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Maratouristes/ Dreux

mercredi 30 octobre 2013

UTMB, le compte-rendu de Sophie D., finisher 2013

Mieux vaut tard que jamais comme l’on dit. Ce cr m’aura pris plus de temps à être pensé et écrit que celui de la course mais oui! Ça y est: je suis finisher de l'UTMB 2013!
Bon... après il ne faut pas regarder le temps ... 44h40, c'est loin d'être glorieux mais avec la prépa de daube et pas vraiment en adéquation avec ce qui m'attendait, je m'en tire finalement pas trop mal. Je me souviens encore de la phrase de Philippe : « on est d’accord ? Tu vas à l’UTMB pour finir, pas pour voir ! »

Alors uniquement des courbatures aux quadris et 2 ampoules aux talons, cela aurait pu être pire!
J’ai rechaussé les running 2 semaines après, ce n'est pas bon de s'appesantir sur le canapé !
Que dire de cette course mythique et de cette ambiance complètement démesurée ??
Avec Fred, nous avons passé une semaine au pays du trail et de la course à pied !
Des coureurs partout (dont les Maratouristes Flo, Didier, Sophie et sa moitié, Henri, Martine et Anne!), le salon du trail, Chamonix et ses chemins, et les magasins uniquement consacrés à notre passion, au risque de finir ficher à la Banque de France car c’est si facile de faire flamber la carte bleue pour quelle devienne rouge flamboyante…
Baignés dans cet univers UTMB pendant quelques jours fut, comme Noel avant l'heure.
Et ce fut aussi très drôle d'être pris pour des locaux à cause de notre loup! Comme quoi les clichés ont la vie dure.

Le départ et l'arrivée sont extrêmement émouvants et le reste (entre ces 2 moments extraordinaires) met à rude épreuve l'organisme et surtout le mental car ne rien lâcher pendant toute la durée de l'épreuve (la plus longue de ma vie à aujourd'hui) tourne au tour de force.
On est tellement immergé que l’on déconnecte et tout semble nous conduire vers une seule et unique issue : finir, aller au bout de ce truc… bon… parfois ça ne passe pas mais on fait tout pour…

