Le TAR 2014 avec une météo fantastique et deux finishers sur deux avait été une superbe sortie.
Cette année, coup de bol, on a eu une nouvelle fois un temps splendide, un peu plus frais mais très agréable pour courir.
Au niveau du déplacement, Joël ayant gentiment accepté de convoyer les six coureurs, ce fut royal.
Départ 9 heures de Dreux, escale à Berchères-les-Pierres, déjeuner en ville à Beaune et arrivée à Chamonix un peu avant 17 heures. Idéal pour s'installer à l'UCPA et aller récupérer nos dossards.
Rice-party sympa, café en ville devant le début d'Angleterre-Galles (on n'a pas entendu "sweet charriot" dimanche sur le parcours), nuit courte, réveil à 3h15, petit déj' et à 4h15 on est sur la ligne de départ.
5 semaines après l'Ut4M 90 où j'avais bien souffert de l'orteil, je craignais les descentes et surtout les barrières horaires du TAR.
Depuis Grenoble, je n'avais presque pas couru pour ménager l'orteil, juste marché fort en côte pour garder les jambes. Il me fallait partir vite pour avoir de l'avance avant les grosses descentes du parcours.
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4h15, le départ, c'est bientôt |
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et encore un départ pour de Maratouristes sur cette fameuse place du Triangle de l'amitié |
Mais quand on n'a pas couru, pas facile de partir vite. Nico est loin devant, Sophie et Pascal aussi. Seul JP qui a dit ne pas avoir couru depuis un mois est avec moi. Denis, prudent est derrière.
La montée se fait bien et on pointe ensemble à la Tête aux Vents. Normal.
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le jour se lève, on a passé la Tête aux Vents; à la faveur d'une courte descente, JP (ici devant) me prend 50 m. |
On monte au lac Blanc et après ça se corse, car il faut alterner montées et descentes dans les cailloux. JP me lâche sans forcer en descente et je reviens un peu en montée. On pointe vers les 370ème donc ensemble ou presque au ravito de l'Index, 57 minutes avant la barrière horaire. JP me dit qu'il ne va pas finir et s'arrêtera bientôt. Je le pousse à continuer.
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le soleil se lève et rosit le Mont Blanc, on se rapproche du ravito de l'Index au-dessus de la Flégère |
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la journée s'annonce magnifique |
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une remontée et je revois JP |
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coup d'oeil en passant sur la mer de glace, l'aiguille Verte et les Grandes Jorasses |
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pointage à l'Index |
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cette photo, JP la revendique comme la nouvelle plus belle du monde |
Mais je sais que j'ai mangé mon pain blanc. Effectivement, la descente après l'Index se passe mal, je ne peux courir, les gens me passent inexorablement. Suit la belle montée vers le col de Glière. Je reprends du poil de la bête, ça va bien. Dans la via ferrata avant le sommet, je vois JP à 100 mètres devant. On a déjà presque vingt bornes dans les pattes. Je pense, comme il n'est pas entraîné, qu'il ne pourra tenir, que je le reverrai et que je l'aiderai à finir si l'on passe les barrières horaires.
Mais la suite sera inattendue, je ne le verrai plus. Et il a même rattrapé Pascal et Sophie qui sont en forme. Heureusement qu'il n'était pas entraîné, sinon Nico aurait eu chaud ! Sacré JP, quel blagueur !
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descente après l'Index, JP est reparti. On va vers le col de Glière, les Aiguiles rouges sont bien plâtrées de la neige de mercredi |
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le col de Glière tout en-haut encore dans l'ombre |
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j'arrive vers le haut du col, le soleil est arrivé et j'aperçois la via ferrata qui finit le col (au milieu) |
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pas roulant ce passage un peu vertigineux, heureusement les câbles sont là |
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arrivée au col, au fond la vallée de Sallanches dans la brume |
Au col de Glière, on commence une partie longue, ch..., pénible à l'ombre sur des empilements de rochers verglacés. Faut faire gaffe.
