Mon Ut4M.
Après avoir été ambassadeur toute l'année (merci à tous ceux, très nombreux, qui ont joué le jeu en faisant des photos ou prenant part à des photos Ut4M), voilà enfin l'heure de la course.
Tout l'été, j'ai bien couru, bien grimpé. Malgré l'échec de l'ITT, j'ai accumulé pas mal de dénivelé, dans les jambes et au classement du blog.
Tout semblait aller parfaitement pour pouvoir boucler sereinement cette épreuve entre 20 et 24 heures, loin des barrières horaires. Tout allait bien jusqu'à ce vendredi soir, 8 jours avant la course. En passant trop vite trop près d'un angle de mur, j'y ai donné un violent coup de pied, involontaire. Le petit doigt de pied prit le mur de plein fouet. Aie ! Aie !
Résultat; pied gonflé, bleu et impossible de mettre une chaussure. Glace, pommade, prières et nous voilà en Savoie le dimanche, en nu-pieds...
Rendez-vous mardi avec les Houdart pour une petite rando sur le parcours de la course. Je mets mes chaussures de rando, larges, sans semelle intérieure pour avoir plus de place. En montant, ça va mais en descente, aie, aie, aie. Je serre les dents et me dis qu'après toute cette année d'ambassadeur, je ne peux renoncer maintenant. Je prends le départ et on verra bien.
Vendredi, dossards, retrouvailles très sympas avec les autres coureurs et leurs supporters, bière à Grenoble. Tout irait bien si.....
prairie d'Uriage, le départ sous le soleil |
Denis revient avec nous dormir à Saint-Pierre. Le matin, on retrouve tout le monde dans le soleil d'Uriage. Quelles superbes conditions on va avoir !
presque tous les sportifs de Louvilliers étaient au départ de la course |
3 des 4 finishers de l'UTMB 2007 étaient au départ (manque JP) |
5 Maratouristes au départ ont déjà fini au moins une fois la TDS |
Un petit café et c'est parti. Un grand tour de la prairie du départ, aie, aie, ça va pas vite. J'essaie de faire illusion.
première montée, on est encore groupé, Nico, Pascal, Luis, Denis, Sophie, ça ne va pas durer |
Puis on monte un peu, ça va, avant de redescendre refaire un tour de cette même prairie. Là, ça se corse. Denis et Stéphane s'arrêtent pour une pause-pipe. Je continue mais ils me rejoignent aisément tant je suis lent car en descente, aie, aie en courant. La journée et la nuit vont être longues. Pourrai-je continuer ? Je doute mais continue.
La vraie montée débute. Sophie, Mickey, Luis et Nicolas sont déjà loin, Pascal juste devant, Denis et Stéphane juste derrière. Comme j'envisage une course commune avec Denis et Stéphane, je décide d'accélérer dans la longue montée sur Chamrousse. Ils me reprendront vite. En fait, je ne les reverrai plus. Surprenant.
Je rejoins Pascal et on fait la montée ensemble jusqu'à la station.
Pascal arrive à Chamrousse, on est encore à l'ombre |
petit selfie double avant Chamrousse |
ça c'est sûrement le rajout de parcours au-dessus de Chamrousse |
On nous avait prévenus au départ d'un changement de parcours mais pas du rajout de 5 bornes et 400 m+. Pour retrouver le vrai parcours, on doit donc redescendre ces 400 m+ et là, Pascal me lâche. Logique. Mais Denis et Stéphane ne me rattrapent pas. Bizarre, surtout pour Stéphane qui avait enchaîné de belles séances de dénivelé à Chamonix.
Je suis une légende |
arrivé au col sous la Croix, vue sur les lacs et le sentier sur la photo précédente on voit le col d'où est prise cette photo |
le sommet approche |
Premier contrôle à l'Arselle. Je rassure quelques coureurs qui y attendait un ravito. "Non c'est plus haut à la Croix, là c'est qu'un pointage..." Juste avant le contrôle, je vois Danye et Joël, Mimi et sa copine. Ils ont eu du mal à venir à cause de la course de voiture.
