Encore une belle sortie éclair pour une belle course qui s'annonçait "piquante". Je m'attendais à quelque chose de bien poivré, de bien corsé mais pas à un parcours carrément "piment d'espelette à la louche"...
Trois semaines après les 42 bornes du Vulcain, ça allait, les jambes semblaient fraîches. Il est vrai qu'entre ces deux marathons, je n'ai fait que 3 sorties, de moins d'une heure dont une avec Denis qui m'avait fait aux pattes mais permis de constater que Didier avait la pêche. Tant mieux, cela m'a motivé pour les Piqueurs.
Voyage tranquille, pique-nique presque au bord de la Loire, pasta sympa avec à table un gars qui finira 3ème du 45 km, apéro birlou agréable, conférence intéressante de Guillaume Millet (professeur de physiologie à l'université de Saint-Etienne mais aussi superbe trailer), nuit passée à mâcher (selon Didier), j'étais prêt pour ces 45 km des Piqueurs, impatient de découvrir la cascade de la cruche (même si elle ne serait plus là quand on passerait..) et les fameux chaos volcanique.
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deux Maratouristes prêts pour une belle aventure |
Un coup de fil à Denis pour son anniv' et comme au Vulcain, je pars bien. En plus ça descend, idéal pour s'échauffer. Premiers bourbiers, tout droit alors que certains font la queue pour contourner. Ils râlent parce que je les éclabousse. Tant pis, je gagne des places.
La descente dure et soudain, tout à gauche, petit mur reconnu la veille au soir. Si c'est ça leur parcours piquant, ça va aller ! Erreur grave, c'est juste pour à peine chauffer les cuissots.
Quelques kilomètres le long ou dans un torrent, ça file malgré la gadoue. Danye est là.
Au détour d'un sentier, pancarte :"Vous entrez dans le vallon des Martinanches, vous en sortirez ... transformés...!" Encore une blague des organisateurs pour effrayer le trailer débutant. Pas du tout, on va vivre deux bornes insensées, des traversées de torrent, des arbres à passer par dessus, par dessous, des raidards à escalader et descendre avec des cordes, la moyenne en prend un coup... Mais c'est ludique, on est frais, on avance. Quelques replats pour respirer, on voit tous les coureurs boire, manger en attendant la suite. Visite du parc d'un superbe château avec ... des oies en train de nager avec les canards.
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sortie de Saint-Jean-des-Ollières, petite route au-dessus de la mer de nuages |
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première difficulté, un raidard reconnu la veille |
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premier cours d'eau à traverser. Comme pour tous ceux que l'on traversera, deux options : des cailloux souvent moussus et glissants ou celle que je choisirai, la directe dans l'eau. On voit sur cette photo le couple qui sera avec moi dans les derniers chaos et qui finira trente secondes derrière moi. On a parlé, ils iront aux Hospitaliers ! |
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un paysage souvent vu, un fond de vallon à l'ombre avec un sentier improvisé, des racines, des feuilles, de la boue, un cours d'eau à traverser et de la mousse partout, ici le vallon des Martinanches |
La suite est tout aussi physique. Il ne fait pas froid, un rayon de soleil pointe son nez. On passe de vallon en vallon. On grimpe, on glisse, on s'accroche aux branches, on dérape, on traverse un ruisseau, un saute de pierre en pierre, le rythme est soutenu et au fil des kilomètres, ça use.
Arrive le ravito du km18, même pas la mi-parcours. Tuc, fromage, coca, du grand classique. Bises à Danye, coup de fil à Denis qui est en train de courir avec le lapin et je file.
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encore de l'eau, de l'eau, de l'eau |
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et pendant ce temps-là, un village aux cent habitants sert de parking à près de 800 voitures... |
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après deux ou trois kilomètres, le peloton est déjà clairsemé |
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supportrice en vue, droit dessus ! |
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un sentier classique et soudain la rubalise monte drè dan'l pentu à gauche "RESERVE AUX SANGLIERS..." annonce la pancarte humoristique |
Des passages difficiles s'enchaînent avec même de l'escalade sur rochers moussus et donc glissants. Je suis depuis 25/30 bornes avec un gars que je lâche sur le plat et en montée mais qui revient comme une balle en descente, surtout les techniques. Quand ça monte, les bâtons sont utiles, je grimpe bien mais en descente, ça commence à me doubler.
Je ne sais pas où est Didier. Je ne m'inquiète pas car je me sens encore bien et les paysages sont beaux malgré le manque de ciel bleu. Au loin, on devine quelques sommets enneigés dans les nuages, Sancy, Puy de Dôme...
Danye m'appelle, elle retourne au départ voir Florence. Didier est passé 20 minutes après moi au ravito.
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là il fallait plutôt être chamois pour escalader les rochers pleins de mousse |
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nouveau ruisseau, nouvelle pente raide en face |
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tiens ! du plat, le temps de faire le tour du château |
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joli le château et pleines les douves |
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là c'est plus profond et ça glisse, on peut se tenir à la corde |
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la photo écrase la pente, mais c'est bien raide |
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et celle-là avec une corde sinon personne ne passait... |
Arrive la fameuse cascade. En fait, après les difficultés du début, je m'attendais à tellement hard qu'elle passe aisément. Tant mieux. Même les bâtons ne me gênent pas pour finir les cinquante mètres de corde sur le haut !
