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Maratouristes/ Dreux

mardi 24 août 2010

Le favori de l'UTMB, Kilian Jornet, a été battu à la Western States avant d'être sacré champion du Monde de skyrunning et de gagner Sierre-Zinal !!!!

Kilian Jornet aura vécu un été mitigé avec une belle traversée record des Pyrénées, une défaite à la Western States fin juin alors qu'il était longtemps en tête et deux jolies victoires, au championnat du Monde de sky running (32 km) en Italie et ... au sprint sur les 31 km de Sierre-Zinal.

WESTERN STATES

Pour la Western States (100 miles en Californie entre Squaw Valley et Auburn), c'est l'Américain Geoff Roes qui a battu le record de l'épreuve en 15h07. Kilian Jornet est 3ème en 16h04 après avoir eu gros coup de mou.

Voici son compte-rendu paru sur son blog (traduit difficilement de l'espagnol)

Kilian lors de la Western States avec Anton


"Il est 5 heures du matin quand est donné le départ de la WS100, il fait encore nuit quand un petit peloton de 400 coureurs ont commencé à attaquer directement, sans échauffement les pentes de la station de ski de Squaw Valley, le rythme de la course est lent et personne ne veut tirer trop fort dans l'une des quelques bosses dans cette course, alors nous avons formé un groupe avec Roes, Anton, Hall et je mets le rythme. Le soleil commence à sortir et j'en profite pour regarder derrière moi le soleil se lever derrière le lac Tahoe, la région de la Sierra Nevada en Californie a des couleurs incroyables, au réveil, ocre, rouge, vert. le temps chaud nous nous attendions arrive vite. Nous sommes ensemble un groupe de dix pour arriver à Canyon Duncan, on commence une petite colline où nous allons de l'avant Anton, Roes et moi. Après un peu de neige, nous passons Robinson plat, où on commence une longue descente. Je suis surpris qu'Anton ne s'arrête pas aux ravitaillements, ni Roes. Ils ont un rythme régulier, au ravito, ils remplissent les bouteilles (un pour le refroidissement et l'autre pour la boisson) et ils continuent sans s'arrêter pour manger ou boire. La vérité est que vous en apprenez beaucoup à courir aux côtés de deux experts des 100 miles! On atteint les canyons, deux toboggans de 200-300m avec des pentes abruptes, et c'est là que je décide de faire un changement de rythme, habitués à la course de chez nous, où les changements de rythme sont constants (montées, descentes, plat, technique, marche ...). Sur les courses américaines ils prennent un rythme très régulier, ce qui, après quelques heures commence à être monotone mentalement. Je m'échappe donc dans la montée et Anton me suit une centaine de mètres, alors que Roes suit, gardant son rythme. Au ravito à la fin de l'ascension, je m'arrête pour boire et manger un peu et Anton arrive. Il passe, je le suis, et nous avons couru ensemble jusqu'à 60 miles. Nous arrivons à Foresthill, où nous attendent nos Pacers. Le mien est Rickey Gates, un coureur de montagne excellent (4e à Sierre Zinal 09). Il commence à faire très, très chaud, les températures doivent être d'environ 43 º. Nous nous aspergeons et les glaçons que nous mettons dans la casquette ne semblent pas suffisants. Nous continuons tous les quatre, Anton, moi et nos pacers. Anton continue son rythme, toujours avec la même foulée courte mais très efficace. A ce moment je suis très à l'aise de continuer à ce rythme car je garde des cartouches pour la fin ... Après une longue zone au soleil, nous arrivons à la traversée de la rivière, où cette année, en raison de grandes quantités d'eau, l'organisation a décidé de proposer des bateaux pour traverser. Nous prenons un bateau pour nous quatre et sur l'autre rive, on se jette à l'eau pour se rafraîchir. Puis on commence une montée douce pour arriver au ravito. Je commence à ressentir des crampes dans les jambes, c'est la première fois que je ressens une crampe et à la vérité, la douleur n'est pas très agréable ... Au ravito, je m'étire, je bois. Anton continue, sans arrêt, impressionnant. Je continue avec un autre Pacer, Jorge Pacheco, un coureur mexicain de Los Angeles qui a déjà beaucoup gagné de course, y compris 2 fois la Badwater. Je commence à courir, je me sens bien, mais les jambes ne veulent pas obéir. Après avoir allongé la foulée, les crampes reviennent en arrière, bloquant le quadriceps, et j'ai la jambe comme un bâton, bloquant le jumeau ce qui ne permet pas de fléchir le pied. Nous nous arrêtons à deux reprises, Jorge m'étire les muscles pour me détendre, mais en étirant il provoque une crampe aux adducteurs ! Pendant ce temps, Roes et son pacer nous passent à vive allure. Ils ont une foulée impressionnante ! Nous essayons de les suivre mais les jambes se rappelent vite à moi. Nous nous arrêtons donc 20 minutes dans un ravitaillement pour se faire masser, manger, boire, sel, sodium, potassium ... Mais chaque fois que je veux repartir, je sens des crampes. Jorge m'encourage en disant qu'il ne reste pas grand chose (15 miles) pour finir. Cela me donne la force de ne jamais abandonner, de continuer pour rejoindre Aubrun. Nous continuons donc à une vitesse lente jusqu'à 2 miles de l'arrivée pour permettre aux jambes de ne plus avoir de crampes. Nick Clark et son pacer nous passent comme une fusée. J'essaie de suivre en montée, car ainsi, au moins, je peux garder le même rythme que dans la plaine sans crampe. Mais l'arrivée approche. Jorge est devenu fou. Il m'encourage, crie: "Tu peux le faire, ils sont là, tu as plus de force qu'eux, ils sont à ta portée..." Et grâce à lui, je les remonte. Mais les crampes reviennent. Heureusement, on est sur le bitume et il ne reste qu'un mile. On est tous les 4 ensemble, chacun d'un côté de la route avec son pacer à donner son maximum. A 800 mètres de l'arrivée, j' accélère le rythme un peu, nous allons à 17 km/h. Nick est à quelques mètres .. 10, 20, 30 ... 40 m. J'en remets un coup pour prendre quelques mètres d'avance de plus et atteindre le stade avec une petite marge de sécurité. Ce dernier tour de stade me permet de profiter de cette course. Le bilan est que ce furent 20 derniers miles très, très durs, sans doute, les plus durs 20 miles de ma vie. Et après être arrivé au stade d'Aubrun, la satisfaction est maximale. Roes a gagné en pulvérisant l'ancien record de Scoot Jurek. Il a fait une course très régulière avec les derniers 40 miles en un éclair. Dans l'UTMB il va certainement être devant! À l'arrivée direct au sol, et après une analyse de sang, les médecins m'alertent de mon taux de sodium.