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et débute le long passage vers le col du lac cornu, à l'ombre, enneigé et verglacée;;; |
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pas facile entre ces rochers verglacés |
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ça ne double pas, ça glisse, ça tombe |
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je me retourne, tout ça de fait, ouf ! |
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dernière partie avant le retour au soleil, enfin |
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le col est là |
C'était pénible cette partie mais je ne me faisais pas doubler. Pas comme dans la descente su Planpraz. Je pense à mon père devant son ordinateur. Il va se demander ce qui m'arrive, tous ces gens qui me doublent au classement. Je marche donc dans la descente, vite mais avec les cailloux, je ne peux souvent dépasser le 5 à l'heure. Pas rapide.
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de l'autre côté, plongée vers Planpraz, j'en ch... |
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Planpraz et son contrôle, c'est là-bas |
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j'y suis |
Plus d'une centaine de coureurs m'ont doublé. La barrière horaire se resserre. Aie, faut serrer les dents. Je pointe 510ème à Planpraz à 30 minutes de la barrière. Mon avance a fondu.
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et ça remonte tout de suite vers le col du Brévent |
Mais je fais une belle montée du col du Brévent. Heureusement car derrière la plongée sur le pont d'Arlevé va être longue.
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et voilà le col |
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photo avec le Mont Blanc maintenant bien éclairé avant de plonger vers le pont d'Arlevé |
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ça commence dans la neige... |
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ça continue dans l'ombre et la glace (à gauche) |
Avant d'arriver sur le sentier au soleil, nouveau passage enneigé, verglacé.
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le pire passage entièrement gelé, une chute et 10 m plus bas à droite, ça fait mal... |
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une fois passé la partie gelée, une photo souvenir pour respirer |
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et c'est parti pour 700 m de descente et 450 m+ avant le ravito du refuge de Moede Anterne au fond à gauche |
Dans cette descente, je marche vite et je parviens à trottiner parfois sur des portions (rares) roulantes sans cailloux.
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1h15 pour descendre 700 m et ça remonte bien et voilà le refuge |
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ravito (soupe, fromage, saucisson) apprécié |
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sur l'interminable montagne de Pormenaz avant la descente sur Servoz |
Me voilà au refuge 540ème à 35 minutes de la barrière. Il est 11h45.
Après le ravito du refuge d'où je repars à midi, il me faut être à Servoz à 14 heures. Faut pas traîner et je ne sais si ça va passer. Au fil des innombrables petites remontées sur la montagne de Pormenaz, le moral baisse régulièrement. Toujours pas de descente, il reste 1100 m- et le chrono tourne.
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Tiens là on voit la vallée... |
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et là c'est même Servoz où m'attend ravito et ... barrière horaire |
La descente arrive enfin, dur, dur. Mais plus ça va, plus j'allonge la foulée. Je trottine même régulièrement. Sans trop y croire. 1h30 pour 1100 m- alors que j'ai fait 1h15' pour 700 m- juste avant, faut pas rêver.
Je n'y crois plus. Je me demande comment je vais raconter cela à mes élèves lundi. Je leur ai parlé de la course et ils imaginent que je vais gagner...
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3 secouristes hélitreuillés pour secourir un coureur |
Mais le miracle du TAR est perpétuel. En 2014, j'avais vu surgir Denis de nulle part alors que j'y croyais plus. Et là, je vois arriver un hélico. Non c'est pas Denis mais ses "copains" gendarmes. Un gars est en mauvaise posture un peu plus bas et les gendarmes stoppent la course le temps qu'on lui administre les premiers soins. Je suis avec une vingtaine de coureurs qui papotent. Je dis à un couple à côté de moi, "ça va être chaud pour Servoz la barrière horaire". La dame regarde son partenaire. "Tu m'as dit qu'on était large... -- Mais oui, ça va aller. On va passer."
Le gendarme nous fait à ce moment signe de repartir. Le couple y va en trottinant. "Si je veux être finisher, il ne faut pas les lâcher car ils vont passer." Le moral est revenu. Le terrain est heureusement plus propice à "ma" course. Le couple me lâche inévitablement quand je tape un caillou, aie aie aie, et marche quelques mètres, mais je les garde en point de mire. Et ce, jusqu'à Servoz et je pointe ... six minutes avant la barrière, 546ème. Ouf !