Et là, les 30 bornes sont passées. Et les jambes semblent plus lourdes. Le double-effet Vulcain ? Peut-être. Mais je suis content d'être là, je marche quand ça monte et je trottine le reste du temps pour garder ma place dans de petits groupes. Mais dans les descentes, je me fais doubler. C'est pas grave, je gère.
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la cascade de la cruche. On voit la cascade mais la cruche est absente, elle a déjà dû finir sa course... |
Arrive le deuxième ravito. 4 bornes plus loin, le premier chaos est annoncé. C'est long pour y arriver. De longs faux-plats, je mets presque 45 minutes. On apprendra au ravito suivant qu'il y avait deux km de plus. Mais voilà enfin le chaos. Alors qu'on montait depuis un moment, au sortir d'un bois, une grande clairière ... sans arbre, sans herbe, que des cailloux sur un sacré dénivelé ! Pas facile de passer. Impossible de courir. Il faut s'appliquer à garder son équilibre. Ils auraient pu les ranger correctement ! Les marches sont hautes. Mais je suis vite en-haut. Je me retourne pour la première fois, pas de Didier, j'ai plus de 5 minutes d'avance. Même si je vais moins vite, il n'a pas pu me reprendre vingt minutes !
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enfin, km35, le premier chaos. Impressionnant ce tas de gros cailloux (de 20 à 80 cm) pas tous bien calés... |
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pas facile de marcher alors vous pensez , courir: impossible |
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on respire un peu avant l'assaut final |
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c'est loin le bas vu d'en-haut |
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et pour finir ce pic de la garde (nom du premier chaos) un peu d'escalade !!! |
Au sommet de ce chaos, le Pic de la Garde, un peu d'escalade effraie les deux gars qui sont avec moi ! En-haut, un des deux va embrasser la statue de la Vierge car il n'est pas tombé. J'aurais dû l'imiter car dans la descente qui suit, je me tords la cheville, la fatigue sûrement. Une coureuse juste devant me dit. "Remonte voir les bénévoles, ils te ramèneront l'arrivée !" Mais elle est pas bien. Il reste dix bornes. Et mes 2100 m+, des 47 km qui ne seraient pas comptés dans les classements. Elle dit n'importe quoi. Je décide de marcher pour m'économiser. C'est chaud, j'ai mal mais ça va aller. Les gars s'échappent. On passe quelques bourbiers et de longs semi-plats à découverts. Je recours un peu jusqu'au troisième ravito mais je pense que lundi j'aurai mal (j'ai eu raison). Un commissaire, au milieu de ses quatre copines bénévoles, met l'ambiance. Je reste un moment, cinq minutes, pour repartir avec quatre coureurs et coureuses qui arrivent derrière moi.
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et derrière le chaos, de la boue, parfois par dessus les chaussures |
On repart en parlant des Hospitaliers. Ils hésitent avec les Templiers. J'espèrent les avoir convaincus qu'il n'y avait pas photo entre les 2. Même parcours, mais convivialité, facilité d'hébergement et tranquillité jouent en faveurs des Hospitaliers.
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premier ravito km18, ça fait du bien |
Le Chaos de Courdeloup est moins haut mais plus long car on le prend en travers. Un groupe de bénévoles nous attend au sommet et nous encourage de la voix. Il reste 5 bornes. Faut pas mollir car j'ai perdu du temps et je sais que Didier a l'endurance avec ses longues épreuves depuis janvier. Je recours donc régulièrement et je reste tonique en côte. Les chronos à l'arrivée me prouveront que j'ai bien fait ! De fait, je rattrape six coureurs dans ce final dont deux dans le pire bourbier du parcours, jusqu'à mi-mollet (!) et deux dans la remontée sur la place du village.
Et voilà Danye, Florence et la ligne. Ouf ! Le temps de reprendre souffle et Didier arrive.
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des tucs, du coca et du fromage et ça repart |
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et déjà le second chaos celui de Courdeloup, un peu moins haut mais comme on doit monter en travers, largement aussi difficile |
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ça grimpe, ça grimpe |
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quel tas de cailloux |
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tiens le couple qui traversait le premier ruisseau avec moi, 35 km avant. Je leur ai vanté les Hospitaliers, ils iront à Nant. |
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le dernier chaos est descendu, plus de vallon raide en vue, il reste 4 bornes tranquilles, presque, pour finir |
Encore une belle aventure. Une longue aventure de plus de sept heures ! Peut-être un peu trop technique pour moi plus à l'aise sur les montées et les descentes alpines que sur ces raidards brutaux et ces passages à 4 pattes sous les arbres. Pour un mec pas souple comme moi, c'était ardu.
A l'arrivée, Didier estime que nous sommes aux alentours de la 150ème place. Il me plombe le moral. Sur 180, c'est pas terrible alors que je pensais avoir quand même bien avancé.
Le lendemain, le classement officiel me rassure, 121 sur 206, ça va je suis satisfait. Place maintenant à la récup' avant le LUT (Lyon Urban trail) dans trois semaines, avec ses 36 km et ses 1800 m+.
Marches et ruelles sont plus dans mes cordes, ça va aller mieux !
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et tout plein de boue, je file vers l'arrivée |
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c'est la fin, ouf ! |
1 commentaire:
très drôle tes allusions sur la cascade ....
Flo --- qui as du faire la queue a la remontée de la cascade tellement il a avait de monde sur sa course
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