Nous avons pensé que les km de la Transpyrénéenne avaient été dures mais moins que les températures ici. Nous avons appris que pour venir courir dans les États-Unis vous devez vous entraîner dans la chaleur. Mais dans les Pyrénées et les Alpes, il ne fait pas chaud sauf à trouver un sauna avec un vélo statique. 20 km sans eau et 20 º ne sont pas pareils que 20 km à 40 degrés ... J'ai beaucoup appris de la course de Roes et surtout d' Anton. J'espère bien récupérer de cette course et appliquer ce que j'ai appris à l'UTMB cette année, et sûr, l'année prochaine, en préparation de la WS ...

Avec ce lien, allez voir quelques images de cette course fantastique qu'est la Western States Endurance Run:



GIRR DI MONT (Italie)

Voici le comte-rendu fait par Killian Jornet sur son blog.
Comme chaque dernier dimanche de juillet, le petit village transalpin de Premana est devenu la capitale mondiale du skyrunning. Et encore plus cette année, donc le Giir di Mont était le Championnat du Monde ISF, et les meilleurs spécialistes de la discipline étaient présents.
La "sfida" était annoncée entre Marco de Gasperi et moi, lui six fois champion du monde de course en montage, mais aussi très performant en skyrunning, donc il comptait ses apparitions avec des victoires et records, comme la Climbathon en Malasie, Valmalenco Valposchiavo, ou a Sierre Zinal où il a gagné avec le deuxième meilleur temps. Pour Moi, Marco n'était pas un adversaire, donc je rêvais de le suivre quelques kilomètres avant qu'il partait, et je craignait plus pour coureus de la taille de Ricardo Mejia, Tofol Castanyer, Agustí Roc, Jessed Henandez ou les nombreux italiens.
Premana c'est synonyme de fête du sport, et à 8h du matin, les 600 coureurs sommes partis entre les cris du enthousiaste publique. Déjà dans la première descente de 200m, Marco de Gasperi et moi sommes partis du groupe poursuivant et à peine à 100 mètres de montée j'ai compris que cette course c'était pour nous une dure "bataille" à deux pendant les 32km qui nous restaient. A un rythme d'enfer, on a passée les deux premières montées et descentes avec des constants attaques des deux pour essayer de partir, mais personne décrochait. J'étais convaincu que si aucun des deux laissait, on jouerait la victoire à l'sprint dans la montée a Premana. A un rythme de record on est arrivée au pied de la troisième et dernière montée du Giir di Mont, et dans la première partie Marco a mis un rythme très élevé pour essayer. C'était très dur mais j'ai réussi à pas décrocher et dans la forte montée dans l'alpage de Pemaniga, quand Marco s'a mis a marcher, j'ai vu que c'était le moment: Tout ou rien, c'était surement la dernière opportunité pour moi. J'ai tout donnée dans trois ou quatre minutes, Marco était derrière. 20m, 30m, 50m...100m. J'ai plus regardé en arrière et je suis parti à fond dans les derniers kilométrés de course, en espérant que l'avantage fut suffisant pour le tenir jusqu'au fin de la descente. Dans ma tête je voyais Marco arriver à bloc dans la descente, et pour cela j'ai pris beaucoup de risques dans les derniers 5 km de descente qui nous amenaient à Premana.
Là c'était la joie. Entre tous les spectateurs qui nous attendaient à l'arrivée j'ai pas pu tenir les larmes, l'émotion était trop...Il y a des courses que tu penses gagner celles que tu veux gagner et il en y a que tu rêves gagner. Là, j'étais au delà des rêves.
Le record est tombé de presque 5 minutes, mais ça c'était évident pour une course avec ce plateau. Marco est arrivée en deuxième position trois minutes après et Luís 3ème 10 minutes après.
Chez les filles, aussi un record qui tombe de presque 15', par Laetitia Roux devant Mireia Miró et Emmanuela Brizio. Vive le ski! 4 places dans les podiums!!!
Maintenaint, c'est temps de reposer un peu et préparer Sierre Zinal, où il nous attend une autre "sfida" aussi très dure avec les fréres Demateis, Tarçis, Flo...

