Manège de D+
J’ai toujours aimé les cours de récréation. Faire du trail c’estun peu se replonger dans cette ambiance, entre rires et chagrins, essoufflements et découvertes.
Ce samedi matin, la cour est plus grande, plus belle. L’école s’appelle l’Ultra montée du Salève, une grimpette de 670 m+ à gravir le maximum de fois en 6 heures d’épreuve. Bientôt 10 h, tout le monde s’aligne bien sagement. Chacun a lacé ses petites chaussures, revêtu son plus bel uniforme. Nos bâtons en bandoulière, nous attendons le maitre de cérémonie pour nous éparpiller sur les sentiers.
Le départ est lancé. L’allure me convient, j’accompagne la tête de course sur la portion plate de 800 m qui nous conduitau pied de la montée serpentant à travers bois à 27 % de moyenne jusqu’au sommet.
Dans une section de marches, je talonne Lionel, vainqueur ici en 2016. Surprise, le rythme est presque confortable. Nous ferons deux tours de manège ensemble. Lionel manque de peu la benne du téléphérique qui nous redescend à notre point de départ. Implacable machine. A le suivre, j’ai l’impression d’avoir grandi.
Christophe (à droite) avec le vainqueur Gédéon Pochat (au centre) et la star suisse Diégo Pazos
Les trois premiers de l’UMS 2018
Christophe, vainqueur sur le podium des V1
La benne vient d’arriver en-bas, Christophe bondit.....
Me voilà à la recherche de nouveaux petits camarades. Je rattrape Rémi puis Aurélien. L’esprit est bon enfant, on papote, on s’encourage. On chasse les méchants qui nous menacent à coup de coup bambou, de crampes et demauvaises pensées : « bon, bon, arrête-toi là ».
Les bennes s’enchainent. Au 5e tour, je colle aux basques de Diego, le chouchou de la classe. Les « Allez Diego » fusent de tous côtés, spectateurs et coureurs l’enjoignent à poursuivre sans relâche. Dans l’ombre, je résiste.
6e tour, cette fois, je rattrape le premier de la classe, Gédéon, 23 ans, un bosseur qui dégaine toujours la copie parfaite notéeD+. 7e tour, je souffre, l’ascension préfigure ma descente aux enfers. Je m’accroche, mais c’est trop. Dans la télécabine, je souffle, avec Gédéon nous n’avons plus qu’un seul ticket.
Début du 8e tour, le calvaire commence. Le rythme est mortifère. Gédéon file. J’extirpe péniblement mon corps bosselé jusqu’au sommet du Salève. 5 300 m+ en 4 h 26. 16 h, la cloche sonne. Sur le tableau, mon classement s’affiche : 3e.Top, j’ai un temps joué dans la cour des grands. Vite, vite, leretour à l’école… en attendant la prochaine récréation !
Merci encore aux deux anciens maîtres d’écoles qui ont bien voulu m’héberger. Et aux Raids dingues de m’avoir gentiment ramené chez mes parents.
CP ;-)
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