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Maratouristes/ Dreux

vendredi 22 mars 2013

Ecotrail 80, le compte-rendu de Frédéric

Fred, Jean-Yves, Stéphane et Thierry avant le départ

 Nous sommes à quelques jours du départ et je reçois un mail de Philippe nous demandant quels sont nos objectifs. Face au mail j’hésite car je sais ce que je vaux mais je suis un super loser. Depuis que je pratique du trail (5-6 ans) je suis obligé d’abandonner, une fois sur deux, sur blessure ou suite à des vomissements. Je me décide à être honnête, se sera moins de 9h avec l’égo surdimensionné de faire autour de 8H30. 
Le matin du départ, je reçois 3  SMS d’encouragements de mes meilleurs amis avec qui je cours, ils m’ont remonté à bloc. 

Sophie de repos sportif ce samedi est avec eux sur la photo

Avec Sophie, nous arrivons une petite heure avant le départ. Je me change et reste dans la voiture car il fait froid. J’ai décidé de partir en T-shirt manches longues, le coupe vent dans le sac. 11H30, nous recherchons nos amis Maratouristes, nous en croisons quelques uns mais pas d’Henry, de Denis ou de Nico (dommageL). Bang le départ. Dernière consigne à Sophie :  « surtout ne viens pas sur le parcours, rendez vous à l’arrivée ». Fidèle à mes habitudes, je pars entre 10 et 11Km/h. Après 7 ou 8 Km, quelque chose de merveilleux m’arrive !!!! Un coureur me suit depuis 2 ou 3Kms. Il m’aborde et me demande mes objectifs. Nous avons les mêmes. Super: un compagnon de route ! Je suis content car en fait je n’aime pas courir seul. J’adore rencontrer des gens et apprendre à les connaître. Je suis curieux. Il se nomme Sébastien. Il a 30 ans, papa de deux petiots et est Pompier à Gennevilliers. Nous courons à la même allure. A chaque fois que nous sommes côte à côte nous foulées sont symétriques. Nous arrivons à Buc mais malheureusement, il souffre du mollet (contracture). 

Sophie fait une photo de quelques Maratouristes avant le départ

Pas problème, je fouille dans ma besace et lui propose un demi myolastant. Il est courageux et il décide de repartir avec moi. Il se bat contre la douleur avec une énergie exemplaire. Il reste collé à moi. Nous poursuivons notre chemin. Les zones découvertes sont venteuses et froides. Beaucoup de portions sont grasses (mais rien à voir avec mon expérience de l’Endurance trail). 
Nous faisons un arrêt technique et malheureusement nous nous séparons. Je me retrouve avec les autres forçats du trail. On monte, on descend…et ce qui arriva est arrivé, les montagnes russe de la banlieue parisienne me donne la nausée. Fait c..ier !!! 
Pourtant je n’ai jamais fait de surrégime et je me suis correctement alimenté. Je décide de prendre sur moi, de me décontracter et surtout de laisser tomber mon objectif de temps pour me consacrer à faire disparaître mes nausées. Alors je marche et profite de la nature parfois encore enneigée. Je me retourne souvent car je pense à Sébastien qui doit souffrir. Je regrette notre séparation car encourager les autres donne un sens moins égoïste à cette discipline. 
Je me retourne souvent espérant le revoir en bas d’une côte.  J’arrive au prochain ravitaillement pas en super forme. Je me recharge en eau et je prends mon temps avant de repartir. Je me retourne une dernière fois…et là Seb arrive !!! Heureux, je vais prendre de ses nouvelles. Il souffre beaucoup. Je lui donne la deuxième moitié du myolastant et nous repartons ensemble. J’étais tellement content de le revoir que mes nausées ont disparu. Nous discutons moins et partageons chaque difficulté. Quelques kilomètres plus tard je reconnais une silhouette et une foulée familière. Je crie « Nico ».C’est bien lui. Nous faisons la suite de la course ensemble. Il me dit qu’il a souffert de sa cuisse, mais malgré cela il est toujours devant et très agile (il promet ce petit !!!). Nous arrivons à Chaville. Qui vois-je ? ma femme. 
Quel bonheur de voir son sourire et cette fierté dans son regard. Nous nous ravitaillons, je discute avec ma moitié échangeons un baiser (que cela fait du bien au moral !!!). Et avec Seb repartons rapidement. Pas de Nico dans notre foulée mais frais comme il est, je dis à Seb « t’inquiète pas il va nous rattraper et il va finir tout en puissance ». Pas inquiet, nous continuons. La pluie et le froid se font ressentir. Heureusement au dernier ravitaillement j’avais revêtu ma parka. Seb souffre mais ne se plaint jamais. J’essaie de le soutenir et lui garantis qu’à Sèvre, prochain ravitaillement, cela ne sera que du bonheur. 
Je regarde ma montre et me je me rends compte que notre cadence est stable. Une dizaine de 10km plus tard nous voyons les lumières du dernier ravitaillement. Cela fait 7H45 que nous courons, vite calcul dans mon cerveau humide et fatigué. C’est jouable, je peux atteindre mon objectif car je me sais fort sur les portions de route. Je demande à Seb, si cela ne le dérange pas si je trace ma route sans m’arrêter. Généreusement il me dit « vas-y et fais-toi plaisir ». 

Fred, un superbe finisher ...
Nous nous donnons rendez vous à l’arrivé. Je décide de poursuivre seul. J’assure les dernières descentes gadouilleuses et voilà enfin le bitume. Je me cale entre 11 et 12kms/h. Je vois pleins de frontales et les prends pour cible. Et de une et de deux…Je remonte beaucoup de coureurs usés par l’effort. Je ne m’arrête pas de relancer pour enfin voir le saint « Eiffel ». Je recalcule et décide de ne rien lâcher pour faire moins de 8H40. Un coureur essaye de me suivre, mon égo d’ancien « bitumier » est touché. Je remets un grand coup d’accélérateur. Il me laisse partir. Je pense à ma femme et me dit que je peux le faire pour elle et surtout pour qu’elle soit fière. Enfin l’arrivée, moins majestueuse que les années précédentes mais cela reste l’arrivée. Je franchis la ligne en 8H39. Sophie est là, rayonnante et pleine d’attentions pour moi. Nous allons nous restaurer et je croise les doigts pour voir Seb et Nico. Quelques minutes après moi  Seb arrive. 

                           

Je saute dans ses bras et le remercie pour ce partage unique. Nous mangeons et échangeons nos coordonnées. Pas de Nico (j’espère que cela va), je dis à Sophie que nous devons partir car je pense à notre chien dehors sous la pluie. J’embrasse Seb et lui promet de rester en contact. En sortant, je regarde la tour Eiffel, et me dis « Voilà pourquoi j’aime courir, c’est une magnifique occasion  de partager des moments exceptionnels avec des inconnus, des amis et en particulier avec ma femme ». 

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