En fait, je ne réalise pas vraiment et c'est en partie parce que les autres m'en parlent qu'effectivement je l'ai fait et l’autre partie est la veste de finisher (soigneusement ranger dans le tiroir et à ne sortir que pour les grandes occasions).
J’ai pris le départ avec un copain, Sylvain, rencontré sur le Raid du Golfe en 2009. Les rencontres se sont les choses qui me marquent le plus sur les courses.
La probabilité de courir avec le collègue de bureau du cousin de Fred au fin fond des marais de la baie du Golfe frisait le 0, encore plus fort : Valérie et Sylvain ont un husky sibérien comme le nôtre, même âge et issu du même élevage… on était tous fait pour se rencontrer.
Alors avec Sylvain, on s’est fait une petite place au milieu des 2600 coureurs pour le départ, on s’est donné la main pour ne pas être séparer dans les rues de Cham, on voulait faire la course ensemble. Henri est également au départ mais il y a tellement de monde qu’il est impossible à trouver.
 J’appréhendais beaucoup la première barrière aux Contamines au 30ème, 6h finalement c’est court… je suis son rythme, partir à 10km/h est pour moi un peu raide (je suis un bon gros diesel !) je m’accroche car c’est cette portion qui est critique et qui définira le reste de ma course.
Assez rapidement après les Houches, nous sommes séparés, Sylvain m’aura toujours en ligne de mire mais j’aurai beaucoup de mal à le voir.
Fred m’attend aux Contamines avec Loulou (pas simple pour eux 2, il y a beaucoup de monde), il fait déjà nuit, je m’habille pour ma première nuit. Fred me prépare mes 2 nouveaux potes : les bâtons ! Je pars avec 3 couches dont ma parka. C’est bon, maintenant, je maitrise bien les aérations sous les bras, ça évite qu’ « il pleuve  dedans » comme au GR 73 !
Ce doit être à ce moment là que j’ai dû décrocher et me déconnecter… les montées et les descentes se succèdent. Le jour, t’as qu’une hâte, c’est que le soleil se couche car t’as trop chaud et la nuit, t’attends le jour avec impatience pour te réchauffer un peu les os et enfin voir ou tu mets les pieds ! En résumé : t’es jamais contente, la franchouillarde de base…
Je prends le temps, arrivée en haut d’un col (italien ??) de prendre et d’envoyer une photo à Fred, c’est le levé du jour sur les hauteurs montagneuses, c’est rare pour moi de voir ça alors j’en profite, les mirettes grandes ouvertes !
Vers 8h45 samedi, Courmayeur est en vue : à moi les pâtes, les chaussettes et le T-shirt propres !
Fred m’envoie un SMS : Sylvain abandonne à Courmayeur. Il a prit le départ avec une blessure et celle-ci l’a rattrapé. Il y a 2 ans, il avait abandonné à La Fouly (également sur blessure).C'est un battant avec un mental gigantesque mais quand le corps dit stop, il faut savoir s’arrêter avant d’aggraver son cas. J’ai fini mais pas lui, ça gâche un peu le plaisir. Comme je lui ai dis plus tard, ma veste finisher lui appartient pour moitié (lui côté logo et moi côté poche, c’est plus pratique !) car si je ne l’avais pas suivi au début, j’aurai décroché.
Et c’est reparti pour les montagnes russes ! Ce 2ème morceau est un peu plus dur à avaler, les difficultés sont plus présentes.
A Bertone, la réception se fait par Lizzy Hawker en personne, qu’à mon avis, peu de personne reconnaisse.
Pour être sûre, je lui demande « vous êtes Lizzy Hawker ? »
 « yes ! » me répond-t-elle avec un grand sourire.
Et Là, le seul truc que je trouve à sortir, c’est « ah ! Je suis fan de vous ! »…lamentable…
Puis arrive l’interminable ascension du grand col Ferret, je me dis qu’arrivée en haut je me poserai et profiterai de la vue. Euh… un vent à décorner les bœufs, bon, ce sera une photo vite fait et remise de la parka !
Mes ampoules aux talons me titillent, je me fais soigner à plusieurs reprises, faut que ça tienne jusqu’au bout.
La 2ème nuit commence. Passer 2 nuits complètes ne m’est encore jamais arrivée. Je sais qu’entre 3 et 5h du mat j’ai un coup de bambou, phénomène que je n’ai pas ressenti la 1ère nuit mais qui risque de survenir. J’avance sans trop m’attarder aux ravitos.
Fred m’attend à Trient, il est presque 4h du matin, ça fait du bien de le voir. Il est venu sans le chien car Valérie et Sylvain le garde à l’appart. Nous trouvons une place, je mange un peu avant de repartir : je suis devenue accro à la soupe vermicelle et morceaux de pain, en variante avec morceaux de fromage, ça cale bien l’estomac (je n’aurai d’ailleurs pas perdu un gramme durant cette course…). Il m’annonce qu’Henri a abandonné, je suis un peu estomaquée.
Vers 5h45, le coup de massue arrive, difficile de s’arrêter au milieu de nulle part surtout que je suis seule sur les hauteurs, les frontales se voyant de loin. Je commence à ne plus marcher droit. Je dois rejoindre le prochain ravito. Je sais qu’il est en bas. Et là, je vois de la lumière puis j’entends le bruit d’un transfo : c’est Catogne !
Il y a des bénévoles autour d’un feu de camps. Ils veulent que je dorme dans un chalet en contrebas. Non, assise à côté du feu me convient très bien, juste 15 min !
La bénévole me dit qu’elle me réveillera à 6h30, merci, c’est sympa.
Je ne dors pas car j’entends tout ce qui se passe puis j’ouvre les yeux. Quelle heure est-il ? Il est 6h28 me dit-elle.
Je remercie encore une fois les bénévoles et repart aussi sec. Cette parenthèse m’a suffit à recharger les batteries. Le jour commence à poindre, Fred est à Vallorcine, il est accompagner de Valérie qui voulait absolument venir et m’encourager. J’arrive complètement flipper à cause de la barrière horaire. Je dois repartir tout de suite !!! Ils me disent tous les 2 que j’ai le temps de manger et que je suis dans les clous donc no panic ! C’était vraiment cool de les voir !
La portion de 6km en sortant, juste avant l’ascension de la tête au vent, se fait au pas commando, à défaut de pouvoir courir… dernière montée puis dernière descente, direction CHAMONIX !!!
Les randonneurs sont de plus en plus nombreux, ils encouragent et applaudissent les coureurs, ça sent bon l’arrivée ! Mais en attendant, les cailloux, les racines, les virages de chemins en épingles à cheveux raides comme la justice me sortent par les yeux : je veux du bitume dans une rue large comme une autoroute !!!
Mon vœu est exaucé : rue en vue ! Je passe un premier tapi de chronométrage à côté du hall des sports. 3 coureurs m’encouragent à finir en petites foulées. Je me force à courir avec eux puis ils s’arrêtent et marchent alors je continue, seule, en petites foulées. Je sens les larmes me piquer les yeux.
Dernier virage et l’arche est là ! Je cherche Fred des yeux, j’aurai voulu qu’il finisse avec moi mais ne le trouve pas.
Le commentateur m’annonce déjà depuis 5 min, pourquoi ? Je n’en sais rien.
Je pose le pied sur le dernier tapis, dernier bip avant de craquer et pleurer comme une madeleine sur la ligne, à genou dessus,
Fred, Sylvain et Valérie, Bénédicte et Laurent (un couple rencontré lors d’une sortie cette semaine là) m'attendaient, d'autres amis m'ont vu arrivée en direct sur le web, un mot : GEANT !

1 commentaire:

Anonyme a dit…

magnifique, surtout pour une gonzesse"! Je te veux en aussi grande forme pour l'ultra raid 28, où on va passer une nuit ensemble ( une nuit seulement) ! Merci pour ce CR qui fait remonter en moi des émotions lointaines... Quant au chrono: bien des coureurs auraient voulu le faire; et en 2007, c'est ce que j'ai mis en accompagnant Philippe et JP ( + Denis).
Garde la forme et RDV ce soir vers 20h30...
steph