Revenons plutôt sur le pourquoi d’une course de six jours. Il y a 20 ans je prenais part à un rallye raid à moto au Maroc sur 11 jours et l’idée première était de repartir sur les pistes marocaines en courant, mais le budget pour le MDS est devenu inaccessible pour un ouvrier comme moi, donc la trans Aquitaine est devenu très vite une évidence et une course accessible financièrement parlant. Le but est que chaque année j’augmente la difficulté, il y a 2-3 ans je faisais des raids multisports sur deux jours plus ou moins difficiles et longs, puis l’année dernière le défi était de tenir 4 jours en montagne avec le chalenge Merrell Oxygène sur lequel je me suis très vite aperçu que le trail était tout de même plus facile pour moi en montagne que le VTT, donc la trans Aq devenait unanimement le défi 2010.
Au départ l’objectif était de finir les 6 jours, puis dans le temps, la moyenne horaire sur les sorties longues me laissait entrevoir mieux que de la figuration, en avril, j’étais très en forme et me voyais déjà dans les 10 premiers V1, de plus dans l’année Didier a rejoint mon projet, puis ce fut Christian qui nous a rejoint d’une façon….. Un peu particulière, mais pas de force….
Le fait de partir avec une équipe et avec des compagnons avec lequel j’avais couru les runs en forêt de Dreux, il y a justement une vingtaine d’années, me motivait d’autant plus que tout se regroupait, partager une belle aventure avec des personnes qui me rappelaient le bon vieux temps.
Mais voilà le jour J, avec un reste de tendinite au genou, des anti-inflammatoires dans le sang et un temps pas très motivant, nous prenons part à cette 6 éditions de la Trans Aq, premier constat devant ça part très vite, le sable est beaucoup, beaucoup plus mou qu’en Avril !!!
Le cardio voit rouge et moi je n’ai pas de plaisir à courir, merde plus d’un an que je prépare avec joie cette course et là, RIEN, aucune sensation. Très vite la première dune à franchir arrive, le paysage change nous rentrons en forêt, nous en sortirons plus tard pour un long morceau de plage. Ensuite nous arrivons sur Hourtin où l’année précédente j’étais venu me tester sur le stage, je retrouve donc les chemins du stage et je sens l’arrivée proche, je suis en compagnie de la première femme, une Canadienne, je lui fais la trace, car pour elle la fatigue et les arbres à franchir deviennent perturbants, elle ira jusqu'à descendre dans le lac si je l’avais laissée faire. En parlant de canadien pour la petite histoire une semaine plutôt sur le forum de la course, un canadien en panique n’arrivaità se procurer des guêtes, j’en avais une paire en plus, je me proposaisdonc de lui prêter pour les six jours, en arrivant dans la salle des fêtes devenu le camp de base pour un soir, j’avais juste à suivre des feuilles de papier adresser à un certain MARATOURISTE DE DREUX pour WILIAM avec une flèche qui donnait sur son duvet, trop cool les Canadiens, enfin presque, car après cette première étape mes guêtres couraient plus vite que moi !!!
La deuxième étape commence par une monotrace en côte, les premiers prennent le large très rapidement, mais pour la deuxieme étape je vais essayer d’être un peu plus dans mon propre rythme histoire de tenir les six jours, c’est donc un œil sur le cardio. L’autre sur la piste à la recherche des rubalises, les paysages ressemblent à ceux du premier jour avec la même météo, en fin d’étape je suis accueilli par Caroline la femme de l’organisateur et m’annonce plutôt une bonne nouvelle puisque je gagne 14 places (merci à mon œil rivé sur le cardio).
Je rejoins notre tente la 13 qui subit le sort maléfique d’être mis n’importe où par Eric qui s’occupe du bivouac, nous ne la trouverons jamais entre la 12 et la 14. Ce soir nous faisons un peu plus connaissance avec notre pétale de trois tentes, nous sommes avec 2 parisiens du sud et cousins, de 2 Toulousains pas cousins eux, un Bordelais ou presque et de Arnaud de Clermont Ferrand, ce dernier aura la mauvaise idée de tester un gel salé pendant la deuxième étape, du coup nausée et impossible de manger convenablement le soir même.
