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Maratouristes/ Dreux

mardi 15 septembre 2009

Grand Raid des Pyrénées (GRP): le compte-rendu de Stéphane

Après 2 UTMB ( 2006 et 2007) et une année de pose, j’avais envie de refaire un ultra-trail ; mon binôme Jean-Yves et notre amie Murielle ( finisheuse CCC en 2008) étant OK, on décidait donc de s’inscrire pour le Mont Blanc ; mais au dernier moment, par peur de ne pas être pris au tirage au sort, on s’inscrivait pour le Grand Raid des Pyrénées ( GRP), qui avait connu une 1° organisation plutôt loupée en 2008.

Mumu étant blessée, Jean-Yves se ressentant de la Montagn’hard du début juillet ( 10 000m de D+ et 115 km), et moi ayant des doutes sur ma cuisse, on décidait de partir pour le temps maximum autorisé, à savoir 50 heures pour 153 km et 9300 m de D+.

Arrivés le mercredi soir, on avait encore une journée entière pour se reposer et faire contrôler nos sacs. C’est là que je retrouvais 3 gars rencontrés sur le forum CLM , ainsi que Maurice Chenais, d’Eure et Loir.

Le soir, nous sommes allés à la pasta party tous les 6 : Nolwen, Eric et Murielle, Christine et Jean-Yves et moi-même ; le repas était très bon et copieux. Mais il fallait aller se coucher car le lendemain, le réveil était programmé pour 3h30 ; la nuit fut agitée et courte pour nous 3 ; j’allais m’en rendre compte quelques heures plus tard…

A 5 h du matin, nous nous sommes élancés tranquillement au milieu de plus de 450 autres coureurs, en direction de Vignec, sur une route en légère montée ; la température était douce, la pluie n’était prévue que dans la journée.

Mais la 1° grimpette arriva dès le 2° km ; on choisit de monter à notre rythme et de se laisser dépasser par les plus rapides que nous ; nos jambes vont bien et la montée de la piste noire d’Espiaube nous réchauffe bien : la vache, c’est raide !

Au col du Portet, on arrive à 7h53 ; on se ravitaille et on met la veste car on est dans les nuages et il fait froid ; en avançant, on redescend et on voit des paysages magnifiques : des cailloux énormes, des petits lacs où l’eau est transparente, des cailloux et encore des cailloux ; et c’est bien là le problème : Mumu n’est pas très à l’aise dans ces passages techniques et on perd du temps et des places ; quand le chemin est à nouveau dégagé, en terre, on avance bien ; mais il faut commencer la 1° vraie descente sur Artigues ; il pleut, le sol est mouillé et ça glisse ; ça devient difficile pour Mumu dont la douleur au genou s’est réveillée dès les premiers pas de descente ; on marche lentement.

C’est moi qui ai les temps de passage estimés, grâce au logiciel de Rémi Poisvert sur softrun, et je sais qu’on va être « limite » pour la 1° barrière horaire ; on retrouve nos supporters en bas, ce qui a pour effet de booster tout le monde ; on arrive à 12h16 pour une barrière à 13h !

Heureusement, la remontée sur le Col de Sencours se passe très bien et on monte à un bon rythme ; on passe à 14h41. Mais après le ravito, juste sous le Pic du Midi qu’on apercevra 30 secondes avant de disparaître dans le brouillard, une nouvelle descente nous attend. Dès le début, Mumu s’arrête à cause de la douleur et elle parle d’abandonner ; je lui dis que si elle doit le faire, c’est maintenent car il y a un poste d’abandon ; sinon, on est obligé de repartir pour 4 h ( on en mettra 5 !) ; Jean-Yves la convainc de prendre un doliprane et de continuer. Le temps est de plus en plus pourri et on fait tout en marchant avec d’autres coureurs, dont je me demande s’ils savent qu’ils risquent d’être éliminés ; c’est d’autant plus surprenant que certains d’entre eux n’ont aucun bobo ; il y a des passages très techniques et glissant, voire dangereux, avec 400m de vide à côté ; au bout d’un moment, je passe en tête et JY fait le serre-file ; mais je vais trop vite et je distance mes 2 compagnons, emmenant dans mon sillage 4 autres concurrents bien contents de ne pas avoir à chercher la rubalise dans le brouillard ; finalement, j’attends mes compères et on arrive péniblement à Hautacam, qui se trouve à 10km au-dessus de la 1° base-vie ; mais Mumu décide prudemment de ne pas s’engager dans cette descente qui s’annonçait galère pour elle ; on la laisse au ravito où d’autres coureurs veulent aussi arrêter ; mais ce n’est pas un point d’abandon et il n’y a qu’une voiture pour remmener tout le groupe ; on apprendra plus tard que l’organisation a fait monter un car dans le brouillard pour venir chercher les coureurs ; mais Mumu aura attendu plus de 2 h avant de parcourir les 10 km qui la séparait de sa fille te de son mari…

C’est là que commence une 2° course pour Jean-Yves et moi.