La montée se poursuit, il fait de plus en plus chaud. Mais c'est de plus en plus beau. On passe de lac en lac avant d'aborder la rampe finale vers la Croix de Chamrousse, un aller-retour dans les cailloux. Presqu'en-haut, je croise Nicolas et Luis. Une photo et je file au ravito où je retrouve nos accompagnateurs avec Pascal. Photos, ravito, le plein d'eau et je repars, doucement, doucement dans la descente.
je suis presqu'en-haut, je croise Luis et Nico qui descendent. Sophie et Mickey sont déjà loin |
Luis va faire une superbe course pour son premier ultra. Mais il a souffert et ne semble pas prêt à remettre ça... |
le sommet est là avec le ravito, le fan-club Maratouriste aussi
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Je croise Stéphane qui arrive et commence à avoir chaud. Même constat pour Denis qui suit à 150 m. Je suis sûr qu'ils vont me reprendre car la suite est surtout descente et plats rocheux.
Je souffre dans la descente.
cette descente sur la piste de ski, je ne l'ai pas aimée du tout, aie, aie, aie (au loin les lacs Robert que je vise pour me mettre le pied au frais |
ça c'est bon, vraiment bon. |
un dernier petit lac avant la montée, on y voit la ribambelle de coureurs montant au col |
plus on avance plus il faut lever la tête pour voir les coureurs au-dessus. Et on ne voit pas le sommet, trop raide... |
le plaisir de se retourner et voir les autres dans la pente en-dessous. Quel panorama ! |
Photo en-haut avec les gendarmes de haute montagne. Quel panorama ! Au fond Chamechaude où l'on sera dans quelques heures...
La descente sera finalement moins technique que prévu. Je peux allonger la foulée, entre 6 et 7 km/h, ça avance. Pas assez pour empêcher des coureurs de me passer.
Je calcule mon heure d'arrivée au prochain ravito et ayant retrouvé le réseau au col, j'appelle Danye. Ils sont à Freydières où tous les autres sont passés. Je leur conseille de ne pas m'attendre. J'y serai dans plus d'une heure et je sais que Sophie va les attendre car elle veut se changer à Saint-Nazaire.
La descente continue. Arrive une route forestière. Ça sent le village. Pas du tout, on enchaine les kilomètres, les gars, les filles me doublent car tous, sauf quelques fatigués du 160, trottinent.
Enfin Freydières, son animation et son ravito sympa, comme tous les autres. Sauf celui du Habert, mon préféré. À cause du feu de bois dans la nuit, de la cheminée qui nous réchauffait dedans et des huitres qui m'y attendront l'an prochain....
A la sortie de Freydières, je m'attends à plonger dans la vallée. Pas du tout, une sévère remontée nous fait gagner quelque dénivelé. Puis enfin la plongée, souvent raide en forêt et parfois agréable dans de petits hameaux sympas. Je retrouve pour la première fois Moussa. On discute, il est en forme mais a de grosses ampoules et ne peut donc aller plus vite que moi en descente. "On ne lâche rien Philou." Sacré Moussa. Comme deux potes de toujours. Il me lâche toutefois dans la descente, je le retrouverai au podologue. "T'es un guerrier Philou. Tu peux pas courir mais t'es toujours là."
Le soleil se couche quand j'arrive au Versoud. Deux quartiers d'orange et je pars à grandes enjambées vers la ravito de Saint-Nazaire.
Coup de fil de Joël. "T'es où ?" Je les croyais partis se coucher à Saint-Pierre. Mais pour Joël, pas question d'aller dormir sans me voir, m'encourager. Merci.
Après la longue traversée de la vallée dans la nuit tombante et au milieu des mares et bassins pleins de moustiques, me voilà à Saint-Nazaire où je retrouve les supporters.
