Mieux vaut tard que jamais comme l’on dit. Ce cr m’aura pris plus de temps
à être pensé et écrit que celui de la course mais oui! Ça y est: je suis
finisher de l'UTMB 2013!
Bon... après il ne faut pas regarder le temps ... 44h40, c'est loin d'être
glorieux mais avec la prépa de daube et pas vraiment en adéquation avec ce qui
m'attendait, je m'en tire finalement pas trop mal. Je me souviens encore de la
phrase de Philippe : « on est d’accord ? Tu vas à l’UTMB pour
finir, pas pour voir ! »
Alors uniquement des courbatures aux quadris et 2 ampoules aux talons, cela
aurait pu être pire!
J’ai rechaussé les running 2 semaines après, ce n'est pas bon de
s'appesantir sur le canapé !
Que dire de cette course mythique et de cette ambiance complètement
démesurée ??
Avec Fred, nous avons passé une semaine au pays du trail et de la course à
pied !
Des coureurs partout (dont les Maratouristes Flo, Didier, Sophie et sa
moitié, Henri, Martine et Anne!), le salon du trail, Chamonix et ses chemins,
et les magasins uniquement consacrés à notre passion, au risque de finir ficher
à la Banque de France car c’est si facile de faire flamber la carte bleue pour
quelle devienne rouge flamboyante…
Baignés dans cet univers UTMB pendant quelques jours fut, comme Noel avant
l'heure.
Et ce fut aussi très drôle d'être pris pour des locaux à cause de notre
loup! Comme quoi les clichés ont la vie dure.
Le départ et l'arrivée sont extrêmement émouvants et le reste (entre ces 2
moments extraordinaires) met à rude épreuve l'organisme et surtout le mental
car ne rien lâcher pendant toute la durée de l'épreuve (la plus longue de ma
vie à aujourd'hui) tourne au tour de force.
On est tellement immergé que l’on déconnecte et tout semble nous conduire
vers une seule et unique issue : finir, aller au bout de ce truc… bon…
parfois ça ne passe pas mais on fait tout pour…
En fait, je ne réalise pas vraiment et c'est en partie parce que les autres
m'en parlent qu'effectivement je l'ai fait et l’autre partie est la veste de
finisher (soigneusement ranger dans le tiroir et à ne sortir que pour les
grandes occasions).
J’ai pris le départ avec un copain, Sylvain, rencontré sur le Raid du Golfe
en 2009. Les rencontres se sont les choses qui me marquent le plus sur les
courses.
La probabilité de courir avec le collègue de bureau du cousin de Fred au
fin fond des marais de la baie du Golfe frisait le 0, encore plus fort :
Valérie et Sylvain ont un husky sibérien comme le nôtre, même âge et issu du
même élevage… on était tous fait pour se rencontrer.
Alors avec Sylvain, on s’est fait une petite place au milieu des 2600
coureurs pour le départ, on s’est donné la main pour ne pas être séparer dans
les rues de Cham, on voulait faire la course ensemble. Henri est également au
départ mais il y a tellement de monde qu’il est impossible à trouver.
J’appréhendais beaucoup la première
barrière aux Contamines au 30ème, 6h finalement c’est court… je suis
son rythme, partir à 10km/h est pour moi un peu raide (je suis un bon gros
diesel !) je m’accroche car c’est cette portion qui est critique et qui
définira le reste de ma course.
Assez rapidement après les Houches, nous sommes séparés, Sylvain m’aura
toujours en ligne de mire mais j’aurai beaucoup de mal à le voir.
Fred m’attend aux Contamines avec Loulou (pas simple pour eux 2, il y a
beaucoup de monde), il fait déjà nuit, je m’habille pour ma première nuit. Fred
me prépare mes 2 nouveaux potes : les bâtons ! Je pars avec 3 couches
dont ma parka. C’est bon, maintenant, je maitrise bien les aérations sous les
bras, ça évite qu’ « il pleuve dedans » comme au GR
73 !
Ce doit être à ce moment là que j’ai dû décrocher et me déconnecter… les
montées et les descentes se succèdent. Le jour, t’as qu’une hâte, c’est que le
soleil se couche car t’as trop chaud et la nuit, t’attends le jour avec
impatience pour te réchauffer un peu les os et enfin voir ou tu mets les
pieds ! En résumé : t’es jamais contente, la franchouillarde de base…
Je prends le temps, arrivée en haut d’un col (italien ??) de prendre
et d’envoyer une photo à Fred, c’est le levé du jour sur les hauteurs
montagneuses, c’est rare pour moi de voir ça alors j’en profite, les mirettes grandes
ouvertes !
Vers 8h45 samedi, Courmayeur est en vue : à moi les pâtes, les
chaussettes et le T-shirt propres !
Fred m’envoie un SMS : Sylvain abandonne à Courmayeur. Il a prit le
départ avec une blessure et celle-ci l’a rattrapé. Il y a 2 ans, il avait
abandonné à La Fouly (également sur blessure).C'est un battant avec un mental
gigantesque mais quand le corps dit stop, il faut savoir s’arrêter avant
d’aggraver son cas. J’ai fini mais pas lui, ça gâche un peu le plaisir. Comme
je lui ai dis plus tard, ma veste finisher lui appartient pour moitié (lui côté
logo et moi côté poche, c’est plus pratique !) car si je ne l’avais pas
suivi au début, j’aurai décroché.