On descend à fond la caisse pendant 9 km et on récupère du temps et des coureurs : ce sont nos premières vraies foulées et on se régale.

Arrivés à la base-vie à 21h23, on nous annonce qu’on ne peut pas repartir à cause des conditions météo exécrables et dangereuses en haut : 6° C au Turon de Bene qui se trouve 900m plus haut et 3° C au sommet du Cabaliros qui se trouve encore 900m au-dessus, à 2400m d’altitude. Après négociation avec le colonel des pompiers, on a le droit de repartir si on reste tous les 2 ; il est 22h02 et Mumu n’est toujours pas redescendue ! On se couvre chaudement après avoir manger des nouilles « à chien », bien collantes, sans matières grasses, si vous voyez ce que je veux dire…

Malheureusement, je suis pris d’une terrible envie de dormir au bout d’une demi-heure ; je veux aller me coucher n’importe où, je n’ai plus que ça en tête ; impossible de suivre les autres coureurs ni Jean-Yves ; je titube et je pense à abandonner ; mais le cauchemar de mon abandon à la Montagn’hard me revient à l’esprit ; cette fois, je n’ai pas l’excuse de l’hypo ni de ma fille malade. Alors que je transpire comme un bœuf ( à 23h ), je me décide à me découvrir : j’enlève le bandeau, les gants et la veste Gore-Tex ; il pleut, je suis trempé et en sweat, j’ai froid et, miracle, ça me réveille! Je repars, en tremblant de froid et ne pense qu’à avancer dans les pas de Jean-Yves que rien n’arrête. Oh, ça ne va pas très vite, mais on arrive au Turon pour se ravitailler ; je remets ma veste car il pleut trop et on repart pour 900 m de D+, en pleine nuit ; au début, ça ne monte pas beaucoup, et comme on marche, on se dit que ça va prendre toute la nuit ; et puis, le final est « droit dans le pentu » ; mais il faut chercher la rubalise dans le brouillard. En haut, en plein vent, 2 commissaires de course qui nous pointent et nous expliquent le chemin de la descente. C’est long, glissant, mais on marche vite et on reprend plusieurs coureurs, dont certains parlent d’abandonner. On traverse Cauterets en pleine nuit et on arrive dans la salle du ravito à 6h42. Je propose à Jean-Yves de se reposer 20’ car j’ai trop envie de dormir ; on s’allonge donc sur un lit de camp ; la femme pompière nous réveille au bout de 20’, on remange et on repart pour l’ascension du Col de Riou. Le repos nous a fait du bien à tous les 2 et on fait route côte à côte ; mais Jean-Yves est vraiment plus fort que moi et il me distance ; je sais qu’il m’attendra plus haut, je ne force pas mon rythme ; au sommet, on vide les cailloux de nos chaussures et on attaque la longue descente vers la 2° base-vie, à Lutz Saint Sauveur. La fin de la descente est galère car il s’agit d’une route sur 6 à 7 km ( celle qui monte à Lutz Ardiden, bien connue du Tour de France) ; je ne peux plus courir car ça me chauffe « grave » sous les pieds ; enfin, on arrive sur le plat et on retrouve nos supporters ainsi que Mumu ; il est 12h58.

Comme on a beaucoup d’avance sur la barrière horaire, on prend le temps de bien manger, de se changer, de discuter, de téléphoner ; nos supporters repartent avec nous pendant une heure ; puis on se retrouve tous les 2 ; on papote en avançant ; on arrive à Tournaboup à 17h48 et on discute bien avec les bénévoles, super accueillants.

En remontant le col de Bareilles, on traverse un vallon magnifique, un vrai coin de Paradis, avec des moutons, des ruisseaux, des cailloux ; Jean-Yves veut y transporter sa fuste ! Puis on attaque la montée finale du Col : c’est terriblement raide ; je passe devant et monte comme un enragé ; JY me demande pourquoi je ne fais pas ça à chaque fois ! En haut, on se retourne sur notre vallon : c’est magnifique ; les nuages forment une mer, on est au-dessus, le soleil se couche. Si on était arrivés 30’ plus tôt, on aurait pu en profiter ; mais là, dès que le soleil a disparu, il fait froid ; les contrôleurs nous annoncent 9°C ( il faisait plus de 20°C 10 minutes plus tôt sur l’autre versant).