Après la longue traversée de la vallée dans la nuit tombante et au milieu des mares et bassins pleins de moustiques, me voilà à Saint-Nazaire où je retrouve les supporters.
tiens des têtes connues qui sortent de la nuit, ça fait très plaisir |
Avec Mimi, sa copine, Danye et Joël, j'ai une équipe d'assistance au top. Ils me remplissent mon camel, m'apportent la soupe, le ravito et me poussent à aller voir les podologues. Car à force de mettre le pied chaussé dans l'eau, le frottement a entraîné des ampoules plutôt importantes. "Oh, le joli knacki" s'exclame le podologue en voyant mon orteil gonflé et rouge. "Ça, c'est sûrement cassé ou bien fêlé." Dix minutes de soin des ampoules, des bises aux supporters et c'est parti pour le "juge de paix" de ce 90 km, la grosse difficulté à tous les niveaux. La nuit tombe, la fatigue est là, plus de 1500 m+ sont devant nous et surtout on a passé les 3000 m+ cumulés, total à partir duquel je baisse souvent de rythme. Mais ça me soucie moins que la longue descente qui suivra vers Grenoble.
passage chez le podologue |
Je pars du ravito avec les "lapins runners" deux jeunes fêlés qui pris de passion l'un pour l'autre et pour la coure à pied enchaînent les courses, les ultras..... Allez voir leur site et leur récit (http://www.lapinsrunners.fr/2015/08/ut4m-4-massifs-2-lapins-et-168-km-demotions/). On discute un peu mais je sens que je ne suis pas sur le bon rythme. Ils sont sur le 160 et montent moins vite. Je les laisse et commence une belle montée. Beaucoup de lacets, des tout-droits très raides, je passe une cinquantaine de coureurs, souvent par grappes de 5 à 10. Souvent des gens sur le 160. Bravo à eux !
Arrivé à un col, on doit redescendre dans un alpage où le vent nous refroidit puis un sentier à vaches bosselé et très sec réveille mon orteil. Aie, aie, aie.
Heureusement on arrive vite au Habert de Chamechaude visité quelques jours auparavant avec les Houdart. Là joli feu de bois en extérieur, de cheminée dedans. Un ravito complet, des bénévoles disponibles, serviables, c'est génial. J'y reste un moment, non pas par besoin mais par plaisir. Voir arriver ces coureurs aussitôt pris en charge chaleureusement, efficacement. Un bénévole lance :"que voulez-vous ?" Je réponds, "des huitres". Il me prend au mot, "si tu reviens en 2016, tu en auras." Chiche !
Tout le monde dans le refuge n'a pas le sourire comme ce coureur allongé que l'on a mis sous perf !
Je vois arriver l'inusable Jean-Michel, un des héros du 160, lui qui me prend en photo sur chaque course depuis des années. Je repars avant lui mais sur le sentier en balcon avant Chamechaude, il me reprend. On fera la boucle du sommet ensemble. Ce tour que l'on croit interminable avec ces lampes là-haut, tout là-haut. Mais ça passe bien, assez vite. Souci: la pluie nous prend au pointage du sommet. La descente est plus dure, les cailloux, les rochers glissent. À la vitesse où je vais, ce n'est pas grave...
Puis longue, douloureuse descente vers le ravito du Sappey. Sur la fin, la lassitude me tombe dessus. Et ça remonte, ça redescend, ça remonte, ça ne m'amuse plus. Ouf, nous y voilà avec le jour levé après une incertitude. Au milieu d'un groupe de coureurs, on se croit perdus et on perd 5 minutes à chercher. Merde, ma moyenne !
Ravito exiguë mais agréable. Je repars après un nouveau bel arrêt sous une petite bruine qui ne dure pas et laisse place au soleil.
en sortant du Sappey, vue du Chamechaude d'où l'on vient |
Dans la montée, raide, vers le Fort de Saint Eymard, Jean-Michel et les lapins runners me passent comme des balles ! Impressionnant car je monte comme il faut.