Le contrôleur me confirme que je peux rester me restaurer et repartir quand je veux. J'en profite avec une dizaine de coureurs. Je ne repars que 25 minutes plus tard. La prochaine barrière éliminatoire est en-haut, ça me plaît.
Le groupe des autres survivants est parti juste devant. Derrière moi, j'entends deux filles qui discutent et rigolent. Je me retourne. Aie aie aie, des tee-shirts "STAFF ORGANISATION". Ce sont les débaliseuses serre-file. Gloups ! La cauchemar continue. Mais non, ça va aller. Il est 14h20 et il faut être en-haut avant 17 heures. Si tu aimes grimper, comme tu as grimpé tout l'été et si tu te dis grimpeur, c'est là qu'il faut le prouver.
Je ne m'affole pas et je prends mon rythme. 1140 m+ c'est long. Moins qu'un double KV mais quand même.
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la course stoppée une petite dizaine de minutes pour laisser soigner le coureur |
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enfin Servoz où je retrouve Bernard, le traditionnel sonneur de cloches de la vallée |
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passage devant le stade de foot de Servoz, les tribunes sont pleines pour voir ces combats de reines |
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début de la montée sur le Prarion, les serre-file débaliseuses sont juste derrière moi. Même pas peur ! |
Au fil des portions très raids et des nombreux lacets, je double un dizaine, une vingtaine de coureurs. je chronomètre ma montée, je fais du 450 à 600 m à l'heure. Je mange même en marchant. Je sais que je serai finisher mais maintenant il ne faut pas faire trop attendre les autres Maratouristes.
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presqu'en-haut du Prarion, vue sur la vallée de Chamonix |
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au loin en-bas derrière, Servoz |
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si Denis avait été là, on aurait fait une autre "plus belle photo du Monde" |
Je relâche un peu la pression dans les derniers lacets, les 150 derniers m+. Je m'assois deux minutes pour manger une barre, profiter du paysage et de ma future condition de finisher. Et là je pense à Denis. Je ne l'ai pas vu à Servoz, c'est qu'il a eu du mal. Mais je ne le sentais pas bien depuis l'Ut4M. Un ressort s'est cassé. Il va lui falloir du repos et se refaire la cerise pour se relancer sur une telle course.
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et me voilà dans les temps au sommet du Prarion, c'est gagné |
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photo sur ce dernier sommet |
Contrôle au sommet 540ème 15 minutes devant la barrière, puis descente. Bien sûr, quelques-uns me doublent mais j'en ai passé tellement (une vingtaine) dans la montée qu'il en reste un peu derrière moi au classement.
Dans cette descente je vois un tricheur. Je suis suivi par un gars en tee-shirt vert foncé. Il est à 20 mètres puis soudain plus personne. Je me retourne, personne à cent mètres. OK, il a plongé dans la piste de ski pour reprendre le chemin plus bas. Un gars qui connait le coin. Pas bien ! Tant pis pour lui.
Et je finis enfin, 521ème en 13h47, encouragé par Joël, Denis et Nico, les autres étant à la douche. Quelques sourires complices, quelques souvenirs échangés et quelques poignées de main avec les filles et les gars croisés depuis Moede Anterne et on file. Une douche improvisée derrière le Sharan, un verre de Reménoussa Ut4M et on prend la route. Sept heures plus tard, je suis couché, à Dreux. Merci Joël.
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un chauffeur, cinq finishers et un déçu prêts à rentrer à Dreux |
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et une fille de la vallée venue me voir me doucher après être allée voir JP aux toilettes
("dommage qu'on n'ait pas de sel" a-t-il dit !) |
Maintenant un peu de repos, peut-être le trail du lac du Bourget fin octobre (je m'étais inscrit du temps de la dure lutte avec Did') si mon pied va beaucoup mieux puis entraînement pour les c.o. de l'hiver. Pas de Montsalvy ! Dommage, j'aime bien parcours et déplacement. Mais avec mon pied sur route ça n'irait pas...
1 commentaire:
Des paysages qui donnent envie (non Denis, pas de rester chez soi), ils auraient du l'appeler le trail des 4 saisons.
Did
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