On attaque une super descente de blocs, dans le noir ; il y a des cailloux partout, dans tous les sens, parfois très haut et difficiles à descendre( du genre Bovines, mais dans l’autre sens) ; et ça va durer plus de 2h !C’est très technique. Mais là où ça se corse, c’est que nous avons des hallucinations tous les 2 ! On voit des milliers de dessins par terre, JY voit des chefs indiens ( des ombres de sapins avec la rubalise qui flotte au vent), on entend des voix…On en rigole tous les 2, mais on est bien content de ne pas être tout seul sur cette partie difficile qui requiert toute notre concentration. Arrivés au ravito du Lac de l’Oule, on se fait rattraper par une dame plus âgée qui fait le 75 km ; on fait la remontée du Col de Portet ensemble ; mais elle doit y pointer avant 2h du matin et nous avant 4h ; elle lâche Jean-Yves pour arriver à temps et nous donne rendez-vous là-haut ; à son tour, JY me lâche car il a froid ; je ne me presse pas du tout, je savoure même cette dernière montée seul car c’est la dernière difficulté ; après, je sais qu’il y a une longue descente, mais on sera FINISHERS ! Ces pensées m’amènent jusqu’au ravito il est minuit 50’ ; dans la tente se trouvent la dame, JY et des pompiers qui me proposent une saucisse-mayo ! Génial ; je prends le temps de bien mâcher car la saucisse froide a du mal à passer !

Mais JY me presse pour repartir ; il a raison car il fait froid ; pas de bol, on tombe dans la mer de nuages, en pleine nuit ; il faut encore chercher la rubalise ; un contrôleur viendra à notre rencontre pour remettre le précieux ruban qui s’était envolé ; il sera notre guide pour la partie la plus technique de cette descente ; après, c’est beaucoup moins pentu ; j’ai très mal sous les pieds et je crains des mégas ampoules ( en fait, ça ne sera qu’un méga échauffement) ;

je descends à mon rythme et retrouve Jean-Yves avec Christine et Mumu ; SUPER car l’arrivée n’est pas loin ; alors on se met tous les 2 à raconter nos hallucinations et on part d’un bon rire dans la nuit ; on repasse à Vignec, on fait des photos et on arrive sur la ligne d’arrivée ; à ce moment, je repense à mon arrivée de l’UTMB 2006 avec Jean-Yves, les yeux remplis de larmes de joie et de fatigue ; la foule nous applaudissait… Retour à la réalité : il fait nuit noire et il n’y a que 2 personnes de l’organisation pour nous applaudir ; peu importe, on a gagné notre pari, à savoir tout faire en marchant. Nous ne sommes pas les derniers, mais presque ; dans le chapiteau, je jette un sort à la tarte aux pommes de Carrefour Market ! Personne pour s’occuper de nos pieds ; la pompière prend sa pose, bien méritée sans doute ; on rentre en voiture à l’appartement et chacun se jette sur son lit ; je me déshabille, sale et crevé mais heureux.

3 heures plus tard, réveil, douche et petit déj tous ensemble ; seule Mumu est déçue mais contente de nous voir heureux tous les 2 ; rendez-vous est pris pour l’UTMB 2010.

On se dépêche pour aller voir la remise des récompenses puis on va sous le chapiteau où un buffet froid « monstrueux » nous tend les bras ; je me goinfre de verrines et de petits fours.

Après le buffet, je vais visiter la mine de manganèse de Vielle Aure avec Nolwen, Eric et Murielle pendant que Jean-Yves et Christine vont se promener en montagne avec des collègues de Mumu qui avaient fait le 75 km .

Super petit resto le soir et retour le lundi après un week-end bien rempli.

Voilà, une bien belle course, parfaitement maitrisée par l’organisation cette année ; très difficile techniquement, à cause des blocs de pierres qu’on ne rencontre pas sur le TMB.

De plus, le fait de partir à 5h du mat nous oblige à avoir une nuit très courte avant la course ; et comme nous ne sommes pas rapides, les 2 nuits blanches suivantes ont été très difficiles à supporter. Il vaut mieux un départ en soirée, avec la 1° nuit où on est encore en pleine forme.

Maintenant, place à Millau où je suis meneur d’allure en 13h sur le 100km pour la 3° fois ; Jean-Yves sera meneur en 13h30 pour la 1° fois ; quant à Christine ; elle essaiera de passer sous les 15h ; à suivre…

Steph

1 commentaire:

Didier a dit…

Hmmm! ça donne envie... j'adoooore la tarte aux pommes.