Je reprend Jean-Mi en descendant vers le col de Vence mais pas les jeunes qui ont trouvé de nouvelles jambes...
encore un petit effort et on y est |
Col de Vence, ça sent l'arrivée. Ravito sympa au soleil. Petite soupe, comme d'hab, et ça regrimpe sur un long chemin large en faux-plat. Je redouble des gens qui m'avaient passé dans la descente du Fort. Puis ça se complique avec la longue, interminable descente vers le Fort de la Bastille puis Grenoble. Moussa, pas vu depuis un moment, me rattrape. "T'es un guerrier Phil'." On continue en allongeant la foulée, ça papote...
Sur l'une d'elles je me retrouve seul. Dans un lacet du bois qui domine la Bastille, je mets un bâton sur le bas-côté. Pas de bol, un trou. Je bascule, un roulé-boulé dans les ronces et me voilà d'un gros roncier deux mètres sous le sentier. Deux gars qui venaient me doubler m'ont entendu crié. "Ça va ?" Lancent-ils du lacet d'en-dessous.
Je fais vite le point, rien de cassé, mal nul part. "Oui, c'est bon." En fait du tout car je suis sur le dos la tête en bas, le sac et les jambes pris dans les ronces. Et pas moyen de bouger. J'attends, une, deux, cinq minutes quand arrivent un couple de coureurs.
"Il y a quelqu'un ?" Ouf une réponse. "Regarde, chéri, le monsieur est tombé." Le gars descend et, heureusement il est costaud, m'arrache de ma position très inconfortable.
Je constate les dégâts, je saigne d'un peu partout à cause des griffues de ronces. Même la figure, un peu. "Essuie-toi le visage sinon ta femme aura peur à l'arrivée."
Je reprends ma descente après avoir chaleureusement remercié mes sauveurs.
Je retrouve Moussa qui m'attendait, s'inquiétait et à qui l'on raconte ma mésaventure. "T'es un guerrier Phil, crie-t-il en voyant les griffures, et mon pote Xavier (car il connaît mon sauveur) t'a sauvé la vie..."
pas facile ces escaliers, n'est-ce pas Moussa ? |
On finit la descente au milieu des Grenoblois faisant leur footing ou leur promenade dominicale. Tous nous encouragent, nous félicitent. C'est mieux que d'arriver en pleine nuit. Mais il commence sérieusement à faire chaud. Coup de fil à Pascal, de Nico, déjà douchés depuis longtemps. J'arrive.
celle-là on est content de la voir |
Derniers hectomètres. Inévitablement on court, on ne peut faire autrement. Main dans la main avec Moussa, "bravo, avec ton pied et ta chute, t'es un guerrier Phil !", et mes sauveurs, j'en finis avec cette course superbe. Photos, bises, heureux.
Xavier, Moussa et moi, trois heureux finishers |
le sourire des finishers |
avec Moussa et Rafion un autre ambassadeur (qui a fini 49ème des 140 km de l'Infernal trail des Vosges le week-end-dernier !) |
Et assez fier d'inscrire ce nouvel Ultra à mon palmarès (finalement, ça commence à en faire pas mal avec au moins une nuit dehors...). Un parcours pas si facile que ça, des organisateurs sympas, des animateurs "ambassadeurs" (merci Valérie pour le dossard à Denis !) géniaux, des conditions idéales mais une course rendu difficile et très longue par cet orteil. Trois semaines après, la douleur est encore présente, j'essaie de marcher pas mal en forêt pour pallier l'absence de course et cela promet une autre course aux barrières horaires sur le TAR.......
Pour 2016, un gros Ultra (chut ! ne le dites pas à Danye) début ou mi-juillet puis l'enchaînement UT4J (Ut4M en 4 Jours, 4 courses de 40 km par jour) fin août, cela me plairait bien
6 sur 8, c'est un petit peu mieux qu'en 2007 où l'on avait fait 4 sur 7. |
fin de cet Ut4M sur cette photo de groupe où l'on reconnaît Sophie, Mickey, Sandrine, Pascal... |
1 commentaire:
on n'a pas fait un arrêt "pipe"!!! mais pipi;
on n'a pas pu te rattraper car c'était impossible de courir dans ces descentes pleines de pierres ...
bravo à toi
steph
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