Trois petites lettres CCC pour moi ….
Et pourtant une grande aventure partagée !
Il y a deux ans Papa me disait « objectif CCC
en 2013 », alors c’était écrit la CCC en 2013 !
Entrainement et équipement en conséquence, le
vendredi 30 août 9H30 je suis prête et au départ de la CCC ! Et pourtant à
ce moment précis, je ne fais pas ma maligne, c’est la gorge nouée et les yeux
brillants que je quitte mon fan club pour me positionner dans la vague de départ
qui m’est attribuée ! La musique et l’ambiance de Courmayeur me redonnent
vite le courage pour prendre le départ de la course !
Et quel départ, LA TETE DE LA TRONCHE !!!
10kms 1300m D+ pour commencer avec une barrière horaire serrée à Arnuva, je
dois prendre un bon rythme ! Je me souviendrais très longtemps de ce
premier col, un rythme soutenu avec des arrêts fréquents en raison des étranglements
qui nous font tous bouchonner, et une arrivée en haut avec les jambes qui
tremblent et le palpitant bien éveillé. Je me demande comment le reste de la
course va se dérouler, en haut vous n’auriez pas misé 1 centime sur ma
course ! Je me rappelle alors les précieux conseils d’avant course « penser
étape par étape », l’objectif est donc de récupérer avec la descente vers
Bertone puis Bonatti.
Il fait super beau, chaud, le paysage est
magnifique jusqu’à Arnuva. Mais je n’ai pas le temps pour les photos, j’arrive à
courir la plus part du temps en m’accrochant à d’autres coureurs. Arnuva arrive
et je sais que Maman m’y attend ! Enfin et QUEL BONHEUR de retrouver Maman
après 6H30 de course ! On apprend finalement que la barrière est à 16H30,
30 minutes d’avance je suis large ;) !!!! Une photo, un bisou, une
barre de céréales et c’est reparti.
Direction le Grand Col Ferret, ça grimpe ça grimpe
mais je suis bien, je double beaucoup, les coureurs s’arrêtent pour se reposer
mais je n’ai qu’un objectif : passer le col et attaquer la longue descente
vers La Peule et La Fouly. Le ravitaillement de la Fouly me fait du bien, j’ai
besoin de reprendre des forces, un bon thé chaud bien sucré, quelques pâtes et
pour la gourmande que je suis un petit sandwich au chocolat quel
bonheur !!! J’ai respecté ce même menu à tous mes ravitaillements, la peur
des problèmes d’estomac s’éloignent, je m’alimente et m’hydrate bien.
7) La montée du Grand Col Ferret
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8) Yeahhh Grand Col Ferret check, les bâtons dans le nez c'est parti pour la descente!
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Puis direction Praz de fort, et quel objectif car
je sais que Luc et Olivier sont à ma rencontre !!! Je les vois
enfin !!!! Et notre trio de choc ne fait que commencer. Nous retrouvons
Maman et Méryl qui crient plus fort l’une que l’autre, je vous laisse
imaginer ce duo! Les coureurs qui auront la chance de les croiser n’auront
pas d’autre choix que de ce mettre à courir !! La relève est assurée avec
Mérylou !
Je sais que maintenant je ne serais plus jamais
seule, Maman et Méryl auront l’occasion de nous retrouver très souvent et Luc
et Olivier, mes apprentis trailers qui n’avait jamais couru plus de 12 kms, ont
les jambes qui les démangent. Ces vacanciers habillés et équipés en Papa sont
motivés pour m’accompagner au moins jusqu’à Bovine.
Mais avant tout direction Champex, la nuit tombe,
nous trouvons notre rythme, ils me font rires, me changent les idées, ils sont
en pleine découverte du trail. Arrivée à Champex, la logistique Mamounette opère,
en 10 minutes je suis ravitaillée, changée, prête et motivée pour la nuit,
direction Bovine !
BOVINE !!!!!!!! Et dire que je ne connaissais
pas BOVINE ! En pleine nuit, après 15 heures de course, il faut
s’accrocher ! Avant d’attaquer la montée, la nouvelle de l’arrêt de Papa
est dure, je suis tellement déçue et triste, les larmes que j’avais renflouée
au départ surgissent mais les mots toujours réconfortants de Papa me font
attaquer Bovine avec hargne. Et surtout, je sais qu’il sera à Vallorcine pour
finir avec moi. On devient plus silencieux en gardant un bon rythme, on gravit
les montées qui n’en finissent pas dans les cailloux, les traversées de
ruisseaux, et les slaloms entre mesdames les vaches qui ont décidé de nous
suivre et de bloquer le passage aux autres coureurs. Cette montée et la longue
descente jusqu’à Trient marquent un tournant pour moi. La fatigue et la douleur
de mon corps commencent à se faire sentir. Il me faut bien 30 minutes pour
passer en mode descente et que mes cuisses acceptent de changer de sens.
Maintenant je le sais, ça va être dur, il va
falloir s’accrocher et puiser au fond des mes ressources. Les barrières
horaires commencent à être serrées pour moi. Mon petit frère lit en moi et décide
de ne plus me lâcher, je suis soulagée. Après un arrêt expéditif à Trient, nous
repartons tous les deux, Luc ne me laissera pas m’arrêter ou ralentir, nous
enchainons les virages, je suis et ne regarde que ses pieds. La montée vers
Catogne est dure, mes jambes ralentissent.