Le lendemain matin tous partirons à 7h30 pour la longue étape, j’ai un peu les boules de me retrouver seul, surtout que mes voisins n’ont pas vraiment été discrets le matin donc je me suis levé en même temps que tout ce petit monde. 9Heures le départ est donné au moment où le soleil montre le bout de son nez, pour la beauté du paysage c’est un plus, par contre pour l’étape la plus longue c’est moins cool. Je pars dans le même esprit de rester dans mon rythme avec une légère retenue pour les 55 Kms. Mais le piège de rattraper les derniers de la première vague va me faire accélérer un peu, au premier pointage je suis avec les dix derniers !!! Et je repars avec un Anglais Thomas de son prénom, je l’avais déjà rattrapé la veille et je n’avais pas trop aimé sa façon de courir, j’essaie donc de faire le trou pour rester à mon rythme mais il s’accroche, puis c’est lui qui va passer devant et courir à sa façon j’essaie de faire abstraction de sa présence mais Thomas a une façon bien à lui de courir que je comprendrai mieux après la remise des prix (non non on ne va pas voir tout de suite en bas !!), en fait il court quelque Kilomètre puis s’arrête boit un coup et repart, j’appelle cela courir en yoyo.
Bref à un ravitaillement j’arrive à repartir beaucoup plus vite que lui, et je ne reverrai plus, je peux donc reprendre mon rythme, mais très vite j’arrive à un autre ravitaillement où j’aperçois une luciole de Dreux c’est Christian il marche, oui mais il marche bien et il va me falloir un effort pour revenir sur lui avant la plage, vous l’avez compris nous avons une dune à franchir et c’est qu’en bas que je me retrouve côte à côte avec un de mes coéquipiers un petit moment de bonheur un petit encouragement et je repars de plus belle il reste 14 Km de plage en plein soleil, mais voilà une ligne droite de 14 Km ce n’est pas vraiment motivant, la fatigue en plus et me voilà en train de baisser de régime, puis je passe quelques vestiges de la dernière guerre et j'aperçois la dune du pyla, j’accélère et m’essouffle et regarde mon cardio je suis bien au-dessus du raisonnable et pour me changer un peu les idées je parcours toute les options du cardio et un M….. s’échappe de ma bouche car il reste plus de 4 Km, ce n’est donc pas la dune du Pyla que j’ai en point de mire, mais les jambes acceptent le rythme alors profitons en demain c’est repos. Et quand enfin j’aperçois réellement ce monstre de sable j’aperçois un autre mon… mais non ce n’est que Didier avec un des cousins parisiens, il reste 4 à 500 mètres à faire dans un sable mou et épuisant mais je ne lâche rien jusqu'à la ligne d’arrivée, Eric m’accueille avec le sourire, je suis fatigué et ne fait pas attention au piège qu’il me prépare. Il me fait faire le tour du bivouac et avec son aire de mine de rien me ramène au début du bivouac et m’annonce qu’il ne sait plus où est notre pétale à moins qu’il soit proche des sanitaires, traduction = à l’autre bout du bivouac, alors qu’il m’a fait passer devant, bon allez encore un petit effort et je vais enfin manger, récupérer et manger et récuperer….
Une ombre au tableau, pourtant, il manque Arnaud notre petit malade, devenu visiblement un grand malade, il arrivera tard mais finira courageusement cette étape et pas dernier.
Le lendemain, le plaisir de se lever face à la mer avec un ciel bleu, nous retape tous sauf ce pauvre Arnaud qui après plusieurs visite des toubibs, lutte contre le fait qu’ils veulent qu’il stoppe la course maintenant. De notre coté Christian commence un élevage industriel d’ampoules alors que Didier lui préfère le petit commerce de qualité une ampoule, mais quelle ampoule !!! Ampoule haut de gamme basse consommation, qu’il va laisser devenir violette au fil des jours. Un autre supplice, pour prendre une douche et laver nos fringues, surtout pour moi qui n’ait pas de change, nous passons devant deux magnifiques Restos, mais attention Resto = expulsion de la course !!!
Dans l’après midi alors que tout le monde se refugie autour des sanitaires pour avoir un peu d’ombre, Arnaud nous annonce qu’il a pris lui-même la décision d’abandonner. Grand moment de solitude qui nous force à nous rappeler que cela peu nous arriver à tout moment sur ce genre de course très exigeante.
