Montagn'hard 60 - CR de Didier

Après une année blanche d'ultra pour laisser plus ou moins mon talon au repos, opération au résultat mitigé, je décidais pour 2015, puisque courir m'est douloureux, de privilégier les courses ou l'on ne court pas ou si peu. Comme ça pas besoin de s'entrainer en courant, juste marcher et grimper inlassablement les petits raidillons alentours. Le but ultime étant de boucler l'ultra du Mercantour en Septembre, il me fallait trouver une série d'épreuves de préparation. La pierra menta me paraissait idéale avec un format de course permettant de s'arrêter chaque jour avant que les ennuis gastriques n'arrivent, mais je dus trouver au dernier moment une solution de remplacement. La Montagn'hard! en voilà une course où on court peu, mais serai-je capable d'aller au bout du 60km? Mes dernières sorties au Grand raid 73 et à l'ITT furent des échecs à cause de ces maudites barrières horaires. Une petite étude comparative achève de me convaincre, c'est jouable...

Je me retrouve donc au départ en compagnie d'un beau contingent de raids dingues, qui m'ont fait profiter de leur véhicule pour descendre dans les Alpes.

Les soixantebornards

Nico et 3 raid dingues sont déjà partis depuis 2h quand on s'élance à notre tour. Il est 7h00, 5h00 au soleil et il fait déjà très bon, la journée promet d'être chaude...

Au bout de 200m de course sur bitume on entre dans le vif du sujet. J'ai découpé ma course en 5 étapes que je vais essayer de boucler à l'allure prévue pour les moins rapides, ambition modeste mais raisonnable.
1ère étape : St Nicolas - Les Toilles 12.5km 931D+ objectif 2h15 BH 3h30
(Il convient de ne pas se fier au premières barrières qui sont plus large pour la moins'hard qui démarre une heure après)

Dans la première montée vers Déchappieu

 Première descente : chercher le coureur

J'arrive aux toilles en 2h18, première entorse à l'objectif, mais rien d'inquiétant.

2ème étape : Les Toilles - Bionnassay 10.7km 948D+ objectif 3h15 BH 4h15

Moins de km, même dénivelé, une heure de plus, j'aborde confiant cette étape qui doit me permettre de me dégager une petite marge de sécurité. La montée du Prarion ne met pas longtemps à tempérer cet optimisme avec un premier coup de mou qui arrive en même temps que le sommet.

 En route vers le Prarion

Que la montagne est beeeeelle

Je récupère un peu dans la descente sur Bionnassay et parvient quand même à me faire un petit matelas de 35' pour l'étape suivante, temps de l'étape 2h40.

3ème étape : Bionnassay - Chalets de Miage 7.8km 901D+ objectif 3h10 BH 3h40

La encore les chiffres incitent à l'optimisme. C'est oublier la défaillance. Peu de temps après le départ, j'ai un voyant rouge qui s'allume, ma vitesse diminue, je commence à penser à faire une pause, puis je la fait, je redémarre, je repense à une autre pause, je guette un coin d'ombre pour me poser, là je m'allonge, je répond que tout va bien aux gens qui passent, 5' 10' 15' l'heure tourne, le moral est en chute libre. Je bois mais je me doute de ce qui se trame à l'intérieur. Je repart doucement.

C'est pas un temps pour le tricot!

 

 La passerelle rafraichissante

Miracle, peu après la passerelle, mes forces reviennent, je prend un rythme régulier pour finir l'interminable ascension du col de tricot. J'arrive au sommet du col, ou un bénévole conseille de bien récupérer en profitant de la vue. Pas question, je vois les chalets de Miage en bas et il me reste à peine1h pour y arriver alors je ne prend pas de risques d'autant que de vilaines ampoules commencent à m'empêcher de dérouler dans les descentes.  J'arrive à 15h28, en 3h28, 12' avant la barrière, le matelas à amorti la défaillance. A cet endroit bon nombre de coureurs bifurquent sur le 40km, je suis un des derniers à m'entêter sur le 60km. C'est une nouvelle course qui commence.

Pacifique cohabitation au sommet du tricot

4ème étape : Chalets de Miage - les contamines 18km 1145D+ objectif 6h05 BH 6h05

Nouveau regain d'optimisme 18km en 6h, facile! Je me pose un peu près d'une rivière et voit arriver deux bénévoles qui débalisent en avançant. Je me sens un peu obligé d'écourter ma pause et nous voilà partis tous les trois. Au bout d'un moment on rattrape une concurrente qui est dans le dur, j'en profite pour leur fausser compagnie. Dans la remontée de la combe d'Armancette les serre-files me rattrapent à nouveau. Peu de temps après la pause s'impose pour boire une gorgée et en vomir trois. Un peu secoués par le spectacle les serre-files me proposent de repartir dans l'autre sens, ils ne me connaissent pas encore. Nouveau coup de mou avant la montée finale vers Tré-la-tête, je peux m'allonger en travers du chemin, il n'y a plus personne derrière.

Très la tête dans les nuages

Mes serre-files, aux petits soins, m'apportent de l'eau fraiche pour mes jambes et ma nuque et ça repart. 500m avant le refuge, on passe un concurrent directement perfusé sur le chemin, il y a là une vieille connaissance Jean-Michel Touron qui ne court pas mais assiste l'infirmière. Au ravito de tré-la-tête, c'est Laurent le bagnard, autre figure connue notamment sur le Raid 28, qui officie. Avec son acolyte ils ont monté deux fûts de bière, j'accepte avec bonheur deux verres de despérado. ''Il faut 2h pour les contamines'' annonce-t-il. Aïe! Je n'ai qu' 1h45. Je me lance dans la descente aussi vite que mes ampoules me le permettent, récupère 2 concurrents avant Notre-Dame de la gorge et finit en marchant pour arriver aux Contamines 15' avant la limite. 6h pour l'étape, contrat rempli!

5ème étape : les contamines - les contamines 11km 1075D+ objectif 3h45 BH 3h45

Un de mes compagnons décide de jeter l'éponge, dommage si près du but. Moi je suis plutôt confiant, je range la casquette et sors la frontale, ce n'est pas encore gagné mais j'y crois. On repart avec de nouveaux serre-files. Je donne le rythme dans la montée, un pas régulier bien cadencé par ma respiration. On rattrape un V4 parti 10' avant nous. Il semble maintenant aller moins vite alors je continue à mon rythme et me retrouve seul. J'arrive sans peine à la bifurcation ou les contrôleurs annoncent 4km de descente et 40'. Annonce un peu fantaisiste. Heureusement que j'ai de la marge car il me faudra plus d'1h, l'arrivée n'étant pas à St Nicolas mais aux Contamines bien plus bas. A l'arrivée j'ai juste le temps d'échanger quelques mots avec Jean-Michel avant de déposer une nouvelle gerbe au milieu de la route. Timing parfait, ça me remet l'estomac à l'endroit pile poil au bon moment pour boire une bière avec les raids dingues venus me récupérer.

Cela fait déjà plus de 7h qu'Hervé le premier des raids dingues est arrivé, respect!

Superbe week-end entre fondus d'ultra. Merci à Sébastien d'avoir intégré un V2 dans son groupe...

Did