En regardant les étoiles je les trouve extrêmement
hautes, je me concentre mais ces étoiles me perturbent… Je demande à Luc de me
confirmer que ceux sont bien des étoiles, il me répond « oui oui … ».
Nous montons toujours, je les trouve toujours aussi hautes mais je commence à
les voir bouger, je m’interroge et doute de ma lucidité, et c’est alors que je
me rends compte que ceux ne sont pas des étoiles… Luc ne voulait pas me décourager,
mais ces étoiles sont bel et bien les frontales des coureurs, c’est là, là haut
que je vais… Les coureurs restent derrière nous dans les montées, ils ne
veulent pas nous doubler, notre rythme régulier motive tout le monde. Mais en
descente, ils me doublent, je suis lente en descente.
Et enfin nous apercevons les lumières de
Vallorcine !!! A l’arrivée Maman et Meryl nous attendent, et une fois dans
la tente, je craque. Maman est là, elle s’active autour de moi mais j’ai peur
de finir dans un mauvais état... Avec le recul, je comprends que cette réaction
est liée à mon manque d’expérience, je ne me connais pas sur cette distance,
sur un trail en montagne, sur une durée d’efforts telle. Mon corps tout entier
souffre et je sais ce qui m’attend : La Tête au vent… Ma réaction à la
peur a souvent été les larmes, alors il faut que ça sorte. Mais je n’ai jamais
pensé à l’abandon, jamais, soutenue comme je l’étais, je ne pouvais que finir
et offrir à tous cette belle ligne d’arrivée.
Le jour se lève, Papa, Sophie, Olivier et Joël nous
retrouvent à la sortie. Quel bonheur leur présence, leurs encouragements, leurs
bisous. Je suis fatiguée et épuisée mais ils me donnent le sourire, l’amour et
le soutien pour repartir avec, pour avant dernier objectif, La Tête au
Vent. Et c’est accompagnée de
Papa, Luc et Oliv que j’en prends la direction. Les sauts de rochers en rochers
sont interminables, Papa me poussent et prend le relais du frangin.
INTERMINABLE montée vraiment … une fois en haut, je suis tellement épuisée et
j’ai tellement mal à chaque pas que je n’arrive pas à me réjouir. Il me devient
difficile de récupérer mon souffle mais nous continuons jusqu’à la Flégère.
C’est au tour d’Olivier de nous tirer tous les quatre vers CHAMONIX !
Nous ne sommes pas frais tous les quatre, mais nous
descendons en suivant Olivier qui est le maître du temps, car je suis beaucoup
moins large qu’au début sur la barrière horaire et l’angoisse d’être aussi
proche de l’arrivée, d’être aussi lente et de ne pas y arriver est horrible.
INTERMINABLE descente… Je ne retrouve le sourire qu’en sortant de la forêt et
en apercevant Maman et Meryl qui ont toujours autant de voix !
Et là JE PROFITE……. Je déambule dans Chamonix avec
le sourire aux lèvres, accompagnée de mes 3 champions et mes 3 accompagnateurs
de chocs ! Je ne vous remercierais jamais assez pour m’avoir aidée, poussé,
tirée, motivée et encouragée. MERCI sans vous je ne sais pas si j’aurais
franchi les barrières horaires et cette magnifique ligne d’arrivée avec vous
que je n’oublierais jamais ! Quel parcours depuis deux ans, quel exploit
ma CCC, et quelle chance que j’ai de vous avoir avec moi.
17) JE PROFITE de l'arrivée dans Chamonix
|
Dédicace à mon Papa, je suis fière de mon papa et
de tout ce qu’il a accompli pour nous porter jusque là, à Ma Mamounette, sans
elle, le plaisir d’avancer et de se battre ne serait pas là, à mon petit frère,
ma Mérylou et Oliv, votre surprise a été le plus beau cadeau que vous pouviez
me faire, à Joël & Sophie pour votre soutien et vos bisous.
Merci à tous mes Supporters à distance, à tous les
Maratouristes, Amis, Collègues, vous avez suivi ma course depuis le site mais
bien plus, vous avez été là depuis deux ans et cru en moi !
Mention spéciale à Ma Gawen (Aurélie) : plus
de 26 textos reçus en 26h10 !!!! MERCI MA CHERIE, ton courage et ta force
après tes accidents de ski m’ont donnés de belles leçons !
Merci Philippe pour le bel article dans l’Echo Républicain
il a eu un succès fou !
Stéphane, merci pour les mots de ton compte rendu,
j’y ai pensé et je voulais te dire : j’ai pris beaucoup de plaisir pendant
ma course et oui sans ce plaisir on ne peut pas franchir ces montagnes.
Dernières pensées pour notre Didier en course, il a
tout d’un géant ! ALLERRRRRRRRRR DIDIERRRRRRRRRRRR
Bisous à tous
Anne
1 commentaire:
petit commentaire un peu tardif:
ce Cr est émouvant! quelle volonté, quelle rage mais quel soulagement! mille bravos, à toi et à "ton team"!
steph
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