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Maratouristes/ Dreux

samedi 20 juillet 2013

Ice trail Tarentaise: le compte-rendu de Philippe

Pas de bol ! Je n'ai pas pu m'amuser sur mon premier gros objectif de l'été... Pourtant cette année, tout était là pour bien gazer:
* les conditions, superbes, avec un ciel bleu de rêve...
* les jambes en qui j'avais confiance après la belle série Vulcain-Piqueurs-Grand Raid 73-Aravis-Cross Mont Blanc.

deux Maratouristes confiants au départ

Mais voilà, un troisième paramètre, inattendu, m'a joué des tours: mes sinus.
Sinusite, maux de tête toute la semaine avant la course où j'ai tourné au Doliprane et eu du mal à dormir...
Ajoutés à cela, 4 apéros ou repas bien arrosés dans la semaine et vous aurez un mélange à qui j'attribue la fatigue extrême qui m'est tombée dessus dans la Grande Motte et ne m'a jamais lâché.

4 h du mat' dans les rues de Val d 'Isère, le départ est pour bientôt

Parti cool, j'étais bien à Tignes où l'on voyait le jour poindre.
Dans la montée vers la Grande Motte, cela allait bien. Sans forcer outre mesure, je double. Quelques rares me passent.
Arrive la zone de chaînage où l'on doit enfiler nos yaktrax pour aborder la partie enneigée, gelée à cette heure, du glacier. Et qui vois-je poindre juste avant le soleil ? Didier ! Sur mes talons après 800 m+ ! Sans dévaloriser la perf de notre infatigable Didier, je n'ai pas dû monter aussi vite que je le pensais.

500 m+ au-dessus de Vald 'Isère. Les lumières de la ville...

autour du lac de Tignes, on sent le jour poindre (j'aime bien ce verbe...)

zone de chaînage, Didier arrive

regroupement de coureurs sur la zone de chaînage

yaktrax au pied, ça monte vers le ravito... on reconnaît aisément Didier en orange dans le groupe

au fond en-haut le sommet de la Grande Motte. C'est la 1ère fois en 3 éditions que le course peut y passer, météo oblige...

trail estival ou hivernal ???

je suis au ravito, il reste 600 m+ à faire pour aller en-haut

des bénévoles aux petits soins pour les coureurs

et mon Didier arrive déjà
Didier prêt à passer la Grande Motte

Quasiment ensemble on arrive au ravito 200 m+ plus haut. On en repart vite. Ne restent que les 600 m+ sur le glacier. Magnifique surtout que j'imagine à ce moment faire course commune avec Didier, ça va être superbe. Il semble en forme, ça va être une bonne journée.
Mais voilà, lentement, régulièrement, inexorablement, Didier prend un mètre, deux, cinq, dix, il me lâche, sans accélérer.
Pas de problème d'altitude, je respire bien mais je suis de plus en plus fatigué, je dois m'arrêter souvent pour reposer les jambes.

derniers mètres avant le sommet, ça bouchonne, on reconnaît Didier en orange, le coureur isolé derrière le grand groupe et devant deux coureurs...

au sommet, vue extraordinaire sur les Alpes. Il ne manque que la table d'orientation

début de la descente, faut pas déconner, rester prudent sur ce monotrace gelé

Près du sommet, ça bouchonne dans les parties techniques d'escalade. J'apprécie ces arrêts obligés.
Je me rassure : "on avait 2h15 d'avance sur la barrière au ravito. Je peux lever le pied, ça va revenir..."
Jamais ! La descente dans une neige bien plus molle qu'à la montée ne m'amuse pas trop.
Certains glissent sur les fesses et vont vite. Je préfère m'appliquer à marcher en rythme pour récupérer et retrouver les jambes.
fin du glacier et du gros névé qui suivait, alternance de bosses et descentes vers le col de Fresse

Sur le replat qui suit, je ne peux suivre les groupes qui me doublent; ça va revenir, patience. Mais pour l'instant, ce qui revient ce sont les coureurs qui étaient derrière moi.
Ouf, le col de Fresse (droit devant) arrive. Juste avant une bénévole contrôleuse vérifie les passages.

ravito du col de Fresse

la Grande Motte vue du col de Fresse. Entre ce sommet et ce col, Didier me met presque 25 minutes !
C'est pas beau la montagne sous le soleil ?