Le soir arrive et après une traversé du bassin d’Arcachon dans des zodiacs de 250 chevaux et croyez nous il y en avait bien 250. Nous allons prendre le départ de l’étape de nuit avec la dune du Pyla en apéro, frontale au front, j’écoute les commentaires des habitués, « partir vite pour voir le coucher de soleil et être dans le sable un peu dur pour monter la dune », c’est donc dans les dix premiers que je prends le départ avec une certaine émotion en apercevant ce mur de sable au bout de quelque kilomètre parcouru dans les bois, mais on s'en fait toute une montagne mais en fait arrivé en haut on se dit presque « déjà !!! », surtout que le soleil est au rendez-vous, il est à quelque centimètres de la mer, je cours en le regardant se coucher, c’est certainement le plus beau moment de cette course, tout le monde court un peu au ralenti pour voir ce spectacle qui vu du haut de ce monstre de sable donne une autre dimension, puis la course reprend le dessus et ma bêtise aussi. Au briefing j’ai un peu mélangé les consignes des prochaines étapes et je pars avec l’idée que c’est une étape roulante, ben voyons avec 700 M+ !!! Et pourtant en haut de la dune on voit bien que la suite ne va pas être plate, mais je continue sur un rythme trop élevé pour tenir les 40 bornes, de plus le relief se monte facilement, mais cela dure un peu trop dans le temps et le rythme baisse et le moral aussi quand de 12 on passe vite à 22. Au final cette étape était certainement la plus belle, les sensations sont de retour, le relief nous a occupé l’esprit, ainsi que certains passages en monotrace très sympas. A l’arrivée une petite soupe super réconfortante, puis le sourire d’Eric qui me prend mon sac à dos et qui m’accompagne sur le bivouac, qui est juste en face, une petite toilette des jambes, quelques étirements et tout le monde au lit. Pas facile de dormir avec les arrivées des concurrents, des frontales qui éclairent les pétales pour trouver le sien et pire dormir avec des fringues sale et trempées de sueur. Mes compagnons de chambré arrivent au compte gouttes, puis le sommeil finit par gagner tout le monde, mais voilà quelques heure plus tard le soleil revient et le bivouac reprend vie mais avec tout de même et de jour en jour un peu moins d’énergie. Nous faisons nos adieux à Arnaud qui reprend le chemin familial et nous, nous prenons des bus qui vont nous déposer plus au sud pour éviter des terrains militaires.
Le paysage a changé, plus de landes que de forêt avec du relief qui ressemble plus à chez nous avec un peu moins de sable que les autres jours, cela me permet de finir très bien avec une 17ème place, qui me permet de prendre une bonne douche et de laver mes fringues.
Pour la dernière étape tout le monde vire le superflu, allège au maximum son sac, pour en finir au plus vite, cela sent la fin et les sacs poubelles ne sont pas fiers. Le départ est très rapide, les pronostics de notre fleur me met la pression, tout le monde aimerait me voir finir dans les 20 premiers, mais ce matin ce n’est pas le réveil ou les voisins qui m'ont réveillé, c’est mon genou car moi aussi en fin d’étape j’ai eux quelques soucis avec le sable, dans un virage mon pied est parti dans le sable mou et le corps avec l’élan a fait quasiment un tour sur le genou, sur le coup aucune douleur. Et ce matin les muscles commencent à faiblir, plus la douleur au genou, la matinée s’annonce difficile et le sera pour les 10/15 derniers kilomètres où je suis contraint de marcher en laissant passer beaucoup de monde, alors que j’aimerais encore courir, le corps lui ne veut plus, pire le sac quasiment vide me parait aussi lourd qu’au premier jour, je finis donc cette étape dans la douleur et sans vraiment apprécier la ligne d’arrivée.
Le soir après avoir pris une bonne douche tout le monde se regroupe pour la remise des prix et la pasta party du soir.
Alors que nous faisons la queue pour le repas nous nous retrouvons avec Thomas qui bourré d’anti-inflammatoire a réussi a faire une dernière étape rapide, Didier lui demande s’il prendra le départ en 2011 et tenez-vous bien, car ce mec n’aime pas courir, lui c’est un golfeur, il veut bien faire un footing de temps en temps mais pas courir en permanence !!!!!! Il est tout de même 17 au général, heureusement qu’il ne s’entraine pas……
En conclusion la Trans Aq est une belle course nature avec des paysage très sauvage, mais très exigeante physiquement et moralement car six jours c’est tout de même à la longue usant
Parti avec un sac de 4Kg800 sans l’eau, j’ai brulé selon le cardio 16000 Kcalorie, pour presque la même chose emportée.
C’est aussi une aventure humaine où il faut bien ce connaître, gérer son alimentation et répartir l’eau pour en avoir toujours n’est pas toujours évident.
1 commentaire:
Désolé Pascal, j'ai mis les photos dans le désordre et je n'ai pas mis les légendes.
Philippe
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