SIERRE ZINAL

Dimanche 8 août, c'était à Sierre-Zinal (31 km, 2200 m+ et 800 m-) que Killian voulait faire le doublé après sa victoire en 2009. Sierre-Zinal est une course mythique, la doyenne des courses de montagne en Europe. C'est comme New-York pour le marathon, la course de montagne que chacun doit vivre au moins une fois dans sa vie.
Philippe a déjà pris 5 fois le départ de cette épreuve, 97, 01, 02, 03 et 04. D'autres Maratouristes ont déjà participé à Sierre-Zinal, Sophie (3 fois), JP, Didier et Joël.
Voici ce que dit LA TRIBUNE DE GENEVE lundi 9 août sur la victoire de Kilian Jornet.
"L'Espagnol Kilian Jornet, roi du "trail" et des courses "ultra", a remporté la 37 édition de Sierre - Zinal pour la deuxième année consécutive. Il s'est détaché dans la descente finale pour s'imposer avec 16'' d'avance sur le Portugais de Martigny Cesar Costa. En 2h37'27, Jornet n'a pas menacé le record du parcours du Néo-Zélandais Jonathan Wyatt (2h29'12 en 2003) ni même son chrono de l'an passé (2h35'30), mais il a patiemment attendu son heure pour faire valoir son agilité sur ce parcours de 31 km avec 2200 m de montée. La veille, il avait été piqué par une guêpe (il est allergique) et avait pris le départ avec une pointe d'inquiétude."

Le compte-rendu de Killian sur son blog

À 9 heures du matin, départ donné sur la route de Sierre, les sensations n'étaient pas mauvaises mais vite j'ai commencé à sentir que quelque chose n'allait pas bien, tu as envie de vomir et les jambes très lourdes. Ce serait un jour de souffrances, et beaucoup!
Un groupe s'est formé depuis le départ avec Shiessel, De Mateis, De Côte, De Kuprizka et moi.Après être arrivé au ravitaillement de Chandolin, à la moitié de la course, de Côte a accéléré le rythme en lâchant un à un tous les coureurs, j'ai pu endurer son rythme à grand-peine jusqu'à ce que, avant d'arriver à l'Hôtel weisshorn, je tourne la tête, et comme l'année passée, je vois un grand Tarcis Ancay qui a fait fort sur une grande section de plat et revient vite vers nous, emmenant avec lui Robert Kuprizka. À partir de là, c'était une lutte de 4, personne ne se détachait et personne ne voulait (ou ne pouvait) attaquer.
Et là c'était à chacun de jouer ses meilleures cartes, Tarcis l'a prouvé sur le plat, en tirant très fort, mais personne n'a lâché. Et j’ai pu sortir à 3 km de l’arrivée dans une descente raide. Je finis peu de temps devant Cesar Costa et Robert Kuprizka.
En finissant très très content de la course, puisque c'était une vraie lutte jusqu'aux derniers mètres.
L'organisation, parfaite, en invitant chaque année plus de coureurs, Merci Alexandra!
Le Public impressionnant, comme toujours dans cette course, le paysage, avec 5 quatre mille et la vallée d'Anniviers, indescriptible.

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