Ouf, le col de Fresse est là. Je ne dois pas être brillant car une bénévole m'apporte une soupe à l'endroit où je me suis allongé. Puis elle me remplit mon camel. Chapeau le dévouement mesdames !
sympas et jolies les bénévoles du col de Fresse

Puis après avoir mangé comme il faut (je n'ai eu aucun souci digestif, comme d'hab'!) je repars au bout de 10 minutes. Le col de Rocheure, c'est loin, c'est long, 15 bornes et c'est haut, presque 800 m+ cumulés pour y arriver. Pour rester dans les barrières, il faut le faire en moins de 3 heures. Normalement, ça passe largement mais ce dimanche ...

à la vitesse où je vais, j'ai le temps d'admirer les fleurs, ici des gentianes

Je m'arrête souvent, pas uniquempent à cause des fleurs. J'ai mal aux jambes. Je récupère le réseau. Je vois vos messages d'encouragement, d'inquiétude car sur internet, vous voyez que Didier est loin devant !J'appelle Danye. "ça va pas fort, fatigué, incapable d'avancer en rythme... Mais j'y crois, ça va revenir, ça revient toujours..."
C'est pas souvent que Danye m'entend dire que ça va pas. La 1ère fois depuis l'UTMB 2006 je crois... Elle comprend alors que ça va vraiment pas fort et me conseille de m'allonger 10 minutes. OK. Je mets mon téléphone à sonner. Il n'aura pas le temps de le faire car un gars me secoue. "ça va ? tu as encore un dossard ?" A des deux OUI, il répond :"OK, je t'attends, je suis le serre-file !"
Merde, déjà le serre-file, ai-je dormi 2 heures ? Et non, 5 minutes.

un vallon comme je les aime (pas ce jour-là), une belle descente et la remontée vers le col en face...

alternance de névés et de prairies, ici on est à plus de 2500 m

quel parcours génial !

tiens, d'autres fleurs, des gentianes de Koch


petit lac encore un peu gelé


la fin approche pour moi. eu-haut à gauche le col de Rocheure (plus de 2900 m d'altitude) où je n'arriverai jamais. 400 m+ à grimper dans la neige...

Le serre-file est avec un gars pas en forme non plus. Vexé, je repars à un bon rythme. Tiens, ça va mieux. Mais je n'ai pas le temps de finir cette pensée que la fatigue me retombe dessus.
Là, le moral en prend un coup et l'idée de l'abandon commence à germer en mon esprit. Je continue quand même et, suivi à 50 m par le serre-file et son coureur, j'arrive au contrôle du pied du col de Rocheure. Trois coureurs sont là, sans dossard, ça ne sent pas bon du tout. La bénévole me dit :"vous avez fait 37 km et 2600 m+ en 9h45. Il vous reste moins de 6 heures pour faire 30 km et 2400 m+". Pas besoin de calculette pour savoir, qu'avec le mal que j'ai à passer le moindre faux-plat, il me serait impossible de grimper 2400 m+ dans les temps.

dans la descente, hors-parcours, cascade, névé, vaches...

En étudiant après la course nos temps de passage, j'ai vu que Didier était presque 10 bornes plus loin que moi et qu'il n'est pas passé ! C'était mission impossible et j'ai donc pris la bonne décision en disant à la dame que le 404 arrêtait. C'était pas mon jour mais comme dit Jacques, c'est mieux qu'une blessure.
Mais c'est rageant car il me faut désormais attendre un an pour inscrire cette course à mon palmarès !
Seul point positif de la journée: je sais déjà ce que je ferai aux alentours du 14 juillet 2014 !

début de week-end calme avec petit déj' au soleil à Saint-Pierre

qui a dit que c'était le bordel dans une chambre de trailers la veille d'une course ?

La veille de la course, l'organisateur avait dir dans les colonnes du dauphiné Libéré :"c'est une course élitiste et il y aura 50% d'abandons. " Il avait presque raison avec 62% de finishers.
Raison de plus pour y aller et finir en 2014 !

MORALE de l'histoire. Comme le Grand Raid 73, l'ITT est une course de montagne dure. Il faut vraiment être en forme et n'avoir aucun souci pour espérer finir. Les barrières horaires exigeantes s'ajoutent à la difficulté du parcours. En tête du classement des Maratouristes grimpeurs, Didier et Philippe ne sont pas passés cette année car ils n'étaient pas à 100 %. Mais ce n'est que partie remise...

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