pente du Havre.
Out of time reporté mi-janvier, il m’a fallu choisir. Inscrit sur le Trail hivernal du Sancy 2021 qui a été aussi reporté, je me trouvais avec deux dossards le même week-end, Le Havre et Sancy. Le choix fut vite fait. Même si j’aime beaucoup (énormément) courir en montagne, j’ai envie de faire des km en vue de l’énorme défi de cet été. Ce sera donc Le Havre.
Départ prévu à 19h30 donc j’arrive assez tôt, vers 18h15, pour installer ma table, ma chaise, mon ravito, sortir tout le matériel (vêtement, piles, lampes…) pour qu’il soit aisément accessible.
Puis je m’assois et attend en regardant les autres s’installer. Fait pas chaud, 1° dehors, 2 ou 3° dans le boulodrome couvert mais ouvert à tous les vents.
Certains ont des lits de camp, des optimistes me dis-je. Pas du tout, Nicolas, le double vainqueur du MUR compte tourner en 30´. Puis en attendant le nouveau départ, il a un gros duvet pour dormir 20 à 25´…. au début.
François entre en piste « départ dans 3 minutes. » Là, il explique qu’on fera alternativement le tour dans un sens puis dans l’autre. Ok. C’est parti. Je comptais mettre entre 42 et 45. Ce sera plus de 48. Aïe, aïe, va falloir réviser les objectifs. Secrètement, je me disais, 10 tours ce sera le minimum. Si ça va, j’essaie 15 et pour les cent bornes, c’est 17, juste deux de plus. Mais là, avec ces portions incourables (tas de feuilles, racines, pierres, boue (un gars y laissera même une chaussure aspirée par la glaise), branche et aussi prairies avec grandes herbes et plein de trous….) qui demandent plus d’efforts et ralentissent, ça va vite piquer.
Dès le premier tour, je change d’objectif. Dix, ce sera pas mal.
Malgré le froid plus vif dans la nuit, -3° annoncés, je ne peine pas. Habillé en trois couches, sous-pull manches longues léger, sweat respirant chaud et gore-tex, avec bonnet et gants, je ne me changerai pas pendant toute la course alors que d’autres ne cesseront de se changer entre chaque tour. Quelle lessive en rentrant !
Je trouve un bon rythme, je ne cherche pas à doubler mais dans la longue remontée le long du grillage, j'alterne course et marche tonique. En marchant, je double. C’est bon ça.
Les tours s’enchaînent. Les ravitos aussi. La soupe aux vermicelles offerte par l’organisation est bonne. Surtout, elle est chaude. Car l’eau sur ma table est vite glacée.
« Départ dans trois minutes », on s’amuse au début puis on redoute d’entendre cet appel récurrent de François suivi inévitablement des râlements des coureurs « oh non pas déjà, faites-le taire » auquel il répond avec un grand sourire « vous êtes barges, je vous aime mais départ dans deux minutes ». Au fil des tours, même si je ne m’assois que quelques minutes, le redémarrage est de plus en plus raide. Mais au bout de 300/400 m c’est reparti. Je retrouve régulièrement les mêmes coureurs. Mais on voit que pas mal s’arrêtent. Fatigués, comme ce gars qui annonce au deuxième tour « ce soir je vais essayer de battre mon record de distance qui date du semi-marathon du Havre », ou blessés car La Croix Rouge aura pas mal de chevilles à soigner.
À chaque mini-pause, j’envoie un sms à Danye avec le temps du tour pour lui montrer que ça va bien. J’apprendrai le lendemain qu’elle s’est endormie avant mon 5ème tour.
Au fil des tours, l’herbe de la prairie d’arrivée/départ craque de plus en plus, signe qu’elle gèle de plus en plus fort. Heureusement, la boue allègrement piétinée par tous ne durcit pas. Ouf ! De plus, on ne sent pas le vent dans cette forêt.
Sixième tour, je continue, je sens dans mes jambes que j’ai déjà fait des bornes mais ça va plutôt pas mal. Anticipant un coup de moins bien qui m’obligerait à repartir sans repos ni ravito au tour suivant, je mets deux barres énergétiques dans ma poche, au cas où. J’en n’aurai pas besoin. N’ayant pas confiance dans la batterie Nao, je prends également au septième tour une lampe frontale de secours. Elle me permettra de finir le neuvième tour. Mais comme j’ai oublié de changer ses piles presque vides, elle n’éclaire presque plus. Résultat, je vais moins vite et perd du temps sur mon tempo. Pas grave, je sais que je vais faire les dix tours aisément.
Je pèse le pour et le contre, continuer or not continuer. Je pourrais, c’est sûr, viser douze tours mais après il me faudra taper dedans pour finir dans les temps. Alors que là, je me sens bien, je vais pouvoir récupérer comme il faut pour le Bures 28 et enchaîner avec les 50 bornes du tour de Dreux le 30/01. Je décide donc de finir sur ce dixième tour. Comme d’hab, je pars en queue de peloton,mais comme ça va et que c’est le dernier tour, j’accélère un peu, un tout petit peu et finit avec mon chrono record. Très content !
Les coureurs autour de mon stand sont déjà partis. Tant pis pour eux !
Je m’abats sur mon ravito, tout y passe, petits sandwiches au chèvre frais, clémentine et pommes épluchées, cake maison, tucs, compote pommes-fruit de la passion, barres chocolatées… Je range tranquillement mes affaires, je me change, enfin et j’emmène tout mon barda à la voiture. Difficilement car l’arrêt pique-nique m’a refroidi les muscles et les courbatures se sont jetées sur moi. On discute un peu avec François. S’il veut qu’un coureur boucle les 33 tours maxi, il faudrait un parcours plus roulant, ou plus court. Il va réfléchir mais je doute qu’il change quelque chose.
4h40, je finis mon dixième tour. 5h15, je quitte le boulodrome en saluant François, son épouse Fanny et toute l’équipe de bénévoles. Je prends la route et voient dans la forêt un groupe de coureurs qui tâchent de finir leur onzième tour avant 5h35'. Coups de klaxon, encouragements et je file. 6h30, après une bonne douche chez Françoise, au lit.
Quelle belle nuit !
Les tours impairs (1,3,5,7,9) sont courus dans le sens horaire, les autres (2,4,6,8,10) dans le sens contraire.
Temps Barrière Temps
de course horaire. de repos
1/ 48´35. 60´. 11´25
2/ 48´42. 59´. 10´18
3/ 48´15. 58´. 9´45
4/. 47´39. 57´. 9´21
5/ 46´04. 56´. 9´56
6/. 45´52. 55´. 9´08
7/ 45´55. 54. 8´05
8/ 46´58. 53. 6´02
9/ 48´33. 52. 3´27
10/. 45´36. 51. ……
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