Et c’est reparti pour les montagnes russes ! Ce 2ème
morceau est un peu plus dur à avaler, les difficultés sont plus présentes.
A Bertone, la réception se fait par Lizzy Hawker en personne, qu’à mon
avis, peu de personne reconnaisse.
Pour être sûre, je lui demande « vous êtes Lizzy Hawker ? »
« yes ! » me
répond-t-elle avec un grand sourire.
Et Là, le seul truc que je trouve à sortir, c’est « ah ! Je suis
fan de vous ! »…lamentable…
Puis arrive l’interminable ascension du grand col Ferret, je me dis
qu’arrivée en haut je me poserai et profiterai de la vue. Euh… un vent à
décorner les bœufs, bon, ce sera une photo vite fait et remise de la
parka !
Mes ampoules aux talons me titillent, je me fais soigner à plusieurs
reprises, faut que ça tienne jusqu’au bout.
La 2ème nuit commence. Passer 2 nuits complètes ne m’est encore
jamais arrivée. Je sais qu’entre 3 et 5h du mat j’ai un coup de bambou,
phénomène que je n’ai pas ressenti la 1ère nuit mais qui risque de
survenir. J’avance sans trop m’attarder aux ravitos.
Fred m’attend à Trient, il est presque 4h du matin, ça fait du bien de le
voir. Il est venu sans le chien car Valérie et Sylvain le garde à l’appart.
Nous trouvons une place, je mange un peu avant de repartir : je suis
devenue accro à la soupe vermicelle et morceaux de pain, en variante avec
morceaux de fromage, ça cale bien l’estomac (je n’aurai d’ailleurs pas perdu un
gramme durant cette course…). Il m’annonce qu’Henri a abandonné, je suis un peu
estomaquée.
Vers 5h45, le coup de massue arrive, difficile de s’arrêter au milieu de
nulle part surtout que je suis seule sur les hauteurs, les frontales se voyant
de loin. Je commence à ne plus marcher droit. Je dois rejoindre le prochain
ravito. Je sais qu’il est en bas. Et là, je vois de la lumière puis j’entends
le bruit d’un transfo : c’est Catogne !
Il y a des bénévoles autour d’un feu de camps. Ils veulent que je dorme
dans un chalet en contrebas. Non, assise à côté du feu me convient très bien,
juste 15 min !
La bénévole me dit qu’elle me réveillera à 6h30, merci, c’est sympa.
Je ne dors pas car j’entends tout ce qui se passe puis j’ouvre les yeux.
Quelle heure est-il ? Il est 6h28 me dit-elle.
Je remercie encore une fois les bénévoles et repart aussi sec. Cette
parenthèse m’a suffit à recharger les batteries. Le jour commence à poindre,
Fred est à Vallorcine, il est accompagner de Valérie qui voulait absolument
venir et m’encourager. J’arrive complètement flipper à cause de la barrière
horaire. Je dois repartir tout de suite !!! Ils me disent tous les 2 que
j’ai le temps de manger et que je suis dans les clous donc no panic !
C’était vraiment cool de les voir !
La portion de 6km en sortant, juste avant l’ascension de la tête au vent,
se fait au pas commando, à défaut de pouvoir courir… dernière montée puis
dernière descente, direction CHAMONIX !!!
Les randonneurs sont de plus en plus nombreux, ils encouragent et
applaudissent les coureurs, ça sent bon l’arrivée ! Mais en attendant, les
cailloux, les racines, les virages de chemins en épingles à cheveux raides
comme la justice me sortent par les yeux : je veux du bitume dans une rue
large comme une autoroute !!!
Mon vœu est exaucé : rue en vue ! Je passe un premier tapi de
chronométrage à côté du hall des sports. 3 coureurs m’encouragent à finir en
petites foulées. Je me force à courir avec eux puis ils s’arrêtent et marchent
alors je continue, seule, en petites foulées. Je sens les larmes me piquer les
yeux.
Dernier virage et l’arche est là ! Je cherche Fred des yeux, j’aurai
voulu qu’il finisse avec moi mais ne le trouve pas.
Le commentateur m’annonce déjà depuis 5 min, pourquoi ? Je n’en sais
rien.
Je pose le pied sur le dernier tapis, dernier bip avant de craquer et
pleurer comme une madeleine sur la ligne, à genou dessus,
Fred, Sylvain et Valérie, Bénédicte et Laurent (un couple rencontré lors
d’une sortie cette semaine là) m'attendaient, d'autres amis m'ont vu arrivée en
direct sur le web, un mot : GEANT !
1 commentaire:
magnifique, surtout pour une gonzesse"! Je te veux en aussi grande forme pour l'ultra raid 28, où on va passer une nuit ensemble ( une nuit seulement) ! Merci pour ce CR qui fait remonter en moi des émotions lointaines... Quant au chrono: bien des coureurs auraient voulu le faire; et en 2007, c'est ce que j'ai mis en accompagnant Philippe et JP ( + Denis).
Garde la forme et RDV ce soir vers 20h30...
steph
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