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Maratouristes/ Dreux

mercredi 24 juin 2009

Paris - Colmar à la marche: le récit de Jacques

PARIS-COLMAR 2009

Après un prologue désorganisé et fatiguant pour tous les participants, devant l'hôtel de ville de Paris, le 28ème Paris-Colmar s'élance enfin de Neuilly-sur-Marne le mercredi 17 juin à 19 heures, pour une longue « promenade » de 473 km. Parmi les nombreux « entraîneurs », puisque c'est le qualificatif employé pour désigner les équipiers des concurrents, on peut apercevoir le nouveau maillot vert des Maratouristes. En effet, j'ai pu suivre cette aventure au coeur de la course, recruté comme chauffeur du camping-car suiveur 7 places, au milieu de mes cinq coéquipiers:
-Un capitaine entraîneur nutritionniste.
-Un podologue psychologue marcheur.
-Un cycliste marcheur accompagnateur
-Un deuxième chauffeur
J'ai vécu pendant cinq jours une aventure sportive et humaine exceptionnelle. Bernard Frechengues dossard n°5, un athlète du club de Senart-combs , s'est élancé pour son dernier Paris-Colmar. Agé de plus de 60 ans, il en a déjà fini 4 et veut terminer sa carrière de « grand fondeur » en beauté après sa cinquième place en 2008. Parti très prudemment, le « diesel » , c'est le surnom affectif qu'on lui donne dans le milieu, se trouve à la 15ème place au premier pointage. Puis 12ème au km100 ; 10ème au km150 ; 8ème au km165 . Et déjà deux abandons dans le peloton.
La remontée fantastique continue, 6éme au km200 et cinq abandons; 4éme au km220. C'est l'excitation dans l'équipe, mais le capitaine calme rapidement notre euphorie: il sent que Bernard n'est pas au mieux depuis quelques heures.Une épaule qui s'affaisse, une main qui bouge mal, pour lui qui connaît son marcheur par coeur ce n'est pas bon signe.
Le premier repos obligatoire de deux heures à Bar-le-duc, dans 80 km ( 12 heures), sera t'il suffisant pour « recharger les batteries »? Notre poulain tient le coup péniblement mais malheureusement, prend un sérieux coup au moral quand il se fait dépasser pour la première fois, 20km avant la pause.
Arrêt. Soins des pieds. Massages. Les deux heures de sommeil espérées se transforment en trente cinq minutes effectives. Il faut déjà repartir, le réveil est très difficile, l'assistance psychologique indispensable.
Luc fait la grimace. Il sent que Bernard a besoin d'une nouvelle motivation: le 4ème n'est pas loin devant, il est lui aussi au bord de la défaillance. Bernard trouve les ressources pour se relancer: au 340km il n'y a que 8 minutes d'écart. Mais la route est longue, encore 130km, les barrières horaires se resserrent. La décision est prise: pour pouvoir participer à la dernière étape de 50km du lendemain, entre Corcieux et Colmar, il ne faut pas abandonner. Pour cela une seule solution, arriver à un ravito après la barrière horaire. Là on peut se reposer aussi longtemps qu'on veut puis on peut finir le parcours. On n'est plus en course mais on a le droit le continuer, on n'a pas abandonné.
Les juges nous arrêteront à Demanges-les-eaux au km 348, le prochain contrôle ne pouvant plus être passé dans les délais. 10 heures de repos. Il ne reste plus que 4 marcheurs à pouvoir faire la totalité des 470km.
Le quatrième, nous le retrouverons couché dans le fossé 10km plus loin. Luc avait raison! Arrêt à sa hauteur pour prendre des nouvelles, il attend le médecin de la course qui l'arrêtera. Plus que 3, puis 2 au km420.
Dernière étape, j'avais demandé à Bernard si je pouvais monter le col du Bonhomme à ses côtés, avec ses 350km dans les jambes j'avais plus de chances de pouvoir le suivre en marchant pendant les 10km d'ascension que lorsqu'il filait à plus de 8 à l'heure. J'ai connu là une des plus grandes émotions de ma modeste carrière sportive. Merci Bernard.
La fin de l'aventure fut bien plus triste, les organisateurs considérant que les concurrents n'étaient pas à la hauteur, n'ont remis des récompenses qu'aux deux classés (pas même une médaille aux autres) et pas à Bernard qui avait quand même fait tout le parcours. Un mépris qui a choqué tous les participants, une organisation pas toujours à la hauteur, et des épreuves incluses dans la course principale qui ont complétement désorienté les spectateurs (les coureurs de la marche "promotion", de la marche par équipes et du vrai Paris-Colmar, arrivaient sans distinction aux ravitos et contrôles), risquent de porter préjudice à cette formidable compétition.
Un grand bravo à tous les participants, marcheurs et accompagnateurs.
Jacques

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